Dans ce texte "Les risques collectifs sous le regard des sciences du politique; nouveaux chantiers, vieilles questions", Yannick Barthe et Cyril Lemieux vont montrer les évolutions, du point de vue des politiques publiques, qui touchent la société et par conséquent l'Etat lui-même. En partant de ce constat, les auteurs ouvrent la voie à de nouveaux chantiers de réflexion sur des thèmes classiques.
Avant tout, il nous faut comprendre la notion de risques collectifs. On peut parler d' « investissement de forme » (quand plusieurs acteurs provenant d'institutions concurrentes ou non s'accordent sur des paramètres pertinents, des domaines de validité, des règles d'intervention et des répartitions de tâches pour établir l'évidence d'un problème public).
La notion de risque dépend beaucoup des investissements dont elle fait l'objet (par conséquent, il ne faut pas considérer les risques collectifs d'un côté et les institutions chargées de les gérer de l'autre). Cette approche d'une altérité a été longtemps dominante dans l'analyse des risques. Dans celle-ci, le risque était alors « un aléa anticipable » que seuls des acteurs désignés comme étant légitimes pouvaient traiter. Cette approche encourageait un discours de la maîtrise.
[...] On a ainsi une transformation des technologies de contrôle de l'état. Néanmoins, l'intégration des profanes et de leurs exigences de sécurité dans le jeu de la décision politico-administrative et les processus d'expertise ne signifie pas la fin de certains rapports de dominations politiques ou sociaux. Ce texte d'apparence assez difficile est assez intéressant par sa volonté de poser de nouvelles questions à travers la notion de risques collectifs. Ce texte permet ainsi d'ouvrir la question de la régulation, et de traiter du rôle de l'état dans un monde globalisé et ouvert. [...]
[...] Le droit à la sécurité est ce qui justifie la monopolisation de la violence. Au niveau pratique, cette exigence sécuritaire correspond au développement de technologies et de procédures de surveillance, de maintien de l'ordre Aujourd'hui encore, l'exigence de sécurité des personnes est toujours la référence fondatrice des interventions préventives, répressives ou réparatrices de l'état. Cette dimension du pouvoir étatique tend à faire de chaque catastrophe ou situation de crise une occasion de remettre en cause la légitimité de l'état et de ces agents aussi bien qu'une occasion pour eux de justifier en retour le pouvoir exorbitant et les mesures qui s'imposent même les plus autoritaires. [...]
[...] : des sinistrés de l'incendie d'un cinéma en 1947 ou les populations près d'un site nucléaire) Une seconde manière d'aborder la question de la production de visibilités publiques relatives aux risques et aux victimes potentielles est d'analyser les échecs et les succès de certains mouvements. Ce domaine des risques collectifs apparaît comme l'un des principaux espaces de régénération des répertoires de l'action collective. On peut prendre l'exemple de techniques de boycottage, les commandos médiatiques, la pratique du zapping (harcèlement des employés par téléphone et fax) ou encore la publication dans les journaux de lettres ouvertes. [...]
[...] Ainsi, on se donne les moyens de décrire les phénomènes proprement politiques à travers les relations entre experts et profanes. Une approche classique de ces relations consiste à faire de l'acte d'expertise professionnelle un aspect de la domination politique et sociale. Il s'agit dès lors de voir quels sont les modes de légitimation qui permettent aux professionnels de se distinguer des amateurs, par l'intermédiaire des grands corps de l'Etat. Mais cette approche classique n'est plus pertinente aujourd'hui. En effet, les pouvoirs publics ont multiplié les expériences dites d'évaluation sociale et politique des technologies (auditions publiques par l'office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques, conférence de citoyens par rapport aux OGM, le nucléaire L'objectif des administrateurs et des techniciens n'est pas d'imposer leur point de vue, mais bien de trouver un consensus pour un climat d'acceptabilité nécessaire. [...]
[...] Dès lors, on constate que l'analyse de la façon dont les risques collectifs sont gérés dans nos sociétés nous conduit à des thèmes bien connus des sciences sociales du politique (violence légitime, accès à espace public, confrontation de légitimités incompatibles). L'objectif de ce texte est de montrer qu'au moins sur ces trois questions, les études sur les risques collectifs sont en mesure de dégager des chantiers originaux et d'ouvrir des axes de recherche prometteurs. I. La remise en cause du rôle de l'Etat θ une évolution du rapport entre l'Etat et la gestion des risques en trois temps L'analyse du rapport entre état et gestion des risques permet de distinguer trois configurations successives ; 1. [...]
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