La démocratie délibérative suppose que les décisions politiques légitimes telles que la distribution de fonctions publiques soient prises après discussion et décision collective de l'ensemble des citoyens y compris des minorités que constitue cette démocratie. Selon Rousseau, la légitimité d'une telle décision tient du fait que les citoyens font partis d'un tout, d'un seul et même corps. Chaque décision prise ensemble n'a donc pas pour intérêt de nuire à ce corps sous peine d'autodestruction.
Or selon Bernard Manin l'idéal de la démocratie délibérative va plus loin. Dans un article paru dans Le Débat en 1985, il propose une réflexion sur la démocratie délibérative. Vingt-quatre ans plus tard, ses idées sont toujours sur la table des débats philosophiques et c'est dans un entretien avec Loïc Blondiaux dans la revue Politix, qu'il revient sur ses écrits. Au cours de cet article, il devient le lien entre les philosophes français et anglo-saxons.
[...] Citons par exemple l'Angleterre, où la prise de décision lors de réunion est rapide, la délibération collective se fait en une réunion alors qu'en France, la prise de décision collective est beaucoup plus lente, les consensus sont beaucoup plus laborieux voir, sur plusieurs jours que dans l'entreprise anglaise1. Si ces observations se restreignent à deux entreprises de taille moyenne, qu'en serait-il d'un État tout entier ? 1 Cette observation irait de pair avec le fait que l'idéal de démocratie délibérative soit beaucoup plus évolué dans les pays anglo-saxons qu'en France. [...]
[...] En effet, les sondages traditionnels correspondent aux sociétés libérales où les citoyens sont interrogés occasionnellement et n'ont pas forcément connaissance des enjeux politiques sur lesquels ils sont sondés. De plus, les sondages traditionnels de par leurs dispositifs, accentuent le caractère privé de l'opinion publique et ne prennent pas en compte les débats et les délibérations collectives. Ils ne peuvent donc pas dégager une opinion publique telle qu'elle est définie par Loïc Blondiaux. Des nouvelles méthodologies comme garantes d'une démocratie délibérative Ces nouvelles méthodologies viennent proposer une alternative aux sondages traditionnels dans les années 1980 puis dans les 1990. [...]
[...] Ces méthodologies sont-elles aussi l'objet d'un article publié dans Politix par Loïc Blondiaux. I. Une vision idéaliste de la démocratie délibérative La délibération pour obtenir l'accord d'autrui Il faut penser la délibération comme un processus permettant de prendre des décisions par l'accord aval d'autrui et non comme un marchandage ou comme un accord d'échange. En avançant des arguments et en échangeant des avis. En effet, l'idée centrale de la démocratie délibérative se fonde sur le fait que les individus n'ont pas d'avis tranchés sur une question et qu'ils sont imperméables aux autres avis de leurs congénères. [...]
[...] "L'idée de démocratie délibérative dans la science politique contemporaine - entretien avec Bernard Manin", Loïc Blondiaux (2004) La démocratie délibérative suppose que les décisions politiques légitimes telles que la distribution de fonctions publiques soient prisent après discussion et décision collective de l'ensemble des citoyens y compris des minorités que constitue cette démocratie. Selon Rousseau, la légitimité d'une telle décision tient du fait que les citoyens font parties d'un tout, d'un seul et même corps. Chaque décision prise ensemble n'a donc pas pour intérêt de nuire à ce corps sous peine d'autodestruction. [...]
[...] Limite de l'idéal délibératif Un idéal incompatible avec la nature humaine ? Pour que ces méthodes soient efficaces, il faudrait les appliquer sur toute la population de cette démocratie, puisque l'idéal délibératif insiste sur le fait que l'opinion publique doit se fonder sur la participation des citoyens compris les minorités). De plus, la question des responsables des questionnaires donnés aux citoyens reste posée. Qui possède la légitimité pour concevoir les questionnaires de manière la plus neutre possible (c'est-à-dire sans que les propositions influent les réponses des sondés) ? [...]
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