Lionel Jospin, dans la deuxième partie de son ouvrage Le Mal napoléonien, publié aux éditions du Seuil au premier trimestre 2014, analyse la période qui fait passer la France de la Révolution à l'Empire napoléonien.
Il se pose notamment la question de savoir si les guerres qui eurent lieu sous la Révolution étaient définitives ou offensives. Faut-il retenir la thèse de la Révolution pacifique menacée par l'alliance des monarques européens ? Ou bien la situation est-elle plus complexe ?
[...] L'intervention d'Espagne n'était pas justifiée et se révéla désastreuse. L'Espagne était depuis Louis XV l'alliée de la France. Son seul tort : ne pas respecter le blocus de Napoléon sur l'Angleterre. Pour ne pas avoir su borner ses ambitions extérieures, Napoléon n'en réalisera aucune. Ses buts de guerre étaient incertains. Il a gagné toutes les guerres contre l'Autriche sauf la dernière. L'Angleterre, son ennemi majeur, est restée hors d'atteinte : sortie des guerres plus fortes qu'elle n'y était entrée. Austerlitz ? [...]
[...] À chaque étape, son ambition immédiate est plus importante que l'intérêt de la France. Mais la faiblesse principale de Napoléon est son ignorance des peuples. Le peuple est pour lui une opinion à séduire. Les ressorts puissants des peuples, fierté, refus de la domination étrangère, attachement à une religion ou à une dynastie lui sont étrangers. Napoléon aura suivi ses propres fins, souvent contradictoires et indéchiffrables, jusqu'au bout. Il passera comme un météore. L'Europe, éveillée, se rendormira, frustrée, pour trente ans. 2014. [...]
[...] Ou bien la situation est-elle plus complexe ? Une position ambiguë Le 22 mai 1790, l'Assemblée constituante adopte une Déclaration de paix par laquelle elle affirme renoncer à toute guerre de conquête. La volonté affirmée est donc pacifique. Mais la Révolution provoque en Europe des réactions qu'il va falloir affronter. Le prince de Condé, aux portes de la France, soutenues par les émigrés, veut envahir la France et rétablir la monarchie. Autriche et Prusse envisagent une intervention militaire. Mais c'est la France qui déclare la guerre la guerre à l'Autriche le 20 avril 1792. [...]
[...] La stratégie napoléonienne est offensive : recherche systématique de la bataille avec pour objectif de détruire rapidement les forces de l'adversaire. Il concentre rapidement des forces sans économiser les moyens en hommes. Les hommes doivent se montrer dignes de ce que conçoit leur chef. Napoléon eut la bonne fortune de ne pas affronter de grands chefs de guerre, sauf à la fin l'Autrichien Schwarzenberg et l'Anglais Wellington. Il connut donc de grands succès qui contribuèrent à motiver ses troupes malgré la dureté des combats et de son type de management. [...]
[...] Napoléon naît de la guerre. Jeune soldat négligent, mais très politique, il impose sa stature dans la campagne d'Italie en 1796-1797, chanceuse et triomphale, et celle d'Égypte, en 1798-1799, hasardeuse et auréolée du prestige de l'Orient. Outre sa maîtrise de l'art de la guerre, Bonaparte fait trois découvertes : la guerre n'est rien sans la diplomatie qui la couronne ; il peut s'émanciper d'un pouvoir politique faible ; l'opinion est une proie qu'une propagande adroite aide à atteindre. Un régime tourné vers la conquête Le régime de Bonaparte est tourné vers la conquête. [...]
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