Aux XVIè et XVIIè siècles le pouvoir royal faisait l'objet de nombreuses critiques. Certains voyaient, dans l'expansion du caractère absolu de la souveraineté une évolution vers un pouvoir royal arbitraire. Le concept de souveraineté avait, par ailleurs, peu de temps avant, été conceptualisée par Bodin (1530-1596) dans "Les six livres de la République".
Bossuet (1627-1704) avait écrit, en tant que précepteur du dauphin, "L'écriture Sainte", pour l'éducation du fils de Louis XIV (1643-1715) Louis de France.
Dans ce livre, il entend contrer ces critiques en montrant que la souveraineté exercée par le pouvoir royal est absolue mais non-arbitraire.
Ainsi, en prenant appui sur ce livre de Bossuet il est intéressant de nous interroger pour remarquer quels étaient les arguments énoncés par ceux qui défendaient, à cette époque, la pratique absolue de la souveraineté par le monarque.
Ainsi, nous verrons qu'en développant l'idée d'un caractère absolu et divin de la monarchie (I), il montrait que la souveraineté qu'elle exerce devait respecter des limites en contrant ainsi les critiques de ceux qui considéraient ce régime comme d'arbitraire (II).
[...] Ainsi, le Roi ne peut lever un impôt sans le consentement populaire avec la réunion des Etats Généraux (même s'il faut limiter notre propos quant aux décisions des Etats Généraux de 1439 qui ont donné plus de liberté au Roi). Le Roi avait, également, l'obligation de respecter les privilèges (mot qui vient du latin privi légis c'est-à-dire lois privées et ne pouvait les remettre en cause. Enfin, le Roi se devait de respecter le droit de propriété privée des sujets et le droit de la famille. [...]
[...] En tant que souverain, il avait, ainsi, des pouvoirs tels que celui d'être Roi législateur. Lorsqu'il précise que le Roi ne peut faire l'objet d'"aucune contrainte" Bossuet entend montrer que cette souveraineté ne se partageait pas. A l'image de cette idée on peut préciser que, tout au long du XVIIè, tous les organes qui entendaient partager le pouvoir royal avaient été supprimés. Ainsi, les Etats Généraux se réunirent pour la dernière fois en 1610 et il fallu attendre 1789 pour une nouvelle réunion. [...]
[...] Il faut souligner, ensuite, qu'il existe d'autres formes de limites à cet exercice de l'autorité royale telles que les lois fondamentales auxquelles est soumis le monarque. Le respect des lois fondamentales comme garantie d'un régime non arbitraire Bossuet le précisait, il existe des lois dans un empire contre lesquelles tous ce qui se fait est nul de droit Il s'agit, ici, des lois fondamentales. En effet, preuve que le pouvoir royal n'est pas arbitraire, selon ces penseurs, le Roi n'a pas d'autre choix que de respecter ces lois fondamentales sur lesquelles il prête serment lors de son sacre. [...]
[...] Le caractère absolu de cette souveraineté était, alors, par ceux-ci, considéré comme le moteur d'un régime d'arbitraire. Pourtant, à l'image de Bodin et de ses disciples tels que Guy Coquille ou Cardin Lebret, Bossuet entendait montrer qu'il existait une différence réelle entre la monarchie absolue et le régime d'arbitraire. Il écrivait, ainsi, qu'il n'y avait "rien de plus distingué", à l'image de ses prédécesseurs qui distinguaient la monarchie tyrannique, la monarchie seigneuriale et la monarchie royale. Il montre, ainsi, que le pouvoir royal connaît des limites. [...]
[...] De même, lorsque le Roi déléguait ses pouvoirs il n'en restait pas moins la seule source de ce pouvoir. Le monarque écrivait, ainsi, "car tel est notre plaisir" (s'associant par la même à la volonté de Dieu) pour bien montrer indépendance de sa volonté (placere en latin signifiant volonté). Au plan externe, l'indépendance s'exprimait par rapport à l'empereur et au Pape. Il ne dépendait nullement de leur autorité. Cette indépendance a pu d'ailleurs conduire certains à formuler, à cette époque, de nombreuses critiques à l'égard du pouvoir royal qu'ils ont pu percevoir comme étant d'arbitraire. [...]
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