Travail fut le dernier roman publié du vivant d'Emile Zola, immédiatement salué par la gauche, et notamment par Jaurès qui déclara alors : « La révolution sociale a enfin trouvé son poète ». Ainsi, on peut parler d'une œuvre socialiste dans la mesure où le problème social est bel et bien placé au centre de la réflexion de Zola, mais cette position mérite aussi d'être nuancée. Il s'agit ainsi de montrer dans quelle mesure l'œuvre constitue une véritable ode au travail, célébré à travers l'espoir que représente la pensée socialiste. Et comment il envisage une solution idéale au problème social par la réorganisation de la société en profondeur, tant sur les plans économiques et politiques, que sur le plan humain. Les idéaux socialistes sont incarnés par le personnage de Luc, jeune bourgeois gonflé d'espoir et de projets à la suite de sa lecture de la thèse fouriériste, qui va se lancer dans l'entreprise de la réalisation d'une « phalange » fouriériste dans la ville de Beauclair : la Crêcherie, Cité du travail réorganisé.
[...] Ainsi, Travail fait état de l'extraordinaire essor industriel de la fin du 19ème siècle, à travers les Aciéries Quirignon qui se situent dans la ville de Beauclair. Cette apogée de la sidérurgie (production de rails, d'obus, de canons) est révélatrice de l'entrée dans le second processus industriel. Le complexe usinier au nom évocateur : « l'Abîme », est également désigné comme « le monstre ». Dès le départ, l'usine apparait dominer l'ensemble de l'activité économique de la région, avec des répercussions directes sur les petites fabriques dont l'approvisionnement en dépend entièrement ou encore sur les commerçants. [...]
[...] Travail, Zola : une œuvre socialiste ? Travail fut le dernier roman publié du vivant d'Emile Zola, immédiatement salué par la gauche, et notamment par Jaurès qui déclara alors : « La révolution sociale a enfin trouvé son poète ». Ainsi on peut parler d'une œuvre socialiste dans la mesure où le problème social est bel et bien placé au centre de la réflexion de Zola, mais cette position mérite aussi d'être nuancée. Il s'agit ainsi de montrer dans quelle mesure l'œuvre constitue une véritable ode au travail, célébré à travers l'espoir que représente la pensée socialiste. [...]
[...] La Cité est coupée de la Nation et de l'Etat. L'Eglise est désertée, attestant une crise de la religion catholique qui découle des progrès de la science et de la libre réflexion, sources de l'émancipation de la condition humaine. Le roman de Zola dresse donc le portrait d'une société capitaliste et bourgeoise inégalitaire, qui repose sur le salariat, responsable du déshonneur qui touche le soutenue par le gouvernement, l'administration, la magistrature, l'armée et le clergé, mais une société agonisante avec l'espoir de jours meilleurs. [...]
[...] Le triomphe des idées socialistes dans le monde paysan qui est pourtant très attaché à la tradition et se montre réticent face à la nouveauté est révélateur d'un succès total. Le travail est donc réorganisé selon la justice et la pauvreté disparait grâce à une meilleure répartition des richesses. Tous les habitants de la Crêcherie connaissent la paix, l'abondance, et la prospérité : il n'est plus nécessaire de lutter pour l'existence. Améliorations entièrement corrélatives aux progrès de la science L'ensemble de l'œuvre atteste du développement de la mécanisation par le progrès technique. [...]
[...] C'est ainsi que se met en place une société fondée sur les vertus de la solidarité et de l'amour. Un véritable travail sur l'homme en tant que tel indispensable à la transformation de la société : le roman évoque une « religion de l'humanité ». Il faut voir ici un certain dépassement du pur socialisme dans une forme de socialisme utopique (foi en l'homme et dans le progrès de la technique). Le travail et la vie en communauté se déroulent dans l'harmonie la plus absolue, la communauté productrice devient une « grande famille ». [...]
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