L'insubordination ouvrière dans les années 68. Essai d'histoire politique des usines, Xavier Vigna, Mai 68, revendications, monde ouvrier, Confédération Générale du Travail, Confédération Française Démocratique du Travail, grève
« A l'origine de cette recherche se trouve une curiosité pour les grèves de mai-juin 1968, qui souffraient à nos yeux d'un double déficit : peu connues en regard des épisodes grévistes antérieurs, et notamment celui de 1936, elles étaient également fondues dans un mouvement de 1968, associé d'abord aux étudiants et cantonné ensuite aux rives de la Seine. » Cette phrase introductive de Xavier Vigna, marque bien le ton relativement novateur de son œuvre L'Insubordination ouvrière dans les années 68. Essai d'histoire politique des usines. Agrégé d'histoire, Xavier Vigna est maître de conférences d'histoire contemporaine à l'Université de Bourgogne. Membre du Centre Georges Chevrier (UMR 5605), il poursuit des recherches sur la conflictualité sociale et politique dans le second XXe siècle. Entre 1995 et 2003, Xavier Vigna est enseignant à Montreuil, dans le 93, où les mouvements sociaux dans les collèges et les lycées sont nombreux. Selon lui, cette période de sa carrière a sensiblement influencé son travail car il eût le sentiment d'avoir été « acteur de ces grèves et d'une certaine forme d'insubordination enseignante ».
[...] Ainsi l'usine devient-elle un lieu dominé par les acteurs traditionnels : hommes d'origine française et d'un âge moyen. B. Diversification du monde ouvrier : les jeunes, les femmes et les étrangers comme acteurs de Mai 68 Les témoins de Vigna souligne l'entrée dans l'action de nouveaux acteurs dont les jeunes, les femmes et les étrangers. Souvent mise à l'écart dans le passé ouvrier français, ils savent lors des grèves de mai-juin 68 se faire une place centrale dans le mouvement gréviste et faire entendre leurs revendications particuliers. [...]
[...] Contrairement aux femmes, les étrangers réussissent à établir leur propre bilan de revendications. Par exemple, ils exigent : la suppression des contrats provisoires, une fin à la discrimination dans la promotion sociale et également dans l'emploi, une seule carte de séjour pour toutes les professions et l'instauration d'un programme visant l'alphabétisation et la scolarisation des travailleurs immigrés et leurs familles. Ce bilan ne sera jamais pris en considération. L'État préfèrent expulser de plus en plus d'immigrés qui participent aux grèves à adresser leurs revendications. [...]
[...] Mais il est difficile de se rendre compte de l'ampleur des grèves dans les régions, car ce sont des espaces que Vigna qualifie de « mouvants, aux limites floues ». Pour Vigna, cela signifie que la contestation se diffuse des usines vers les périphéries industrielles. Lien entre usine et université Un lien se créé entre les usines et les universités. En effet, des militants ouvriers font leurs réunions dans des facultés occupées. Cela amène parfois à des affrontements en commun contre les forces de l'ordre. [...]
[...] » Ainsi le mouvement exerce-t-il un contrôle important sur la mobilisation féminine qui la rend assez limitée dans sa portée. Enfin, on constate l'entrée dans l'action des ouvriers étrangers. Leur entrée au sein du mouvement est à la fois accueillie et critiquée. D'une part, le discours se félicite de la participation des ouvriers étrangers, et d'une autre, il perçoit les étrangers comme des briseurs de grève. Néanmoins, les ouvriers étrangers arrivent à s'organiser. Ils créent des comité d'action des travailleurs étrangers en région parisienne et en province. Les participants principaux sont d'origine espagnole, portugaise, italienne, marocaine, algérienne et sénégalaise. [...]
[...] Un cédétiste raconte : « Ce matin pour la 1ère fois depuis 21 ans les camarades ont été reçus par François Michelin ». Pour en revenir aux syndicats en eux-mêmes, le vrai débat oppose la CGT à la CFDT. Le but premier de la CGT est d'assurer un débouché politique au mouvement de grèves. Dès le 15 mai 1968, la CGT appelle au « remplacement du pouvoir actuel par un gouvernement populaire » c-à-d un gouvernement avec un contenu social avancé, garantissant les droits des syndicats et la satisfaction des revendications des travailleurs. [...]
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