Les statistiques ethniques c'est possible, François Héran, recensement, nationalité, citoyenneté, légitimité
Le 19 Octobre 2006 se déroulait à Paris Le colloque “statistiques ethniques”, organisé par le Centre d'analyse stratégique (CAS) dirigé par le Premier ministre Dominique de Villepin. La question de l'ethnie dans le recensement est donc remise en question aujourd'hui par ce colloque. En effet depuis le début de la République française la question du recensement ethnique est repoussée au nom du principe républicain du respect de la vie privée. C'est donc à l'approche de ce colloque que François Héran, directeur de l'institut national d'études démographiques (INED) rédige son article dans Le Monde. Pour lui il faut d'abord faire la distinction entre les statistiques tirées d'enquêtes pour les administrations et entreprises nominatives et les enquêtes des instituts tels que l'INSEE et l'INED anonymisés. En effet lorsque les firmes et administrations réalisent des enquêtes nominatives c'est dans le but d'établir fichiers de gestion, tandis que les statisticiens et démographes s'intéressent à des données anonymisées à des fins scientifiques. Les statistiques ethniques ne doivent pas être utilisées pour vendre des produits mais selon monsieur Héran les statistiques des démographes peuvent permettre de mieux identifier les sources de discrimination pour y remédier.
[...] Un des arguments avancés contre ce recensement est la peur du “fichage ethnique”. La peur donc de renforcer la discrimination entre les groupes ethniques en France. Ce principe serait contre le principe républicain de respect de la vie privée et d'égalité entre tous les citoyens. Les personnes les plus hostiles à ce recensement étant les personnes issues de l'immigration. Un autre argument avancé est la peur du communautarisme ; le modèle républicain français repose sur l'individu et non sur le groupe. [...]
[...] Voyons la situation des autres Etats qui autorisent cette pratique pour se faire une meilleure idée de la légitimité de ces statistiques. III- Les comparaisons internationales Nous pouvons maintenant nous interroger sur la nécessité des statistiques ethniques à l'aide des comparaisons internationales. De nombreuses raisons peuvent empêcher ce recensement ethnique. En effet en France le recensement ethnique est interdit pour des raisons relatives au respect de la vie privée. En Espagne c'est la Constitution qui interdit le recensement, en Belgique c'est la loi , enfin en Allemagne des raisons politiques empêchent cette pratique. [...]
[...] La limite entre nationalité et ethnicité reste cependant subtile en ce qui concerne les résultats des statistiques ethniques. II- Des statistiques aux limites de la statistique ethnique. En effet dans les statistiques des instituts de nombreuses données sur les origines sont déjà présentes. Dans l'enquête famille de 1999 par exemple, on peut lire que la population d'immigrés s'élève à dont d'algériens; 12,1% de marocains de tunisiens . On sait donc de façon précise d'où vient la population d'origine étrangère. Des données sur la seconde génération d'immigrés sont également présentes dans ces enquêtes. [...]
[...] Les 4 catégories prisent en compte sont : les blancs non hispaniques, les noirs, les asiatiques et les hispaniques de toutes origines. Ces données nous apprennent par exemple que de blancs vivent sous le seuil de pauvreté contre 24% pour les noirs pour les asiatiques et 20% pour les hispaniques. On apprend également que 14% des blancs n'ont pas d'assurance maladie, contre 30% des hispaniques des asiatiques et 19% des noirs. Les inégalités par races sont donc montrées du doigt clairement. [...]
[...] De plus dans certains pays ces statistiques ethniques sont utilisées à l'encontre des minorités ethniques. Prenons l'exemple de la Hongrie, ici les Roms et tziganes sont une minorité ethnique à part. Cette classification permet d'amplifier les inégalités plutôt que de les réduire. Bien que cette analyse soit succincte, il faut faire attention à ces statistiques qui sont facilement détournables. Le recensement ethnique permet de mieux mettre en avant les inégalités et discriminations cependant elles ne semblent pas en mesure de réduire ces inégalités; les scientifiques ne peuvent pas avoir d'impact direct sur les discriminations. [...]
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