Michel Debré, Trois Républiques pour une France, scrutin proportionnel, scrutin majoritaire, élection, général de Gaulle
Dans cet extrait du deuxième tome de ses mémoires "Trois Républiques pour une France", paru en 1988, l'ancien Premier ministre revient sur les raisons derrière ce choix de nouvelles règles du jeu électoral pour le pays. La thèse qu'il défend est que les partisans du scrutin proportionnel ont tort de se réclamer de l'idée de justice et que seul le scrutin majoritaire est à même de l'apporter. En effet, pour lui, ce dernier a l'avantage d'offrir un mécanisme de rassemblement et de stabilité pour faire vivre pleinement la démocratie, là où la proportionnelle conduit au contraire à l'injustice et à l'instabilité politique.
[...] Le scrutin majoritaire, malgré ses critiques traditionnelles qu'il rejette, apparaît pour lui comme le meilleur des processus. La critique excessive de la proportionnelle Le scrutin majoritaire comme gage de stabilité et de sincérité stabilité Là où la proportionnelle divisait, le scrutin majoritaire pour Debré rassemble pour gouverner : une majorité qui exprime un rassemblement d'électeurs au-dessus de leur particularisme . Il permet aussi d'éviter les extrêmes politiques, qui ont déstabilisé l'Europe au XXème siècle ( depuis la Première guerre mondiale pour Debré le scrutin proportionnel a eu des conséquences néfastes , qu'aurait évité le scrutin majoritaire). [...]
[...] Lorsqu'il est majoritaire à deux tours, ce sont les deux candidats arrivés en tête qui s'affrontent à l'occasion d'un second tour, processus qui traditionnellement prive les petits partis de représentation. Le scrutin proportionnel désigne quant à lui le processus à l'issue duquel les sièges à pourvoir sont répartis en fonction du nombre de voix recueillies, ce qui favorise davantage les petites formations. Le choix des modes de scrutin n'est pas neutre, puisque celui-ci a un impact sur le résultat final d'une élection. C'est notamment pour cela que Michel Debré, soucieux d'offrir au gouvernement une majorité stable, rejette le scrutin proportionnel. [...]
[...] Dans quelle mesure Michel Debré rejette-t-il les critiques traditionnelles à l'encontre du scrutin majoritaire ? Pour répondre à cette question, il convient de s'intéresser dans un premier temps à la critique du scrutin proportionnel réalisée par Michel Debré, avant d'étudier ses raisons qui rendent pour lui le scrutin majoritaire nécessaire. La critique justifiée du scrutin proportionnel Les avantages supposés du scrutin proportionnel Avec la phrase la proportionnelle se réclame d'une idée de justice dès la première ligne, Michel Debré rappelle que les opposants au scrutin majoritaire reprochent au scrutin majoritaire son manque de justice. [...]
[...] Une vision idéalisée du scrutin majoritaire Si Michel Debré rejette les critiques traditionnelles du scrutin majoritaire, sa position mérite d'être nuancée. Ainsi : Des pays politiquement très stables ont un scrutin proportionnel. Quoi qu'en dise Debré, le scrutin majoritaire n'empêche pas les accords de parti (ainsi, le MODEM, parti de Bayrou a aujourd'hui 42 députés, ce qui est loin de son réel poids électoral, grâce à̀ un accord partisan avec Emmanuel Macron en 2017, quand Jean-Luc Mélenchon, qui avait fait presque 20% au premier tour de la présidentielle n'a lui que 17 députés). [...]
[...] A l'époque où Michel Debré rédige ses mémoires, la vie politique n'était pas la même, et le scrutin proportionnel pouvait donner l'impression d'avoir, par l'instabilité de la Quatrième République, conduit à̀ la crise de la guerre d'Algérie. Depuis, après plusieurs décennies de scrutin majoritaire, l'abstention, la radicalisation des débats ou plus récemment le désir de davantage de démocratie directe et de représentation durant le mouvement des Gilets Jaunes ont réveillé les débats sur les modes de scrutin. Le scrutin majoritaire que défendait Debré aurait-il fait son temps ? [...]
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