Crise du contrat social, crise inflationniste, résilience de l'Etat, Margaret Thatcher, mondialisation, crise de l'Etat-Nation
« La société, ça n'existe pas » - Margaret Thatcher, 1987.
« Le temps se déplaçait. […] Seulement, on ne savait pas où il allait. Puis, on ne pouvait pas distinguer clairement ce qui était en haut de ce qui était en bas, ce qui avançait de ce qui reculait » - Robert Musil, L'Homme sans qualités.
Volonté des hommes durant la Seconde Guerre mondiale de compléter les formes de la démocratie par un engagement social. Mais l'Age d'or qui suit fut pourtant moins collectiviste du fait de deux phénomènes inattendus des années 50 : l'individualisme conservateur et la croissance économique assurée par un capitalisme très encadré. (Contrat social issu de cette double réforme du capitalisme et de la démocratie va rester valide 25 ans)
-> Le Contrat reposait avant sur le double exploit du plein-emploi (qui assure les recettes fiscales nécessaires au financement d'un Etat providence en pleine expansion) et la croissance (amélioration généralisée du niveau de vie)
Mais cette période exceptionnelle de l'histoire européenne prit brusquement fin au début des années 70.
->Sentiment de crise et de malaise s'empara de l'Occident, les tensions entre le travail et le capital refirent surface et les chocs pétroliers révélèrent la vulnérabilité du capitalisme européen aux événements extérieurs.
[...] Les scandales de corruption ont fait chuter la confiance de la population. Cependant, le sentiment d'incertitude relevait en fait beaucoup plus de l'économie et du social que du politique (selon un sondage de des Européens de l'Ouest croyaient fermement en la démocratie comme modèle de gouvernement) L'individualisme croissant réduisait aussi la possibilité de réagir par la mobilisation collective (grandes manifestations devenaient très rares sauf à l'occasion d'événements sportifs ou de festivals pop) La mondialisation et la crise de l'Etat-Nation Malgré les crises des années 70 et son sentiment de vulnérabilité économique, l'Europe occidentale restait l'un des poids lourds de l'économie mondiale. [...]
[...] L'union monétaire : source de graves difficultés. - Elle réduisait fortement les fonctions économiques des gouvernements (et donc l'indépendance nationale) - la sévérité des critères de convergence provoqua des coupes budgétaires inouïes et une aggravation du chômage - Les Etat-nations devenaient des coquilles vides sans prise réelle sur la réalité économique et les problèmes sociaux s'aggravaient (sentiment d'éloignement entre population et gouvernants) > Les clés de la politique économique de presque toute l'Europe occidentale avaient été confiées aux dirigeants de la banque centrale allemande (or la Bundesbank fixait déjà les taux d'intérêt avant l'union monétaire et il n'y avait aucune raison de penser que la politique monétaire au niveau de l'Union serait plus déflationniste que celle des gouvernements nationaux donc pas de réel changement avec l'instauration de l'union monétaire) Les Allemands restaient fixés sur l'inflation, comme principal objectif, mais quelques signes montrent un début de recul de cette obsession dans les autres pays, au milieu des années 90. [...]
[...] Des politiques analogues étaient suivies en Suède et en Autriche avec succès (maintien du chômage à un niveau bien inférieur que celui du Royaume-Uni). La différence s'explique par les traditions des relations du travail caractérisées par la conciliation, la coopération et le compromis. En Autriche les syndicats possèdent des banques et ont intérêt à modérer leurs revendications. Autre voie pour maîtriser les prix : la déflation délibérée avec une politique monétaire rigoureuse dont les Allemands sont les pionniers et qu'ils ont appliqué avec efficacité dès 1973-1974. [...]
[...] Même chose avec la privatisation. Le néolibéralisme était stimulé par la dérèglementation financière, la libéralisation commerciale au sein de l'Union Européenne (qui culmina avec le marché unique en 1992), la nécessité de lutter contre l'endettement public et l'affaiblissement des monopoles d'Etat (intensification de la concurrence internationale) mais les pays du continent ne s'empressèrent pas de suivre la Grande-Bretagne pour ce qui est de la vente des grandes entreprises publiques. La souveraineté nationale l'emporta sur la souveraineté du consommateur prônée par le ministre des finances britannique Geoffrey Howe. [...]
[...] Pour John Vaizey, qui quitta le Parti travailliste pour celui des conservateurs, plus aucun système social-démocrate ne marchera. Le keynésianisme est intellectuellement mort L'expérience thatchérienne Le monétarisme séduisit : intellectuellement, il symbolisait la contre-révolution contre l'orthodoxie keynésienne, le collectivisme allait faire place à la liberté, on allait repousser l'Etat dans les limites modestes qui auraient dû rester les siennes. L'attention du gouvernement et des décideurs se fixa sur l'unique indicateur supposé être la clé du succès économique : la quantité monétaire. [...]
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