Dans les démocraties et la vie politique des démocraties, on voit assez régulièrement apparaître des personnages atypiques, qui vont valoriser les écarts de leur personnalité vis-à-vis des acteurs politiques ordinaires. Cette situation renvoie à un fait social et politique : la distorsion entre la représentation politique (acteurs politiques) et la composition de la population. Le monde politique est un monde particulier, avec des traits particuliers, qui ne ressemble pas à la population.
La candidature de Coluche a connu une ampleur assez inégalée et elle a eu de l'importance, car c'était une candidature pour la présidentielle (moment le plus important de la vie politique sous la Ve République). Elle a défié les fondateurs de la Ve République. Coluche n'a été que candidat à la candidature : il n'a pas voulu récolter les parrainages. Ce qui a été atypique chez lui, c'est que dès l'annonce de sa candidature, les sondages ont révélé des intentions de vote assez élevées en sa faveur (novembre 1980 : entre 10 et 12% des voix). Il a pu paraître comme capable de troubler le jeu politique, faire craindre que ce pourcentage de vote empêche un candidat d'être au second tour.
[...] Il avait pris position sur les questions politiques qu'il avait étudiées (représentation politique notamment). Ses travaux avaient souligné la faible représentativité des représentants d'un point de vue de social, et l'écart qu'il y a entre les professionnels de la politique et les profanes Critique scientifique de la relation de représentation entre élus et électeurs. Il n'y a pas ici un antiparlementarisme viscéral comme dans les années 30 et au moment du poujadisme, mais une critique de la représentation. Son travail scientifique rejoignait la position exprimée par COLUCHE, qui prétendait représenter tous ceux qui étaient justement mal représentés, qui ne se retrouvaient pas dans le monde politique professionnel. [...]
[...] La candidature de COLUCHE a connu une ampleur assez inégalée et elle a de l'importance, car c'était une candidature pour la présidentielle (moment le plus important de la vie politique sous la Ve République). Elle a défié les fondateurs de la Ve République Rappels biographiques COLUCHE (Michel COLUCCI), né en 1944, père décédé en 1947, commence à se produire dans des cabarets parisiens à la fin des années 1960, puis au Café de la Gare. Celui-ci, dans l'après 1968, va incarner une alternative au music-hall traditionnel. [...]
[...] La candidature à l'élection présidentielle 1. Une lignée de candidats atypiques Il a bénéficié de soutiens intéressants. Mais il y a eu d'autres candidats atypiques. Le tout premier, Marcel BARBU, maire de Valence, qui se présentait aux Français en accentuant son caractère pittoresque candidat des chiens battus Positionnement politique assez flou, propositions monomaniaques (logement social). Personnage curieux (pleurait à la télévision). C'était un élu local, ancien député, ancien Résistant. C'est quelqu'un qui avait des titres assez classiques dans la vie politique ; 1995 : Jacques CHEMINADE. [...]
[...] Mais du coup, ces succès électoraux provoquent plus de concurrence interne. L'échec de la gauche en 1978 et 1979 laisse à penser qu'il n'y aura pas d'alternance. On ne voit pas comment elle peut l'emporter. La vie politique semble bloquée. On appelait cette situation le quadri bipolaire (division en quatre composantes relativement équilibrées du système politique français, avec une opposition droite/gauche). Trahisons assez nombreuses dans ce contexte. Climat assez délétère, séries de scandales. Octobre 1979 : diamants de BOKASSA (dictateur de Centrafrique, soutenu par la France), suicide de Robert BOULIN (ministre du Travail, gaulliste, retrouvé suicidé dans des positions étranges) qui était pressenti pour remplacer R. [...]
[...] On s'investit moins dans les partis politiques, on s'implique moins. Désintérêt pour les partis et leurs leaders La dégradation de l'image des acteurs politiques Nombreuses enquêtes qui montrent que la défiance envers les dirigeants s'accroît ; il y a des jugements fréquents sur leur malhonnêteté (scandales divers) La montée de la participation non conventionnelle Il s'agit ici de désigner des pratiques comme la participation à une manifestation, la signature d'une pétition, la participation à des associations à buts spécifiques (opposition à un projet d'aménagement, défense des sans-papiers, action en faveur des droits des pères divorcés, etc.) dont l'importance croissante est à opposer au déclin de la participation électorale, ainsi qu'à celui des organisations politiques traditionnelles ayant des objectifs plus globaux (partis, syndicats). [...]
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