Ce texte, issu du livre Principes du gouvernement représentatif, fût écrit par B. Manin, en 1995. Il a pour principal but d'expliquer la différence entre les démocraties représentatives et les démocraties directes, qui se différenciaient non pas seulement par le fonctionnement de leurs institutions, mais également par le type de sélections des gouvernants.
En effet, dans la démocratie directe, certaines tâches étaient attribuées par tirage au sort, aux citoyens qui s'étaient préalablement inscrits sur les listes de leur Dème. Le système représentatif, lui, n'admet aucune valeur à ce système de sélection, pas beaucoup plus qu'il en attribue à l'hérédité (pour une majeure partie des démocraties actuelles). Il semble donc intéressant de voir en quoi les Athéniens trouvaient le tirage au sort avantageux, quels étaient ces risques et ces conséquences ? Tout d'abord, le fonctionnement des institutions athéniennes demandait beaucoup trop de postes : en ce point, il était impossible de faire des élections pour chacune de ces charges. Il y avait différents types de responsabilités où le tirage au sort était utilisé : certains Magistrats, qui n'exerçaient qu'un an (non renouvelable pour la même magistrature) ; les membres de la Boulè, dont le mandat était fixé également à 1 an, mais rééligible 1 fois ; les 6000 Héliastes, renouvelés tous les ans et qui pouvaient être nommés membres des tribunaux populaires ; et les Nomothètes qui votaient les lois (responsabilité possédée, auparavant, par l'assemblée).
[...] Ils étaient répartis en section, avec un quorum de membres, et parfois en quorum complet, suivant l'importance du procès. Il y avait, également, les 40 (qui n'étaient en fait que 30 jusqu'en -403). Il s'agit de juges itinérants dans les Dèmes, tirés au sort, qui tranchaient lors d'affaires civiles inférieures à 10 drachmes (monnaie antique). Enfin, pour les affaires civiles supérieures à 10 drachmes, on faisait appel aux arbitres publics (les diétètes). Ils étaient tirés au sort parmi les citoyens âgés de 60ans minimum. [...]
[...] La rotation amenait donc naturellement la justice du gouverné/gouvernant sans loi aucune. Ce type de sélection comportait, malgré tout, un risque majeur : celui d'attribuer une responsabilité vitale à un citoyen incompétent. Mais nous avons vu, précédemment, que toutes les fonctions n'étaient pas attribuées par le sort (seulement quelques-unes, généralement les plus basiques). De plus, les tirés au sort subissaient, avant de prendre leur fonction, une épreuve d'aptitude, de connaissance et de conscience. Puis, pendant le mandat, l'Assemblée et les tribunaux surveillaient constamment leur travail. [...]
[...] Effectivement, la plupart des démocraties actuelles sont des démocraties représentatives. Comme il a été précisé auparavant, ce type de démocratie se différencie de celle d'Athènes, car la décision des citoyens ne se fait connaître que par l'entremise de ses représentants. Dans L'Esprit des lois, Montesquieu explique que le grand avantage des représentants, c'est qu'ils sont capables de discuter affaires. Le peuple n'y est point du tout propre. Il ne doit entrer dans le gouvernement que pour choisir ses représentants ; ce qui est tout à sa portée. [...]
[...] A noter que c'est également dans ce même berceau politique qu'est née la philosophie, avec des auteurs comme Aristote, Platon et Socrate. On peut donc dire que la démocratie athénienne fût un modèle de l'antiquité, car c'est en effet le berceau dans lequel a débuté la politique, cette activité visant à institutionnaliser, à contrôler le pouvoir et à légiférer la société. En effet, Athènes s'impose en modèle par son activité législative et auto-instituante de la collectivité, en plus de son assemblée (Assemblées que l'on retrouve dans des tribus antérieures à l'antiquité, mais qui ne fonctionnaient que par une autogérance sur le court terme). [...]
[...] Du Seuil pages. -Mogens H. HANSEN, La démocratie athénienne, à l'époque de Démosthène, ed. Les Belles lettres (coll. Histoire) pages. -Daniel GAXIE, Démocratie représentative, ed. Montchrestien (coll. CLEFS politique) pages. -Claude MOSSE, Les Grecs inventent la politique, ed. [...]
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