Le pouvoir étatique et ses différentes incarnations selon Bertrand Badie et Pierre Birnbaum

Résumé du document

Loin de n'être qu'une fonction du système social se faisant jour de manière évolutionniste dans tous les types de sociétés à un moment de leur histoire, l'État selon Max Weber est « une entreprise politique de caractères institutionnels dont la direction administrative revendique avec succès, dans l'application des règlements, le monopole de la contrainte physique ». Il faut noter que l'État est un ordre juridique qui se reconnaît à l'aide d'un territoire, d'un peuple et d'un gouvernement ; il en résulte que le pouvoir étatique serait l'exercice de sa souveraineté.

Le texte dont il est question, extrait de Sociologie de l'État de Bertrand Badie, professeur à l'IEP de Paris et politologue français spécialisé dans les relations internationales, et de Pierre Birnbaum, professeur de sociologie politique à l'université Paris I, est relatif au pouvoir étatique et ces différentes incarnations. Une distinction y est faite entre l'État français, prototype de l'État fort, et l'État anglais, prototype de l'État faible. Ce dernier étant « un centre sans véritable État » où « la société civile s'auto-organise », tandis que l'État fort serait « un centre et un État » où « l'État domine et organise la société civile ». Par conséquent les diverses incarnations étatiques, et de ce fait les systèmes politiques, aboutissent-ils d'une évolution historique différenciée ? Autrement dit, le développement historique de l'apparition de l'État est-il à l'origine de la construction de son pouvoir politique ? Finalement, la pluralité des formes étatiques résulte-t-elle d'un processus historique ?

Extraits

[...] Finalement, la pluralité des formes étatiques résulte-t-elle d'un processus historique ? Il en convient que l'évolution historique instaure un développement du pouvoir absolu pour l'État fort alors que parallèlement cette même évolution aboutit à une société civile auto régulée pour l'État faible (II). Une évolution historique instaurant un développement du pouvoir absolu : le prototype de l'État fort Tout d'abord, il faut noter que l'archétype de l'État fort est la France, l'Espagne ou autre Italie. Leurs évolutions historiques leur ont offert leurs grands apports actuels tout en leur attribuant leurs caractéristiques étatiques Les grands apports de cette évolution à l'Etat fort La naissance progressive de ce pouvoir absolu : Les historiens sont d'accord pour situer l'apparition de l'État à la sortie du Moyen Âge, en concordance avec la naissance de l'absolutisme, pouvant se définir comme un type de régime politique où le détenteur d'une puissance attachée à sa personne, concentre en ses mains tous les pouvoirs, gouverne sans aucun contrôle institutionnel La renaissance a accentué ce phénomène en renforçant la légitimité du pouvoir royal, ce qui limita l'indépendance seigneuriale. [...]

[...] Ensuite, l'État fort est une machine politico- administrative entraînant derrière elle une forte administration et bureaucratie, une grande importance des fonctionnaires, l'instauration d'une forte police, le contrôle de la presse, la prise en compte des universités, la séparation de l'Église et de l'État, une création d'un droit administratif, ou encore une emprise sur la vie économique. L'État impose sa politique à la société civile par conséquent celle-ci n'est pas autonome. Après, l'État est neutre, puissant, fonctionnel et distant de la société civile puissant puisque détenteur du pouvoir absolu et de toutes ses conséquences, fonctionnel puisque organisé par une administration développée, et distant puisqu'il contrôle la société par l'intermédiaire de son personnel. Finalement, l'État prétend représenter l'intérêt général. [...]

[...] II/ Une évolution historique instaurant l'autorégulation de la société civile : le prototype de l'État faible Ici l'archétype de l'État faible, notion péjorative, est la Grande- Bretagne, mais aussi les États-Unis. Tout comme pour l'État fort, l'évolution historique a apporté des innovations pour aussi offrir certaines caractéristiques Les innovations offertes par cette évolution historique à l'État faible L'application spontanée d'une société civile auto-organisée : Deux périodes se distinguent concernant les éléments historiques de l'apparition de la société civile auto-organisée. Dans un premier temps, avant la consécration du parlement anglais, l'unité des peuples anglais était présente avant même la conquête normande. [...]

[...] Ces conséquences découlent d'elles même naturellement. Enfin, par opposition à l'État fort, dans un tel système politique, le marché est premier et non l'État Les caractéristiques indispensables à l'Etat faible apportées par cette évolution Les caractéristiques communes à tous les Etats, faibles ou forts : L'État caractérisé ainsi est formé d'un peuple, d'un territoire, de symboles, et d'un pouvoir étatique. Cette dernière caractéristique étant la variable de l'État faible à l'État fort. D'autres notions telles que la souveraineté, la défense de ses frontières, le contrôle de la sécurité étatique, ou encore la monopolisation de la violence physique légitime, sont historiquement communes à tous les états, qu'ils soient faibles ou forts Les caractéristiques propres à un système politique sans véritable Etat : Ici, l'État est caractérisé de régulateur, et non de prédateur, car le gouvernement s'effectue par la société civile. [...]

[...] Sa forme fut le modèle du futur parlement anglais, d'où son nom. Une constitution graduellement parlementaire sous la forme d'un instrument permettant d'aplanir les différences et de coordonner l'action entre des pouvoirs qui se respectaient réciproquement : le roi, l'église, les barons et certaines classes du peuple telles que celles des bourgeois ou celles des chevaliers Au 17èm siècle, il y avait très peu d'administrateurs compétents. En résumé c'est une autorégulation stimulée initialement par l'unité anglaise et ensuite accentuée par un mélange des différentes classes sociales Les processus institutionnels protégeant ce système : Préalablement, État faible rime avec faible bureaucratie il en résulte que les fonctionnaires sont quasi-inexistants dans la vie politique, ou bien ils demeurent surtout des amateurs. [...]