Le groupe et l'individu sont des notions trop polémiques pour être définies par l'évidence ou le sens commun. Complètement encastrés dans les raisonnements théoriques et pratiques de pensées probablement incompatibles – libéraux, conservateurs, marxistes –, ils déclenchent des réactions en chaîne logiques dans les démonstrations. Toute approche implique a priori une prise de position sur les questions soulevées : conservateurs et marxistes seraient associés au pôle « groupe », libéraux au pôle « individu ».
Mais le problème de la définition du groupe et de l'individu ne s'arrête pas là. Au-delà de leur dimension polémique, les deux termes semblent renvoyer suffisamment l'un à l'autre pour que toute tentative de caractérisation ne soit qu'une tautologie circulaire. Le groupe est un ensemble d'individus, l'individu est membre d'un groupe. Au lieu donc de chercher en vain l'astuce permettant les fixer dans l'absolu, on peut essayer de saisir ces notions dans leur relativité même, du tout à la partie et de la partie au tout. L'individu est l'indivisible au sein du groupe, le groupe la matrice et l'horizon des individus. Il faut préciser que l'individu et le groupe ne sont que des abstractions – nécessaires à l'analyse sans doute - d'un ensemble relationnel, par voie de conséquence plus complexe, et organisé autour de quelques problèmes qu'il faut maintenant délimiter dans l'optique de la démocratie contemporaine.
La « démocratie contemporaine » est une idée extrêmement vague, d'autant plus qu'on n'en définit pas le critère. On prendra donc, par hypothèse, l'ensemble des pays s'identifiant à la démocratie libérale représentative, qui présentent politiquement une certaine unité – Etat-nation, organisation en partis, élections libres, système de droit, libéralisme. Cet objet sera entendu dans un sens relativement large : on envisagera les problèmes politiques dans leur cadre socio-culturel : des groupes comme la classe sociale ou la famille ont une dimension politique, même s'ils ne s'y réduisent pas.
Quels sont donc les axes sur lesquels s'organise le rapport groupe/individu ? On peut organiser les rapports groupe/individu en deux parties, relatives à la construction et à l'hétérogénéité des groupes et individus.
[...] On voit également au niveau individuel la réappropriation de discours institutionnellement séparés dans des techniques de subjectivation. Le rapport groupe/individu n'est donc plus à envisager comme la relation univoque de deux pôles fixes mais comme la reconstruction perpétuelle de deux points de cristallisation le groupe et l'individu - par des logiques hétérogènes de pouvoir et d'identité. Bibliographie - Hobbes, Léviathan - Rousseau, Discours sur l'origine de l'inégalité - Marx, L'idéologie allemande - Marx, Manifeste du Parti communiste - Easton, David, The Political System: An Inquiry into the State of Political Science. [...]
[...] L'individu n'est pas essentiellement porteur d'une singularité unifiante. Il est contraire traversé par des décalages et des contradictions constitutifs. Bernard Lahire, dans La culture des individus, dissonances culturelles et distinction de soi, montre par exemple dans un cadre bourdieusien comment les individus ont des profils plus ou moins dissonants, associant le légitime et l'illégitime. Cette hétérogénéité de la position de l'individu politique s'observe par exemple dans les rationalités développées par l'électeur, qui heurtent le sens politique formé dans l'unité des idéologies dominantes. [...]
[...] Tout d'abord, l'hétérogénéité du groupe politique, entre les individus constituant le groupe ou entre les différentes positions institutionnalisées du groupe. Il y a d'une part diversité sociale des composantes du groupe, d'autre part des phénomènes de hiérarchisation au sein du groupe. Quand l'hétérogénéité est ressentie comme trop pénalisante, il y a séparation du groupe en groupes distincts. Un exemple particulièrement parlant d'une diversité problématique de la composition sociale d'un groupe politique : le rôle des intellectuels au sein des partis communistes. [...]
[...] Cette mobilisation de l'individu est à nouveau suivi d'une réponse du groupe, puis d'une nouvelle réaction des individus, et ainsi de suite. Avant d'aborder la question de l'hétérogénéité du groupe et de l'individu politiques, il faut mentionner un dernier problème. Sachant que tout individu et tout groupe se construisent dans le même mouvement dialectique, cela signifie-t-il pour autant que toutes les formulations politiques de l'individu ou du groupe ont la même réalité ? N'y a-t-il pas une variation entre une dénomination qui réfèrerait à des catégories réelles et une dénomination qui les créerait de toute pièce ? [...]
[...] S'opposent alors théories spontanéistes et théories de mobilisation des ressources. Un lien direct a été établi, par les théories de la privation, entre le niveau de vie et les mobilisations : les individus se mobiliseraient lorsque leur niveau de vie baisse, en temps de crise. Un exemple type pourrait être la Révolution française. Cela nécessite cependant le recours à des normes qui permettent à l'individu d'identifier le niveau en dessous duquel une situation devient inacceptable. C'est par exemple ce qu'affirme Barrington Moore en recourant à la notion de norme universelle de justice distributive. [...]
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