Dans un ouvrage biographique sur Laurent Gbagbo, l'écrivain camerounais André-Julien Mbem décrit l'ancien président ivoirien comme "un homme à un instinct de survie exceptionnel". Cette conclusion, il la tire après avoir analysé le parcours civique et politique de l'homme d'Etat ivoirien. Lequel parcours a commencé par un activisme syndicaliste et a fini dans les méandres politiques d'une poursuite judiciaire à la Cour pénale internationale. De l'avis d'André-Julien Mbem, Laurent Gbagbo comprit très tôt que ses origines bété ne lui donnaient aucune chance pour accéder à des fonctions politiques en Côte d'Ivoire d'Houphouët-Boigny. Ainsi, pour exister politiquement il choisit de construire sa place dans l'opposition. Mais, alors une opposition radicale au régime du "Vieux Houphouët". À cet effet, il subira fréquemment des coups et des sévices. Et puisqu'il n'en mourrait pas, "il finit par croire qu'il était prédestiné". Et, devrait-il se battre pour protéger "l'objet de sa prédestination". Gbagbo développe alors "un instinct de survie exceptionnel", dit André-Julien Mbem.
Laurent Gbagbo : un animal politique autoconstruit
En entrant en politique, Laurent Gbagbo avait une intime conviction : il n'était pas destiné à conquérir le pouvoir un jour. Cet état d'esprit est révélé dans la thèse de doctorat qu'il a soutenue en 1963. Dans cet ouvrage, il parle de la situation sociale en Côte d'Ivoire du temps Houphouët-Boigny comme étant hiérarchisée en classe bourgeoise et en classe ouvrière. La classe bourgeoise est celle qui détient le pouvoir politique et économique. Elle est composée des personnes issues des tribus majoritaires. Et la classe ouvrière par contre est celle des prolétaires. Elle est composée des personnes issues des tribus minoritaires, telles que le bété. Tribu à laquelle appartient Laurent Gbagbo (...)
[...] De l'avis d'André-Julien Mbem, Laurent Gbagbo comprit très tôt que ses origines bété ne lui donnaient aucune chance pour accéder à des fonctions politiques en Côte d'Ivoire d'Houphouët-Boigny. Ainsi, pour exister politiquement il choisit de construire sa place dans l'opposition. Mais, alors une opposition radicale au régime du Vieux Houphouët À cet effet, il subira fréquemment des coups et des sévices. Et puisqu'il n'en mourrait pas, il finit par croire qu'il était prédestiné Et, devrait- il se battre pour protéger l'objet de sa prédestination Gbagbo développe alors un instinct de survie exceptionnel dit André-Julien Mbem. [...]
[...] Et, il voudrait s'en servir pour se définir comme étant celui que la France n'a jamais voulu voir à la tête de la Côte d'Ivoire. Car, faut-il le rappeler. Laurent Gbagbo est un historien de formation. De ce point de vue, la Cpi serait pour lui une sorte de tribunal de l'histoire. Si l'homme a compris que l'historien est devant le tribunal de l'histoire, assurément, il aurait aussi compris qu'il est temps pour l'historien d'écrire ses mémoires. Source : André-Julien Mbem, Laurent Gbagbo : l'intellectuel et le politique, Paris, l'Harmattan (Collection Grandes figures d'Afrique). [...]
[...] Pour accomplir son rêve d'opposant, Laurent Gbagbo se fait d'abord syndicaliste. Il développe à cet effet une verve oratoire très critique vis-à-vis de la politique salariale des enseignants et des fonctionnaires. Du syndicaliste, il se transforme ensuite en politicien. Le parcours initiatique de l'opposant Du syndicaliste au politicien, Laurent Gbagbo a été arrêté et torturé plusieurs fois. Tantôt seul, tantôt avec son épouse, tantôt encore avec son fils. Il a plusieurs manifesté dans la rue contre Houphouët-Boigny au moment où la dictature en Côte d'Ivoire avait atteint son apogée. [...]
[...] Face au hold-up électoral organisé par un général, de surcroît détenteur de l'armée, dit André Julien Mbem, il parvient à mobiliser la rue pour faire plier un militaire. On n'a jamais vu ça en Afrique Le développement d'un discours messianique Pour André Julien Mbem, le fait que Gbagbo soit issu d'une tribu minoritaire et ait gravi des obstacles sociaux qui empêchaient des hommes de sa nature à accéder au pouvoir, l'homme a fini par éprouver le sentiment intime d'être porté par une espèce de force surnaturelle Ainsi, dès qu'il devient président de la Côte d'Ivoire, il développe une rhétorique messianique. [...]
[...] La classe bourgeoise est celle qui détient le pouvoir politique et économique. Elle est composée des personnes issues des tribus majoritaires. Et la classe ouvrière par contre est celle des prolétaires. Elle est composée des personnes issues des tribus minoritaires, telles que le bété. Tribu à laquelle appartient Laurent Gbagbo. Gbagbo a donc compris très tôt que la situation sociale de la Côte d'Ivoire des années 60 ne pouvait permettre à un homme issu d'une tribu minoritaire comme lui d'accéder au pouvoir. [...]
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