Sciences politiques, Manifeste, Comité organisateur, PNR Parti National Révolutionnaire, Plutarco Elias Calles, politique mexicaine, Constitution mexicaine, Obregon, partis politiques mexicains, Révolution mexicaine
Le contexte immédiat de ce texte est celui d'un affaiblissement du régime par une grave crise politique : après avoir modifié la Constitution sur deux aspects fondamentaux (allongement du mandat présidentiel de quatre à six ans et affirmation de la possibilité d'une réélection si les mandats ne se suivent pas), Obregon s'est représenté en juillet 1928 et a été réélu avec 100% des voix ; deux semaines après sa victoire, il est assassiné par un catholique fanatique. Nombreuses sont les voix qui accusent Calles d'avoir fait tuer Obregon ; Calles fait désigner par le Congrès un président provisoire, Portes Gil, et mate la rébellion armée des généraux obregonistes Escobar et Manzo. Le 1er septembre, avant de quitter la présidence, il présente son dernier rapport au Congrès ; il y présente son « testament politique », et annonce la création d'un Parti National Révolutionnaire. Trois mois plus tard, le 1er décembre 1928, est rendu public ce manifeste qui reprend le projet politique de Calles et pose les premiers jalons de sa concrétisation.
[...] Sauver la démocratie Plutarco Elias Calles et les sept autres signataires du Manifeste fondent leur argumentation sur la nécessité de créer un parti d'union pour préserver la République des dérives qui la menacent. Il faut noter d'emblée que nous retrouvons là les grands thèmes de la rhétorique révolutionnaire, dans un contexte néanmoins sensiblement différent. A. Les partis, garants d'ordre public • La menace qui selon Calles pèse sur le pays et qu'il s'agit d'écarter est celle de l'« anarchie » (ligne 40). [...]
[...] Les vues politiques contenues dans ce manifeste sont-elles celles d'un homme qui veut conserver la réalité du pouvoir sans être président, ou bien les conséquences logiques d'une entreprise de stabilisation et de normalisation de la vie politique mexicaine entreprise depuis plusieurs années ? Ce projet d'un PNR allié du gouvernement ne signifie-t-il pas la fin de la démocratie pluraliste, telle que célébrée jusqu'alors par les révolutionnaires ? Nous essaierons donc de faire la part entre les ambitions affichées et les implications politiques de ce projet de PNR en étudiant les différents arguments qu'emploie Calles pour justifier son projet : il s'agit d'une part de sauver la Démocratie, et de l'autre, de rassembler la famille révolutionnaire. [...]
[...] En proposant cet idéal de régulation de la vie politique par la mise en place de structures partisanes représentatives de l'opinion mexicaine, Calles frappe fort ; on a pu parler d'un « coup de maître », puisqu'il réussit ainsi à mettre à mal l'opposition (obregoniste) incapable de choisir entre la rébellion armée et la campagne électorale. La tentation du légalisme est désormais aussi forte, voire plus forte, que celle de la révolte par les armes. C. Calles, l'homme providentiel ? Ce manifeste est un texte collectif comprenant huit signatures ; néanmoins, plusieurs détails dans le texte soulignent la personnalité prépondérante de Plutarco Elias Calles qui en porte toute la paternité. [...]
[...] À la « tendance innovatrice, réformiste et révolutionnaire » (l. 15) s'oppose « la tendance conservatrice ou réactionnaire » (l. 16). Il est intéressant de souligner que le qualificatif « révolutionnaire », qui casse la structure binaire, semble « ajouté » pour coller davantage à la réalité mexicaine sur un lexique emprunté au vocabulaire politique anglo-saxon. Par ailleurs, il paraît évident que cette simplification tient davantage de la volonté de convaincre que de l'analyse politique fine. • Les mouvements de la Réaction peuvent être identifiés avec les factions catholiques et antirévolutionnaires qui s'agitent d'autant plus que depuis 1926 le pays est secoué par la Guerre des Cristeros ou « Christiade » (J. [...]
[...] Ces détails visent à valoriser la position de Calles, et donnent d'ailleurs un aperçu de sa situation ambiguë sur le plan politique, à la fois présent et absent. Il faut néanmoins souligner qu'il y a ici volontairement une atténuation des problèmes et des enjeux réels de ce projet politique. Tout d'abord, Calles n'a pas eu d'autre choix que de se retirer du pouvoir, et son message du premier septembre était la seule manière d'échapper aux accusations d'avoir fait assassiner Obregon pour prendre sa place et se faire réélire. [...]
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