"L'Homme et l'État", publié pour la première fois en 1953, est le texte développé de six conférences prononcées à l'université de Chicago en décembre 1949. Il s'agit d'un ouvrage de référence pour comprendre la pensée démocrate chrétienne du philosophe politique. Jacques Maritain fait partie des premiers penseurs chrétiens de l'antitotalitarisme. Il s'attache à redéfinir le principe de souveraineté qui porterait en lui les germes du totalitarisme.
Précisément, dans le chapitre que nous étudions, Maritain apporte un regard nouveau sur le principe de souveraineté qui est selon lui source de profondes confusions et d'amalgames notoires. En quoi la souveraineté est-elle par définition dangereuse ? Comment l'associe-t-il à l'absolutisme ?
[...] Maritain ne valide le concept de Souveraineté que dans un domaine métaphysique. C'est sa conception pleinement chrétienne de la philosophie politique qui ressort. Il n'y a de Souveraineté que divine. En conclusion de son chapitre, Jacques Maritain fait un constat tranchant : il nous faut rejeter le concept de Souveraineté, qui ne fait qu'un avec l'absolutisme. Il décrit ici l'Etat souverain tel qu'il doit être selon la définition originelle de la souveraineté : - l'Etat souverain ne connaît pas de loi internationale puisqu'il n'existe aucun pouvoir au-dessus de lui. [...]
[...] Maritain souligne aussi les dangers de la théorie rousseauiste quant au caractère juste des lois. Selon Rousseau, une loi issue de la volonté générale est forcément droite et juste puisqu'elle ne peut aller à l'encontre de l'intérêt général. Or, selon Maritain, les lois doivent obéir à la Loi naturelle, à l'ordre moral divin, ainsi une loi peut-être juste au sens rousseauiste et injuste dans son essence. En fait, la souveraineté est dangereuse en ce qu'elle est absolue, que ce soit avec Bodin qui, bien que plaçant le Souverain sous l'autorité de Dieu, ne pose pas de limite à son pouvoir, ou à Rousseau qui lui ne limite pas le pouvoir du peuple puisque celui-ci est au-dessus de l'ordre moral, de la Loi naturelle La Souveraineté est l'absolutisme En fait, Maritain regrette la confusion largement répandue entre la souveraineté et la pleine autonomie. [...]
[...] L'autonomie intérieure consiste en l' indépendance relative suprême autrement dit, nulle partie du tout ne peut se substituer au tout et gouverner à la place du tout. L'autonomie extérieure repose sur l'indépendance du corps politique par rapport à la scène internationale, autrement dit il n'existe aucune autorité extérieure au-dessus de l'autorité du corps politique. La société, se suffisant à elle-même, n'obéit à aucun pouvoir extérieur. Or selon Maritain, cette autonomie est un droit naturel et inaliénable tout comme le droit conféré au souverain absolu. [...]
[...] Jacques Maritain s'attaque aux fondements du concept de Souveraineté et critiquant ses principaux théoriciens, de Jean Bodin à Jean-Jacques Rousseau. Puis, Jacques Maritain explicite le caractère illusoire de la Souveraineté et montre le lien ténu qu'elle entretient avec l'absolutisme. I. La critique des théoriciens de la Souveraineté 1. L'« erreur originelle Jacques Maritain décrit clairement le but de son chapitre sur la Souveraineté, à savoir étudier la Souveraineté non d'un point de vue juridique, mais à travers le prisme de la philosophie politique. [...]
[...] Il n'y a donc qu'un pas entre la Souveraineté de l'Etat et le totalitarisme. - Enfin, l'Etat souverain n'est pas responsable du fait de son caractère transcendantal et suprême Finalement, Maritain souligne qu'il est dangereux de croire que l'Etat, en tant que personnification du peuple, peut exercer sa souveraineté car celle- ci est par essence absolue. C'est ainsi que Maritain ôte au concept de Souveraineté son caractère a priori légitime. Car si l'Etat était effectivement souverain, alors il serait absolutiste, ces deux notions étant absolument inséparables selon lui. [...]
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