L’avènement de la République française

Thèmes abordés

Institutions républicaines légalisées, Chambre des députés, héritage des Lumières, libéraux, démocrates, Carmagnole, l'Internationale

Résumé du document

La République qu'on célèbre et qui se célèbre lors de l'enterrement de Hugo au Panthéon en 1885 s'est imposée par étapes, sans idéologie imposée ni corpus doctrinal. L'implicite, le symbolique, le légal, le laïque, donc du culturel furent préférés à la préséance étatique du politique pur, car il s'agit d'assurer la promotion raisonnée du plus grand nombre.
Les principes de 1789 avaient été mis en forme juridique après la conquête des institutions. Des lois matricielles fixent le seul corps de doctrine que les républicains souhaitent imposer : le cadre légal d'un plein exercice des libertés.

Extraits

[...] Ces maisons communes abritèrent la mémoire locale, les registres d'état civil entre autres, mais elles acclimatèrent la loi et la fête républicaine (banquets, bibliothèques, recensions des électeurs Que le maire ou le conseil soient réactionnaires n'a pas fait obstacle. Toute la signification symbolique de l'architecture municipale, du décor et du mobilier urbain fut républicanisée de proche en proche, dans une rivalité de canton, si ce n'est dans le grand Ouest blanc Des milliers de statues furent édifiées. Presque rien ne vint d'en haut, mais fut fonction de la lueur démocratique de la commune. [...]

[...] Les enfants apprennent en parcourant. L'espace, le temps le savoir, l'avenir, tout est affectif, mais Mona Ozouf dit que le secret de ce Tour de France fut de révéler la vraie Bonne Nouvelle de l'école : Apprendre, c'est vivre. Mieux, survivre. A mêler les leçons de la vie et celles des livres, on gagne à ne jamais désapprendre Dieu lui-même recule devant de telles évidences : il disparaît à partir de l'édition de 1906. Mais les instituteurs, plein de sagesse républicaine qui pressentait que la démocratie devait être une conquête permanente, ne lui ont substitué aucun culte. [...]

[...] Ainsi furent inscrits avec prudence dans les programmes en 1882 des devoirs envers Dieu Les manuels en compétition vont du spiritualisme déconfessionnalisé à l'émancipation carrément anticléricale sans trouver de vraie neutralité, mais comme le dit Jaurès il n'y a que le néant qui soit neutre La lecture par Jean Baubérot en 1997 de cahiers d'élèves a montré que cet enseignement a dépassé le recopiage fade de sentences. Les écoliers restent des enfants naviguant à l'aise entre raison et tendresse, et leurs cahiers sont loin du manuel abstrait (culte de l'amitié, dénonciation de l'oisiveté, examen de conscience etc.). L'amour de la patrie devint le prolongement naturel de cette imprégnation morale. Même s'il fut disputé (internationalisme, antimilitarisme il demeura intact. Son meilleur manuel fut le Tour de France par deux enfants de G. Bruno. [...]

[...] D'autres exercices, de rendement inégal à cause de l'univers culturel des maîtres et des élèves ont aussi été enseignés : un peu de sciences naturelles, de sciences physiques, d'agronomie, de travaux manuels, et aussi un peu de danse, musique, gymnastique. En revanche, l'histoire, la géographie, l'instruction civique et la morale sont l'objet d'un enseignement quotidien. La géographie, revue par Vidal de la Blache, exalte l'hexagone régulier de la France, et la détermination à le défendre. Les taches roses des planisphères signalent son effort exploratoire aux colonies. [...]

[...] Libre à ses meilleurs propagandistes de l'ériger en une autre religion. L'école primaire, lieu de diffusion privilégié de l'Instruction est donc tenu pour un lieu de raison qui ignore les faiblesses de l'enfant et les contraintes de son milieu, en raison de l'ambition, fille de 1789, de transmettre la sagesse du genre humain (Ferry, lettre aux instituteurs du 27 novembre 1883), l'opposé d'un lieu de vie L'Ecole ne doit être que le sanctuaire de la République Le meilleur effort porté sur l'enseignement primaire fut un objet d'évocations attendries et fut si probant qu'il imprégna profondément la culture générale des Français. [...]