Bernard Manin est un politologue français spécialisé dans l'histoire de la pensée politique et dans la théorie de la démocratie. Il est particulièrement connu pour ses travaux sur le libéralisme et la démocratie représentative. Il s'agit ici du chapitre 6 d'un de ses ouvrages les plus connus, Principes du gouvernement représentatif, qu'il publia en 1995.
De nos jours, on parle de crise de la représentation pour plusieurs raisons : les électeurs sont moins fidèles à des partis qui semblent nous imposer des clivages artificiels ; les hommes politiques semblent parvenir au pouvoir plus en raison de leurs capacités charismatiques et médiatiques qu'autre chose ; le personnel politique est constitué d'un groupe restreint et distinct du reste de la population.
[...] Michels montre toutefois que la naissance des partis de masse ne signifie pas la fin du règne du notable En effet, cela est le plus frappant dans les partis sociaux-démocrates, le parti est dirigé par une élite déprolétarisée c'est-à-dire des leaders ayant une origine ouvrière mais vivant comme des petits bourgeois. Ce sont des personnes qui ont utilisé l'appareil de parti pour s'élever socialement grâce à deux talents : le militantisme et le talent organisationnel Un nouveau type d'élite est donc sélectionné. André Siegfried a montré que les partis de masse favorisaient la stabilité des comportements électoraux en parlant de climats d'opinion propre à certains lieux. Il y aurait une stabilité à la fois géographique mais aussi générationnelle filiale des comportements électoraux. [...]
[...] Par ailleurs, les décisions prises sont de plus en plus soumises à des facteurs incertains acteurs internationaux et donc imprévisibles des simples politiciens. C'est pourquoi l'élection sur un programme précis tombe un peu en désuétude à la faveur de la personnalité des candidats. Il en découle une sorte de pouvoir un peu plus discrétionnaire Les comportements électoraux changent selon la configuration des candidatures selon la perception [ ] de ce qui est institutionnellement en jeu ou en fonction des problèmes ou des thèmes sur lesquels l'accent est mis dans la campagne électorale Il semblerait que ce soient les politiques qui désormais choisissent les thèmes et les clivages qui feront la campagne. [...]
[...] - La prise de décision après l'épreuve de la discussion publique. Quatre principes qui seront étudiés dans trois idéaux-types du gouvernement représentatif : - le parlementarisme - la démocratie de partis - la démocratie du public Ces idéaux-types sont examinés sous l'angle du lien représentatif qu'elles mettent en œuvre, la délimitation du corps représenté [étant] délibérément laissée de côté Avant de se lancer dans son étude comparative, Bernard Manin revient sur la définition du terme discussion En effet, il entendra par ce mot une situation de communication dans laquelle l'un au moins des interlocuteurs 1 cherche à produire un changement dans l'opinion de l'autre ( l'opinion étant entendue ici comme disposition à agir ) ; 2 par le moyen de propositions impersonnelles ou portant sur le futur à long terme Bernard Manin qu'il faut différencier une simple action de marchandage, qu'il rattache au clientélisme ou à la corruption, et un discours rationnel et argumentatif visant à produire un changement d'opinion au moyen de propositions impersonnelles ou portant sur le long terme I Le parlementarisme Les candidats sont très proches de leurs électeurs et sont élus sur une base de la confiance et sur leur personnalité, plus que sur leurs liens avec telle ou telle organisation politique. [...]
[...] Toutefois, la discussion délibérative n'est pas totalement morte. Elle existe désormais hors du Parlement, lorsque les partis préparent les sessions parlementaires ou dans des institutions de concertation entre les intérêts organisés comme les syndicats. III La démocratie du public La personnalité des candidats est de nouveau un facteur très important dans le choix du vote. On se rapproche d'une des caractéristiques du parlementarisme originel. Le facteur de la personnalité est d'autant plus important que l'on parle de l'élection du chef de l'exécutif. [...]
[...] On remarque donc une stricte discipline de vote au sein du parlement et la prééminence de la direction du parti sur les députés Le Parlement devient donc le lieu des rapports de forces entre les différents intérêts sociaux. Pour éviter que la minorité ne se lance dans des actions risquées, il est nécessaire pour la majorité de passer un compromis avec la minorité, c'est-à-dire renoncer à lui imposer sans réserve sa volonté C'est ici l'essence des coalitions et du scrutin proportionnel. [...]
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