Le monde connait, aujourd'hui encore, une grande variété de régimes politiques différents. Si la démocratie s'est imposée en Occident, ce n'est notamment pas le cas du Proche-Orient, où la théocratie, définie comme une forme de gouvernement dans laquelle l'autorité est d'essence divine reste importante bien qu'elle soit combattue par les régimes autoritaires à l'image de la Syrie ou de la Tunisie jusqu'il y a peu, ou au contraire qu'elle s'exerce, comme c'est le cas en Arabie Saoudite, où l'alliance entre l'Etat et Dieu reste un référent immuable dans cette partie du monde. A proximité du monde arabe, l'Iran est un état qui suscite de nombreuses interrogations. Longtemps placés sous l'égide autoritaire du Chah, les Iraniens ont fait montre de leur désir de liberté ; c'est la révolution islamique de 1979. Révolution islamique, car révolution menée par l'Ayatollah Khomeiny, qui devient le guide suprême du pays, amenant ainsi le clergé chi'ite au pouvoir. Se construit dès lors un Etat centré sur l'islam, où la religion joue le rôle de ciment national, et permet aux ayatollahs de se maintenir au pouvoir. Si les conditions de vie de la population restent mal connues, il n'a échappé à personne que l'Etat se veut fort, voire omnipotent, comme l'ont montré les répressions parfois sanglantes des manifestations.
[...] La jeunesse est embrigadée par les milices (notamment par la plus puissante d'entre elles les Bassadijis), qui sont présentes au sein même des établissements scolaires. Cette dernière est toute puissante et a juré fidélité aux mollahs. Elle dispose de ses propres centres de détention, et agit en majorité à l'encontre des opposants au régime. Elle n'a pas hésité à faire arrêter le ministre de l'intérieur iranien quand il a critiqué la présence des paramilitaires dans les bureaux de vote, ce qui donne un aperçu de son pouvoir. [...]
[...] Il est à noter que l'Histoire n'a connu que trois totalitarismes : le fascisme de Mussolini, le nazisme, et le communisme. Ainsi, il apparait que bien que déchainant les passions, le régime iranien reste un objet politique à identifier, semblant être à la croisée des régimes théocratiques et totalitaires. On ne peut donc légitimement que se poser la question suivante ; Comment définir le régime iranien ? L'Iran, tout en étant un régime théocratique par son essence et ses origines, semble dans la pratique échouer à unir l'Etat et la mosquée L'héritage de la révolution de 1979 La révolution islamique marque l'investigation du champ politique par le mouvement islamiste chi'ite, dont il avait toujours été proche auparavant ; le régime du Chah connaissait déjà une imbrication étroite entre politique et religieux et Khomeiny se faisait fort d'être l'opposant principal du dernier Chah avant la révolution. [...]
[...] Toutefois, il est à noter que le régime iranien est doté d'une constitution, alors que dans le cas d'une théocratie pure, c'est le Coran qui aurait officié tel le texte régissant les institutions et les relations entretenues par celles-ci. Les élections de 2009 ont révélé au grand jour les manœuvres du régime en place pour se maintenir au pouvoir, et dans le même temps le clivage existant avec la société civile. Des manifestations hors du commun ont eu lieu au travers du pays, avec des slogans inédits tels que mort à Khamenei Le peuple iranien s'inscrit désormais dans une logique d'opposition à la théocratie elle-même. [...]
[...] L'économie est elle aussi sous le contrôle du régime, qui a la main mise sur l'industrie pétrolière et les grandes entreprises du pays. Mais le régime iranien, non content de chercher à réprimer l'opposition, fait également pénétrer les préceptes islamiques dans la société de manière insidieuse : cinéma, radio et presse sont sous le contrôle du régime, le voile est obligatoire pour les femmes, il est interdit pour les hommes de prendre une femme par la main dans les lieux publics, etc. [...]
[...] Des mouvements visant à séculariser le pays ont fleuri après 2004, comme la Charte Manshoor en 2005, visant à l'instauration d'une république laïque et démocratique. La réponse des mollahs a été le recours au fondamentalisme, en cherchant à ramener l'intégralité des pratiques et des mœurs sous le contrôle de la norme religieuse. En effet, les mollahs tiennent un discours fondamentaliste, visant à la recherche de la vérité, qui aboutit à l'écrasement de la pratique par le dogme. La pratique de la religion, soumise à des contraintes matérielles, ne peut satisfaire totalement au dogme, d'où ce décalage entre les mollahs et le reste des Iraniens. [...]
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