L'article 1er du Concordat Italien de 1984 stipule que l'Église et l'État agissent en tant «qu'indépendants et souverains, chacun dans son ordre ». Régissant, dans leur extension maximale, la vie publique et la vie privée, le légal et le moral, il n'est que peu difficile de voir apparaître entre État et religion de potentiels conflits de souveraineté.
Par État, nous entendrons l'organisme qui constitue la structure institutionnelle, politique et juridique de la communauté nationale, et nous étudierons donc la législation et le pouvoir qui émane de lui. Pour ce qui est du terme de « religion », le sujet nous invite à envisager le fait religieux de façon large, c'est-à-dire à ne pas s'arrêter aux relations de droit qui s'établissent entre ces deux institutions.
Rappelons donc qu'une religion renvoie à la fois à un clergé -des institutions qui forment un réseau sur un territoire (pouvant être partie ou tout du territoire étatique)-, une communauté de croyants –dont l'ancrage n'est pas nécessairement limité au territoire de l'Etat-, une croyance, des dogmes ainsi qu'un ensemble de rites et de pratiques –pouvant être publiques ou privés.
L'historien René Rémond retient en effet quatre critères : profession d'une croyance à un Dieu personnel, proposition d'une voie de salut aux personnes, enseignement d'une dogmatique, et naissance de communautés stables organisées en institutions. Au regard de ces définitions, la question de l'étanchéité de la séparation entre sphère temporelle et sphère spirituelle se pose.
[...] Transition En somme, le modèle français, par les difficultés qu'il a rencontrées lors de son établissement et la stricte séparation qu'il impose, constitue une certaine exception à l'échelle européenne. D'autres modèles de cohabitation entre Etat sécularisé et Eglise existent. C. Diversité des Etats sécularisés 4 grands types d'organisation La séparation totale entre Eglise et Etat est rare. La France en est le meilleur exemple car l'établissement de ce système donna lieu à de nombreuses polémiques et controverses et continue d'alimenter les débats. On peut cependant noter la similarité existant entre le système français et le système hollandais. [...]
[...] De l'Etat légitimé et gouverné par les commandements religieux, la modernité européenne fonde en pratique l'Etat confessionnel, puis laïc, à mesure que décroît l'emprise de la religion sur les sociétés. En effet, le pouvoir temporel des Eglises était largement fonction de leur collaboration avec les Etats, et de l'obligation pour les sujets d'un Etat de professer la religion de son prince. Dès lors que la croyance religieuse commune s'effrite, il incombe à l'Etat d'inculquer à tous les citoyens, des raisons d'être ensemble, qui conduisent à une solidarité aussi forte que celle du type de la métaphore corporelle. [...]
[...] Ce qui affirme donc à la fois un droit : la liberté de conscience, et un devoir : le respect de l'ordre public. La Révolution française tente alors d'imposer la tutelle de l'État à l'Église par la Constitution civile du clergé proclamée le 12 juillet 1790. L'Assemblée avait déjà commencé à intervenir au sein de l'Église de France : les biens du clergé étaient confisqués et les religieux amenés à quitter leurs couvents. Si le besoin d'argent est la raison conjoncturelle de cette disposition, la volonté de mettre l'Église sous tutelle de l'État est bien réelle, c'est pourquoi les vœux monastiques sont interdits car considérés comme contraires aux droits de l'Homme, et les congrégations sont supprimées le 13 février 1790. [...]
[...] Il y a une instrumentalisation de la religion qui s'opère au niveau étatique. Le cas français: le gallicanisme royal C'est une doctrine politico-religieuse qui concerne l'organisation de l'Eglise Catholique française. -->Conception dans laquelle cette Eglise se veut autonome et affirme son particularisme vis-à-vis de la papauté et rejette une ingérence excessive du Pape dans les affaires religieuses en France. Bien que la primauté spirituelle du Pape soit toujours admise, son pouvoir temporel doit être limité. Plus prosaïquement, le souverain français affirme sa volonté de pouvoir nommer lui-même les hauts dignitaires religieux comme les évêques, de pouvoir organiser des Conciles. [...]
[...] Au regard de ces définitions, la question de l'étanchéité de la séparation entre sphère temporelle et sphère spirituelle se pose. C'est en s'inspirant de la parole du Christ que St Augustin, au Ve siècle, pose la distinction entre ordre spirituel et ordre temporel. Il sépare alors la cité de Dieu - domaine de la foi et de la vie spirituelle dans lequel la fin supérieure du salut de l'âme est poursuivie- de la cité des hommes - lieu dans lequel la vie humaine se réalise, dans le péché, la haine et les passions. [...]
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