L'Inde revendique haut et fort ses cinquante ans de système parlementaire. Entre 1952 et 2004, le pays a organisé quatorze élections libres de la Lok Sabha, chambre basse du Parlement.
Il existe quelques actes de criminalisations du pouvoir politique mais cela ne concerne que certains Etats et récemment la situation a été assainie. Ainsi, l'Inde a connu une alternance de son gouvernement, passant fréquemment des mains d'un parti à celles d'un autre. Seul le Sri Lanka a été aussi précoce dans sa routinisation de l'alternance.
De 1977 à 1979, les institutions démocratiques furent suspendues par Indira Gandhi, mais, punie par le peuple, elle échoua aux élections qui suivirent.
Malgré une certaine pression du pouvoir exécutif sur le pouvoir judiciaire, il existe en Inde, et ce en dépit de la dimension électorale, une bonne séparation des pouvoirs. Aucun homme politique n'a pas à répondre à la loi.
Les médias ont un rôle-clé dans l'équilibre de la démocratie indienne, ils font figure de véritable contre-pouvoir et ont une influence sur la vie politique du pays.
Cependant, la démocratie de l'Inde est à atténuer. En effet, avec son vieux système de caste et sa pauvreté massive, « l'Inde offre sans doute un cas extrême de démocratie politique sans démocratie sociale. » (page 9).
Mais tous les régimes parlementaires dans le monde sont passés par cette phase où la démocratie n'est que politique et où elle est menée par une même élite, peu soucieuse des masses.
Or en Inde, au début de sa démocratie, le pouvoir était gardé par une minorité, contradiction que Bhim Rao Ambedkar (principal architecte de la Constitution) avait remarqué et signalé dès 1949. Malgré ses avertissements, le pouvoir est resté dans les mains de la même élite pendant 30 ans.
En 1967, Myron Weiner soutint la thèse que le parti principal, le Congrès, était de plus en plus ouvert aux groupes en phase d'ascension sociale. Mais on ne peut pas dire que cette thèse s'adapte à l'Inde du Nord.
LE CONTRASTE NORD/SUD
L'analyse de Weiner a souvent été validée en ce qui concerne le Sud, dans cette partie du pays, les castes intermédiaires, qui possédaient un poids démographique et une large part des terres, ont rapidement collaboré avec les brahmanes (la plus haute caste) au sein du Congrès.
En revanche, il n'en a pas été de même pour le Nord, la 'Hindi belt'. Dans cette zone qui regroupe 40% des Indiens, les hautes castes ont gardé la mainmise sur le parti jusqu'en 1960-1970, ce qui a conféré un caractère élitaire du système politique de l'Inde. La 'Hindi belt' désigne aujourd'hui 204 des 543 députés de la Lok Sabha (...)
[...] Mais le travail de la première Backward Classes Commission et les jugements de la cour suprême allaient encore compliquer le débat. La première ‘Backward Classes' Commission ou l'impossible occultation de la caste La première commission eut lieu en 1953. Même si la caste n'était pas l'unique élément de la définition des classes arriérées, elle en était le principal. Le président de la commission, Kalelkar, justifia son choix en expliquant que la caste était le meilleur indicateur du niveau d'éducation. Les délibérations ne furent pas unanimes, et Kalelkar, lui aussi, changea d'avis au dernier moment sur son rapport, qu'il avait tout juste terminé. [...]
[...] Mais lors d'une discussion avec des brahmanes très orthodoxes au sujet de l'accès au temple pour les intouchables, il se heurta à une croyance très profonde, aussi continua-t-il de défendre la cause des intouchables pour leur droit d'entrer dans les temples en évitant de vexer les hautes castes. Gandhi croyait en l'égalité de tous NL-Jaffrelot-Démocratie/par/la/caste-Partie_I 8 devant les dieux mais n'agit pas sur les autres registres (sociaux) en faveur des intouchables. Par ailleurs le Congrès se montrait peu enclin à discuter de la question intouchable. Cette grande prudence de Gandhi exprime bien son attachement à la structure sociale traditionnelle de l'Inde. [...]
[...] Gandhi utilisait l'argument de l'harmonie sociale pour justifier les castes. Si chacun admet que sa naissance est une manière de déterminer sa position dans la société, il n'y aura plus de conflits sociaux dus à l'ambition. Le Mahatma considérait donc que l'unité sociale était hiérarchique. LE CONFLIT ENTRE GANDHI ET AMBEDKAR Ambedkar s'est affirmé comme le premier leader intouchable dans les années 19201930. Parti étudier à l'étranger, il a longtemps analysé le système de castes et s'est opposé à la définition simpliste des occidentaux, qui les expliquent par des différences raciales. [...]
[...] De même, aux élections générales de 1951-1952, les résultats furent assez médiocres car le parti ne remporta que deux sièges de la Lok Sabha. Ambedkar réalisa alors que sans la participation d'autres catégories, les intouchables n'auraient jamais le pouvoir. Il annonça donc la dissolution du parti et la création d'un nouveau, le Republican Party of India qui vit le jour dix mois après la mort d'Ambedkar. Ce nouveau parti s'engageait dans une voie d'alliances électorales avec les partis des autres minorités et basses castes. [...]
[...] Les différentes stratégies d'émancipation ont été couronnées de succès dans la mesure où elles ont forcé le Congrès à s'ouvrir aux groupes en phase d'ascension sociale. En Inde du Nord aucun de ces processus n'est arrivé à terme. CHAPITRE 6 : Quel mouvement de basse caste an Inde du Nord ? Les Britanniques mirent en œuvre des politiques de discriminations positives dans les Nord aussi, mais elles ne concernaient vraiment que les intouchables et n'ont pas eu le même impact que dans le Sud. [...]
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