Système conservateur, parti libéral démocrate, Japon, capitulation japonaise, fin du pouvoir impérial, démocratie anormale, dictature soft, ère Meiji, Seiyukai, Minseito, parti des élites
La capitulation japonaise du 2 septembre 1945 ouvre la voie à l'imposition par les Etats-Unis d'un nouveau système politique au Japon. La nouvelle constitution, rédigée sous l'égide de Mac Arthur, proclame clairement la fin des structures féodales. La période est effectivement marquée par de multiples réformes telles que le droit de vote pour les femmes, l'établissement de la liberté de presse, la liberté de culte, la fin du pouvoir impérial… Pourtant, pour qualifier le Japon d'après-guerre, Jean-Marie Bouissou n'hésite pas à employer les qualificatifs de « dictature soft » ou encore de « démocratie anormale ».
[...] Quels ont été les mécanismes de monopolisation du pouvoir par ce parti des élites ? Quelles en sont les possibles remises en cause ? Nous verrons que la situation politique japonaise, qui perdure en partie aujourd'hui, est le fait de la greffe non spontanée d'un système démocratique sur des bases traditionnelles qui n'ont absolument pas disparues. Le système de vote, de partis, n'est que la nouvelle forme conventionnelle dans laquelle s'est coulé tout le système de relations interpersonnelles prévalent à l'époque précédente, issu du système féodal. [...]
[...] Jean-Marie Bouissou, sans renier la réalité du renouveau du débat politique au Japon après 1993, propose des interprétations moins optimistes de la transition. Elle avance l'hypothèse que loin d'être en rupture avec le PLD, cette transition serait en réalité contrôlée par ce même parti. Il est vrai que la victoire contre le PLD vient du ralliement par les sécessionnistes du PLD à une motion de censure de l'opposition, puis une coalition avec elle. C'est donc bien une fraction du PLD qui amène la transition. Bouissou y voit une série de tractations politiques avec l'opposition dans l'habituelle optique de conserver le pouvoir. [...]
[...] Il a dû pour cela former une coalition avec son plus grand opposant, le parti socialiste japonais : paradoxal ? Pas tant que cela, nous dit l'auteure. Cela correspondrait à l'étape ultime de la clientélisation de l'opposition, qui abandonne la majorité de ses principes idéologiques pour parvenir au pouvoir. Ce qui a souvent été interprété comme un affaiblissement du PLD pourrait donc être vu comme une absorption de l'opposition et la fin de l'opposition critique au PLD. Il y aurait donc une certaine relève des générations un renouveau politique certain qui ne pouvait être évité au vu de l'évolution des structures sociétales, mais non la fin de l'hégémonie du parti libéral démocrate. [...]
[...] Le verrouillage imposé par le parti de clans dominant depuis 1955 est en partie levé. Le réveil des populations L'évolution des structures sociétales traditionnelles (exode rural, tertiarisation et la réforme politique qui intervient s'allient à un mécontentement de longue date qui s'accentue à la fin des années 1980. Selon un sondage mené par Manichi en 1989 les premiers adjectifs pour qualifier les parlementaires, par ordre décroissant de fréquence étaient les suivants : malhonnêtes retors riches arrogants et vieux Par l'alliance de ces trois facteurs, l'intégration des citoyens dans les réseaux de politiques traditionnels et donc l'adhésion conventionnelle au PLD diminue. [...]
[...] Il ya une culture assez forte de la décentralisation qui donne parfois l'impression que la vraie vie politique ne se déroule pas au niveau national, ce qui réduit d'autant plus la contestation. Les règlements se font même bien souvent en dehors de la politique, en faisant appels à des médiateurs privés, à des comités citoyens . En somme, les citoyens s'adaptent pour régler le problème plutôt que de contester une inactivité, évitant le conflit le plus possible. Le parti libéral démocrate, là encore, fait jouer à plein cette particularité. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture