"La laïcité face à l’Islam", Olivier Roy - chapitre I

Résumé du document

Tout d'abord, dans son introduction, O. Roy fait une distinction entre laïcité et sécularisation. Littéralement, la sécularisation consiste à faire passer des biens religieux dans le domaine public. L'auteur la défini plutôt comme signifiant que la religion cesse d'être au cœur de la définition qu'une société a d'elle-même, autrement dit, très simplement, « cela signifie que dans un certain nombre de régions, de façon assez inégale, les gens ont cessé d'aller à l'Eglise ; la pratique religieuse a brusquement chuté. »

On peut dire que l'Europe a connu un processus de sécularisation assez global depuis le XVIIIe siècle. Toutefois, il faut noter que la sécularisation n'est pas nécessairement antireligieuse. Quant à la laïcité, c'est beaucoup plus une spécificité française et, selon l'auteur, « même en France elle fait débat ». La laïcité désigne la séparation du civil et du religieux. En France, on considère souvent que la laïcité prend naissance avec la loi de la séparation de l'Eglise et de l'Etat de 1905.

Extraits

[...] D'autre part, selon Roy, quand on aborde la question de l'islam en Europe, on se dit qu'un islam européen ou occidental est nécessairement un islam libéral, un islam qui dit que le djihad est purement moral et n'a rien à voir avec la guerre, qui dit que dans le fond l'homme et la femme sont égaux, que l'apostasie est quelque chose de légitime, etc. Toutefois, Roy pose la question : comment une instance politique peut-elle favoriser une réforme théologique alors que la loi de 1905 interdit à l'Etat d'influer sur les cultes ? Ainsi l'établissement d'un islam libéral semble plutôt impossible car on sortirait alors du principe si cher à la France qu'est la laïcité. [...]

[...] Lorsqu'il parle de fondamentalismes il parle de deux choses très précises : le Salafisme chez les musulmans et, chez les protestants américains, les évangélistes. Dans les deux cas on a une reformulation explicite du religieux en dehors du contenu culturel. Seul le texte religieux compte, le reste doit être omis (dans les cas extrêmes, certaines Eglises interdisent à leurs fidèles de lire la presse, de regarder la TV et même de côtoyer des fidèles d'une autre religion car ils risquent de les écarter de la voie de Dieu). [...]

[...] En outre, selon Roy, la manière dont nous pensons la laïcité aujourd'hui est en décalage avec la réalité de la société. On la pense comme s'il y avait deux forces concurrentes dans un espace commun : la force républicaine d'un côté et la religion de l'autre, qui essaierait de s'emparer de cet espace et d'y former des communautés (c'est le communautarisme). Mais lorsque l'on regarde la manière dont les gens vivent leur religion, et surtout les fondamentalismes, on voit qu'ils sont dans un autre espace. [...]

[...] "La laïcité face à l'Islam", Olivier Roy - chapitre I I. Olivier Roy, quelques éléments d'introduction Olivier ROY (1949- ) est docteur en sciences politiques, directeur de recherches au CNRS et directeur d'études à l'EHESS (Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales). Depuis septembre 2009, il est professeur à l'Institut Universitaire Européen de Florence (Italie), où il dirige le Programme méditerranéen. Il est spécialiste international de l'Islam, et plus particulièrement de l'Islam politique. Il a notamment publié L'Echec de l'Islam politique (1992) et L'Islam mondialisé (2002), dont La laïcité face à l'Islam peut être considérée comme une suite. [...]

[...] Effectivement, on peut se poser la question car la laïcité, en France, s'est établie sur un conflit entre l'Etat et l'Eglise catholique ce qui en fait, selon Roy, un principe non exportable. On comprend alors mieux l'enjeu du lien entre islam et laïcité, cette dernière étant, dans ce livre, une création occidentale, culturellement influencée. D'autant plus que l'islam ne conçoit pas la séparation entre le religieux et le politique, ce qui semble en opposition avec la sécularisation et encore plus avec la laïcité. En France, l'expression du sentiment religieux est perçue comme une menace et un scandale (p. [...]