Vers un nouvel ordre du monde, Gérard Chaliand, traité, géopolitique mondiale, 2014, Europe, Japon, Etats-Unis, Inde, Brésil, Turquie, Russie, bloc soviétique, Chine
Analyse d'un traité de géopolitique de 2014.
Le livre décrit le basculement de l'ordre du monde vers l'Asie, qui entame une réémergence après une hégémonie occidentale dont la pérennité n'était que fictionnelle. Le déclin de l'Occident n'est certes que relatif, mais est enclenché. La crise actuelle n'a pas seulement pour origine la hausse des prix des hydrocarbures ou les excès de la dérégulation américaine, ou encore l'endettement que tous les pays industrialisés ont contracté en continuant de mener un train dont ils n'avaient plus les moyens. Elle vient du retour de ceux qui s'étaient laissés distancer par les avancées de l'Occident à partir du 18ème siècle. L'Asie reprend la place qui lui est due par son histoire et son poids.
[...] La Turquie, nouveau pivot géopolitique Héritière de l'Empire Ottoman, qui connut une exceptionnelle grandeur du milieu du XVème siècle à la fin du XVIème, la Turquie a connu avec Mustapha Kemal son indépendance et une modernisation rapide : le Code civil suisse remplace la charia (1926), l'alphabet latin est imposé (1928), le droit de vote et d'éligibilité est accordé aux femmes dès 1934 (onze ans avant la France), la laïcité est instaurée. C'est une « césarienne culturelle », directement empruntée aux Européens. La population avoisine les 80 millions d'habitants. La Turquie est désormais un Etat semi-démocratique à tradition despotique (il y a davantage de journalistes incarcérés en Turquie qu'en Chine selonThe Economist). [...]
[...] La guerre contre le terrorisme ne pourra jamais être remportée. La crise financière et économique a frappé au moment même où la Chine passait au second rang des puissances du monde, obligeant lesEtats-Unis à réorienter leur stratégie vers l'Asie-Pacifique (la politique du «pivot asiatique », enclenchée par l'administration Obama, rendue possible grâce à un certain désengagement américain au Moyen-Orient). De la crise asiatique aux Etats « émergents » La contribution des BRIICS (Brésil, Russie, Inde, Indonésie, Chine, Afrique du Sud), largement dominée par le poids de la Chine, se situe autour de en parts de production mondiale. [...]
[...] Mais cela a développé l'industrie en sacrifiant l'agriculture. Les inégalités se diversifient et s'accentuent : la structure foncière (concentrée par des grandes propriétés), les inégalités sociales déjà fortes se creusent, et freinent l'expansion de la consommation. Le Brésil est «une Suisse, un Pakistan et un Far West» selon Hervé Théry. C'est donc une société à deux vitesses, dont la fracture apparaît dans le double visage de l'agriculture brésilienne, partagée entre les grands groupes compétitifs et l'agriculture familiale qui peine à se faire une place. [...]
[...] Deux mondes face à face : quel avenir ? Les dirigeants chinois ont toujours montré une grande impatience dans la course au développement en vue d'accéder à la modernité. Mao Zedong lui-même avait lancé son payset son peuple dans des raccourcis tout aussi audacieux que suicidaires (le « Grand bond en avant »). Les plus récents succès économiques ont été réalisés au prix d'impasses qu'il faudra un jour payer, notamment en matière d'environnement. La croissance très rapide s'est opérée au prix de déséquilibres sociaux très déstabilisants. [...]
[...] La France, les Pays-Bas et la couronne anglaise vont entrer dans la course, en partant à la conquête de nouveaux territoires et en créant chacun une « Compagnie des Indes orientales » à l'instar des pionniers anglais. La thalassocratie britannique finit pars'imposer sur les mers et les terres, marquant le début de son hégémonie à travers un empire colonial « où jamais le soleil ne se couche ». Les Portugais cèdent peu à peu desterritoires colonisés à l'Empire territorial que l'Angleterre se taille en Asie du Sud, après que l'Empire moghol ait fini par s'écrouler. [...]
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