Ambivalences de l'Action française, mouvement royaliste, IIIe République, révolution industrielle, fascisme, panamisme, Maurice Pujot, Henri Vaugeois, idées contre-révolutionnaires, Charles Maurras, Georges Valois
L'Action française est le mouvement royaliste le mieux structuré qu'ait connu la Troisième République. Ses idées antirépublicaines et antidémocratiques sont si tôt fixées que le mouvement ne disparaîtra qu'avec la Seconde Guerre mondiale ; c'est dans la tradition contre révolutionnaire que puise le mouvement de Maurras (I). Mais pour autant qu'elle soit royaliste, l'Action française ne nourrit pas le rêve de restaurer l'Ancien Régime : elle est sensible au climat et aux revendications de la nouvelle ère industrielle de la fin du XIXe siècle ; par bien des côtés, elle préfigure cette alliance nouvelle entre nationalisme et "socialisme" qui sera le propre des mouvements fascistes (II).
[...] La souveraineté du peuple est donc une idée exécrée par l'Action française. C'est la nation seule qui est le fondement de la politique ; car là où le peuple (c'est-à-dire des individus sans cohérences entre eux) est un artifice, la nation, elle, est une réalité : elle est le naturalisme politique. Dans son Enquête sur la monarchie française, Maurras synthétise cette doctrine : « Remplaçons « peuple français » par « nation française » ou par « patrie française », « patrie » signifiant le territoire où les aïeux ont vécu, « nation » le mouvement de la race, dans le passé et l'avenir, autant que dans l'instant Immédiatement, tout change d'aspect, de valeur et de sens. [...]
[...] Il faut, en d'autres termes, que ce réveil de la Force et du Sang contre l'Or s'achève par la déroute définitive de la Ploutocratie ». L'idée de décadence de la civilisation est en effet très amplifiée par Valois et Berth, selon une thématique qui sera le propre du fascisme des années 1930. Cette décadence des valeurs touche tous les domaines. En matière économique, c'est le culte effréné de l'argent et la déshumanisation du travail qui en résulte : la recherche du profit aboutissant à la grande entreprise où les ouvriers sont traités comme du bétail. [...]
[...] En 1909, Georges Valois publie le résultat et l'analyse de son enquête dans un ouvrage intitulé La Monarchie et la Classe ouvrière. Il y constate « une grande désaffection de la République dans la population ouvrière ». Le syndicalisme antidémocratique ne peut que satisfaire Valois et l'Action française, qui ne combattent pas l'idée de « classe ouvrière » ; au contraire l'idée de classe ouvrière est pour les royalistes le retour à une forme d'anti-individualisme qu'il faut favoriser, car il sape dans ses fondements l'idéal démocratique : « A tous égards, nous regardons l'esprit de classe comme un excellent phénomène, qui détruit complètement l'état d'esprit démocratique ». [...]
[...] C'est en décembre 1911 que le Cercle est fondé grâce aux encouragements de Maurras, et trouve son relais grâce à une revue, les Cahiers du Cercle Proudhon. Le mouvement préfasciste est essentiellement organisé par deux hommes : Valois qui sera authentiquement fasciste et Edouard Berth qui rejoindra le communisme dans les années 20. Le Cercle se place sous le patronage de deux « maîtres » ; d'une part Proudhon, d'autre part Georges Sorel. Il ne faut pas s'étonner de retrouver le socialiste Proudhon comme porte-drapeau d'un national-socialisme à tendance royaliste. [...]
[...] Il peut tout attendre de moi. Je l'utiliserai ». En définitive Maurras rejette ce cas de Robinson, « cas trop particulier pour qu'on en fasse le point de départ d'une théorie de la société ; la grande faute des systèmes parus au XVIIIe siècle a été de raisonner sur des cas pareils ». Car il va de soi pour Maurras que seul le modèle spontané et réel, c'est-à-dire observable, vaut comme modèle politique : ainsi peut-on tout bâtir sur le modèle de la famille traditionnelle, cellule de base de la société anti- individualiste : « Nous savons que, pour rendre compte du mécanisme social, il le faut observer dans son élément primitif et qui a toujours été : la famille ». [...]
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