S'il est évident qu'il existe une pluralité de visions historiques au sein même de la société, il semble important d'écrire une Histoire officielle dans une perspective de maintien de l'identité nationale, base même de la Nation pour Ernest Renan. Mais alors, quelle Histoire officielle doit-on adopter? Qui doit écrire cette Histoire? L'historien est-il le seul à se prononcer en histoire ? Cette dans cette perspective que la question "Les historiens sont-ils les gardiens de l'Histoire?" mérite d'être posée.
[...] Or, Dans le cas de faits faisant l'unanimité au sein des historiens, cela ne pose pas de problème. Mais dans le cas de faits encore débattus, comme la question de savoir si on peut parler de génocide arménien on peut se poser un certain nombre de questions mis en exergue par René Rémond dans son livre: Est-ce le rôle des représentants de la nation de se prononcer dans un tel débat? Sont-ils qualifiés à cette fin? Leur position doit-elle prendre la forme d'une loi? Le troisième point de critique concerne le jugement établi par ces lois. [...]
[...] Pourtant, il est important d'étudier des faits et comportements humains en essayant de comprendre les valeurs et coutumes de l'époque. Or, les hommes politiques, avec les lois mémorielles établissent un jugement propre à leur époque. A cet égard, René Rémond nous dit dans son livre: Quand au jugement moral, la compréhension certainement, la qualification peut-être, doivent se faire en fonction des critères de l'époque étudiée. De même que les lois ne sont pas rétroactives, le jugement ne peut l'être non plus. [...]
[...] L'Histoire doit donc rester le récit des faits établis par une quantité limitée de personnes pouvant être qualifiées d'historiens. Mais comment distinguer les vrais historiens des personnes prônant une vérité historique telle que le négationnisme? Faut-il se fier à tous les historiens? Comment lutter contre le révisionnisme? Il est vrai qu'il est difficile d'établir une vérité historique. Et l'on peut même se demander si celle-ci existe dans la mesure où l'historien est un homme avec ses préjugés et ses valeurs. Existe-t-il une Histoire objective? La naissance de l'historiographie marque une prise de conscience de l'imperfection du récit historique. [...]
[...] Les historiens professionnels sont-ils les seuls à pouvoir juger le passé? Pour certains, le droit de parler d'histoire appartient à tous, il n'est pas réservé aux historiens professionnels. Des intellectuels ayant accompagné les mouvements visant à obtenir une reconnaissance des crimes et préjudices subis dans le passé ainsi que certains historiens ont témoigné leur désaccord avec les signataires de l'Appel des 19 avec un texte publié dans L'Humanité dans lequel il dénonce un certain corporatisme: La réflexion critique sur le passé n'appartient pas aux seuls historiens, mais concerne la totalité des sujets [ ] qui souhaitent se situer dans le monde contemporain en toute connaissance En guise de réponse, les 19 personnalités ont publié un communiqué précisant que les motivations des signataires ne sont nullement corporatistes», et que l'Appel demande la liberté pour l'histoire, pas pour les historiens (René Rémond) puisque l'histoire ne leur appartient pas, pas plus qu'aux politiques Ces deux points de vue se rejoignent donc. [...]
[...] Cette dans cette perspective que la question Les historiens sont-ils les gardiens de l'Histoire? mérite d'être posée. Dans un premier temps, nous verrons que l'historien n'est pas le seul juge du passé Puis, nous traiterons du fait qu'il est tout de même l'ultime garant de cette histoire. L'historien n'est certes pas le seul juge du passé . De nos jours, parallèlement à l'histoire des historiens, une version plus accessible de l'histoire se développe avec, notamment, la publication de nombreux ouvrages grand public se vendant à des milliers d'exemplaires. [...]
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