Les partis politiques sont généralement définis comme des organisations relativement stables, qui mobilisent des soutiens en vue de participer directement à l'exercice du pouvoir politique, au niveau central et/ ou local. Apparus en France et en Grande- Bretagne dès le 18ème siècle, l'élargissement du suffrage à conduit à ce qu'ils deviennent des piliers de nos démocraties modernes. Aujourd'hui, il semble difficile de penser la vie politique des démocraties européennes sans référence à la notion de partis, tant ces derniers sont structurants et imposent un prisme d'analyse de l'activité politique. La littérature politique insiste lourdement sur ce sujet : on s'attache à analyser l'évolution des différents partis, les recompositions et les scissions qui ont lieu entre différentes familles de partis, on s'intéresse aux nouvelles tendances au sein des partis… Le vocabulaire même employé pour évoquer des « liens de parentés » entre partis (on évoque souvent le cousin espagnol du parti socialiste français, etc.) est révélateur d'une façon de penser la vie politique contemporaine sur le mode quasi- organique de structuration imposé par le règne des partis.
[...] Elle suppose que les partis contribuent au recrutement des autorités (via des mécanismes de sélection des candidats et de formation mis en œuvre par les partis) mais aussi à la prise de décision (ce qui est l'objet même de l'activité gouvernante). Ainsi donc, et c'est la première idée de Weber, les partis jouent le rôle indispensable d'organisateurs de la vie politique en démocratie, en recrutant et sélectionnant des représentants susceptibles de se faire élire par le peuple, en fabriquant des programmes sur la base des aspirations populaires triées et hiérarchisées, en se faisant porter au pouvoir par la voie électorale, et en exerçant ce pouvoir de manière légale. [...]
[...] (Les partis politique, Paris, 1914). Ce phénomène est bien sûr à mettre en relation avec la professionnalisation de la politique, qu'évoque Weber lui-même dans Le savant et le politique lorsqu'il distingue le fait de vivre pour la politique et celui de vivre de la politique. Dans les partis communistes plus particulièrement, la proportion des membres permanents, professionnels de la politique, est particulièrement élevée. Lénine, on peut ici le cite, avait expliqué à ce sujet que le parti doit s'appuyer sur des gens qui consacrent à la révolution, non leurs soirées libres, mais toute leur vie [ des gens dont la profession est l'action révolutionnaire. [...]
[...] Une fois posée la discussion entre partis comme élément fondamental de la démocratie, restent à définir les conditions et les modes d'organisation de cette discussion. Les modèles sont multiples et ne se ressemblent pas toujours, et c'est d'ailleurs la raison pour laquelle les constitutions nationales sont des objets d'étude à part entière. Toutefois, une institution particulière semble particulièrement liée à l'impératif démocratique et plus précisément au rôle des partis : il s'agit de l'Assemblée nationale. Comme nous l'avons vu auparavant, les partis expriment la dialectique complexe entre du particulier et du général. [...]
[...] La citation de Weber offre une vision assez pertinente des partis politiques et de la nature de leur lien avec la démocratie. Comme nous l'avons vu, cette vision est théoriquement juste ; elle est aussi historiquement observée, puisqu'en effet les partis politiques ont imposé leurs marques aux systèmes démocratiques qu'ils ont structurés : le bipartisme américain, le clivage structurant droite/ gauche en France, sont autant de traits caractéristiques de certaines démocraties que l'on peut aisément associer à une histoire précise du phénomène partisan dans ces mêmes démocraties. [...]
[...] Les partis demeurent des formes primordiales et structurantes pour la vie de nos démocraties : à ce jour, aucun pays n'a fait avec succès l'expérience d'une démocratie privée de ces formes d'organisation de la délibération politique. Tout d'abord, et bien qu'elle soit décriée par certains, l'importance de l'étiquette en politique reste de premier ordre. De plus, les partis sont victimes d'une manière paradoxale, d'une baisse d'approbation par l'opinion générale, mais ne sont pas reniés par les adhérents, loin de là, ce qui semble dessiner un nouvel avenir pour ces structures. [...]
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