Le jeudi 7 décembre, le magazine Politis s'interroge sur la vision qu'a Hugo Chavez à l'égard des Etats-Unis. L'article souligne une déclaration fait par Chavez peu de jours avant où il disait: « Le Venezuela ne sera jamais une colonie américaine ». Et plus loin le journaliste écrit: « Est- ce l'antiaméricanisme d'Hugo Chavez qui choque les consciences? », par là même il ouvre un débat actuel très polémique qui est celui à propos de l'antiaméricanisme.
Le terme antiaméricanisme est composé de deux mots: le premier signifie « contre » tandis que le second pose davantage problème car il se définit plus difficilement et renvoie à une réalité abstraite. L'américanisme désigne aux Etats-Unis, à la fin du 19e, un ensemble de valeurs jugées constitutives de l'identité nationale, ainsi que l'attitude de ceux qui les adoptent et s'efforcent de conformer leur identité personnelle à cet idéal national. Marie-France Toinet dans « L'antiaméricanisme existe-il? » définit l'américanisme comme « les vertus de courage, d'honneur, de justice, de vérité, de sincérité et de force qui ont fait l'Amérique ». On note un coté moral à cette notion qui est complémentaire à la définition tautologique de l'American way of life. Logiquement l'antiaméricanisme serait une position qui viendrait à l'encontre de ces définitions et qui serait contre cet ensemble de valeurs nationales américaines. L'intention de ce concept semble claire: elle vise une position dédaigneuse mais le contenu reste tout de même vague. Aujourd'hui, il fait partie du langage de politique internationale et est souvent utilisé pour décrire une position méfiante ou hostile à l'égard des Etats-Unis, de leur société, de leur histoire, de leur culture ou de leur peuple.
[...] Envie car les Etats Unis demeurent une hyperpuissance en tentant d'imposer se valeurs universellement. DE cette dichotomie ressort un discours hybride, incohérent, paradoxal de la part des anti-américains. On reproche aux Etats Unis tout et son contraire. Washington est tour à tour reproché d'isolationnisme et d'impérialisme; On peut choisir deux exemples : l'intervention américaine dans les Balkans au cours des années 1990. Il faut, pour faire cesser ou diminuer les massacres, que les Etats- Unis se chargent de l'opération, successivement en Bosnie, au Kosovo et en Macédoine. [...]
[...] D'une part, la position emblématisée par Sartre qui est celle d'un rejet global de la culture américaine, d'autre part existe la contre culture américaine. Si l'on revient à Sartre, on comprend que la culture américaine est vue comme une menace pour la culture française. En effet, Sartre constate une inégalité devenue irrémédiable entre la France et l'Amérique. La France ne fait plus le poids face à ce déséquilibre. Alors il faut répondre par le retrait et une abstention. C'est ce calcul qui fait de Sartre un anti- américanisme systématique. Pour Sartre, il faut refuser le contact avec l'Amérique. [...]
[...] L'anti-américanisme se distingue de l'idéologie de par ses fonctions. En effet on peut assigner à l'idéologie Cinq fonctions et nous allons voir lesquelles peuvent se légitimer face à l'anti-américanisme et lesquelles sont en total discordance. La première fonction est fonction dite de reconnaissance drapeau, hymne, couleur, slogan . de ralliement, de rapprochement (partage des mêmes symboles identitaires permettant de se reconnaître, de se distinguer). Certes le slogan de l'American way of life existe, cependant il n'existe pas vraiment de par rapport aux anti-américains et ceux ci sont divisés comme on l'a vu pour le cas de la France. [...]
[...] Par rapport aux médias, lorsqu'on aborde l'anti-américanisme, on parle souvent de désinformation de la population. Nicolas Lecaussin, dans Cet Etat qui tue la France publié aux éditions Plon en 2005, lie justement le phénomène à ce qu'il appelle une désinformation étatique p Pour lui il s'agit d'un leitmotiv des médias et des politiques; Cependant, il nous montre en quoi il y a là un paradoxe. En effet, il existe une désinformation ambiante mais l'information sur les Etats Unis est disponible (avec Internet, dans les bibliothèques . [...]
[...] Le discours anti-américain peut se rapprocher d'un discours idéologique si l'on s'attache à une définition péjorative et assez vague. Pourtant, l'anti-américanisme, même s'il a changé de forme tout au long de l'histoire, reste un phénomène réel et identifiable. Et même si à la suite du 11 septembre on aurait pu penser que le nous sommes tous des Américains du directeur du monde Colombani aurait pu annoncer un apaisement de l'anti-américanisme, il demeure toujours dans les esprits. En effet, entre 2002 et 2003, des réactions de masse contre l'intervention des Etats-Unis en Irak se sont produites dans différentes villes à travers le monde. [...]
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