L'historien britannique Théodore Zeldin a consacré une oeuvre importante aux passions françaises, reconnaissant ainsi la place occupée par les sentiments dans le jeu politique. Les démocraties modernes n'en sont pas préservées.
Le texte commenté permet, dans un contexte historique différent, celui de la Florence du XVIème siècle, de comprendre les raisons de cette constante, qui limite le rôle de la raison dans le gouvernement des hommes (...)
[...] Mais ces tentatives se son révélées n'être que des leurres pour masquer des régimes autoritaires. Le culte de la personnalité, qui a été instauré dans les régimes totalitaires, emprunte à la fois à la peur, permanente, de la répression, mais aussi à la figure rassurante du chef. Le Führer, le Duce ou le Caudillo, le Petit père des peuples sont des expressions qui ont pour but de rassurer le peuple. La dernière de ces expressions, en empruntant à la figure paternelle, joue sur le registre affectif de la famille. [...]
[...] Et Machiavel y voit une cause de faiblesse du premier assez évidente. Il lui faudra toujours compter avec le soutien voulu des gouvernés. La relation verticale entre gouvernant et gouvernés est presque remise en cause au profit d'un rapport entre égaux. Or, celui-ci ne peut que fragiliser le détenteur de pouvoir. L'amour ne pouvant assurer au prince la sécurité et la stabilité dont il a besoin, l'autre ressort qui s'offre à lui est celui de la crainte. B. Machiavel suggère une approche plus pragmatique, qui fait largement place au ressort de la crainte La thèse de Machiavel repose sur un double fondement : d'une part, la facilité apparente de l'exercice de la force et du châtiment et, d'autre part, la prédisposition des hommes à s'y soumettre. [...]
[...] Celle-ci repose en grande partie sur la crainte du châtiment. Celui-ci sera mis en scène. Les exécutions se feront, jusqu'à une période récente, sur la place publique, en place de Grève à Paris, par exemple. L'atteinte au souverain sera punie de façon particulièrement cruelle et spectaculaire. Ravaillac, coupable de régicide sur Henri IV, sera écartelé. Ainsi, Machiavel s'inscrit en faux contre la conception de l'homme qui s'impose avec l'humanisme naissant. Pour lui, comme pour Hobbes, un siècle plus tard, dans le Léviathan (1651), l'homme est naturellement mauvais et porté au vice, à la violence. [...]
[...] Nicolas Machiavel propose, dans son célèbre ouvrage Le Prince, une réflexion sur l'exercice du pouvoir à travers une analyse sur les relations sociales. Entre les hommes, ces relations sont fondées sur un couple de sentiments : l'amour et la peur. Ayant bien conscience que le premier est sans doute meilleur que la seconde, il quitte toutefois le registre de la morale et du jugement de valeur pour raisonner, de manière pragmatique, en termes d'efficacité. Dans ce registre, la peur offre les meilleures garanties. [...]
[...] En effet, la vision qu'a Machiavel de l'homme est pessimiste. Elle correspond toutefois à une réalité qui est celle de la bassesse des sentiments, de l'intrigue, dont la Florence de l'époque offrait maints exemples. Mais cette réalité est aussi celle d'un pouvoir convoité et, par cela même, toujours remis en cause s'agissant de celui qui le détient. C'est cette conception qui explique cette idée de lien d'obligations qu'évoque l'auteur dans ce texte. Il n'est guère précis sur ce point et l'on ne sait, avec certitude, sur qui pèsent ces obligations. [...]
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