Dans ce texte issu d'un ouvrage de réflexion globale sur l'Etat (La recomposition de l'Etat en Europe, publié en 1997), Gianfranco Poggi qui suivit des études de droit en Italie avant d'entamer un cursus en sociologie, analyse l'évolution de l'Etat et de ses rapports avec la société. Pour cela, il discute une définition de l'Etat proposée par Bertrand Badie, politologue français, qui est la suivante: «L'Etat, c'est en premier lieu une question de sociologie interne: un espace public qui se forme face à une société civile avec la prétention d'assurer le monopole des fonctions publiques des allégeances prioritaires qui constituent l'obéissance civile, de différencier le politique et le social par le recrutement d'un personnel propre et la production d'institutions propres».
A partir de cette définition, l'auteur s'attache à expliquer en quoi l'Etat, par un mécanisme particulier d'institutionnalisation du pouvoir politique, est une question de sociologie interne, avant de rappeler que l'Etat s'est largement construit par l'affirmation de sa puissance guerrière face à d'autres pays. « L'Etat, c'est la guerre », comme aime à le rappeler P. Le Galès, et les illustrations historiques ne manquent pas pour étayer cette thèse: on pense notamment aux trois guerres qu'a mené Bismarck pour pacifier la Prusse en désignant des ennemis communs et finalement créer l'Etat allemand. Poggi cherche à souligner la spécificité de l'organisation politique sous forme d'Etat et à retracer ses fondements et ses étapes. Il redéfinit ainsi la nature du pouvoir politique en s'inscrivant dans la lignée de Hobbes: le pouvoir politique trouve sa source dans la peur de la force physique de l'Autre. C'est pourquoi on donne à une entité le monopole de la force physique (on retrouve ici la théorie wéberienne de l'Etat comme entité détenant le monopole de la violence légitime). Il explique ensuite la formation de l'Etat comme modalité de l'institutionnalisation du pouvoir politique, ceci en passant par trois grandes étapes.
[...] Poggi cherche à souligner la spécificité de l'organisation politique sous forme d'Etat et à retracer ses fondements et ses étapes. Il redéfinit ainsi la nature du pouvoir politique en s'inscrivant dans la lignée de Hobbes: le pouvoir politique trouve sa source dans la peur de la force physique de l'Autre. C'est pourquoi on donne à une entité le monopole de la force physique (on retrouve ici la théorie wéberienne de l'Etat comme entité détenant le monopole de la violence légitime). [...]
[...] En filigrane, l'auteur cherche à montrer que l'Etat est de nature changeante, qu'il est souple et donc adaptable. Selon lui, l'Etat qui est une construction historique de l'Europe post-médiévale, porte en lui une souplesse qui lui permet de traverser les siècles en s'adaptant et en se modifiant. Ainsi, il commence par rappeler la thèse de Weber selon laquelle le pouvoir politique n'a pas de fin en soi, il peut donc être instrumentalisé par la société ou par le groupe au pouvoir tant pour exploiter que pour assurer le bien-être de la population. [...]
[...] Il en vient alors à souligner le rôle de la guerre dans la pacification et la construction de l'Etat, tout en affirmant que la guerre a également favorisé l'infiltration de l'Etat dans de nouveaux domaines. L'auteur esquisse ainsi le tableau de la naissance de l'Etat Providence, pour finir par en critiquer la généralisation. Il relève en effet que l'Etat, de part sa bureaucratisation croissante et sa diversification, finit par ne plus être unitaire mais par ressembler un ensemble protéiforme qui se détache progressivement de la société. [...]
[...] Il se fonde principalement sur des théories de l'Etat et s'appuie sur des faits qu'il ne recontextualise que très peu. Il prend le parti de faire référence à l'Etat en général et décide de ne pas adopter de démarche comparative ou historique entre plusieurs Etats. C'est peut-être cette démarche très abstraite qui surprend, car s'il précise qu'il s'appuie sur la notion d'Etat en général, il ne justifie pas la pertinence de ce choix. L'absence de références historiques concrètes m'a paru affaiblir son argumentation, puisqu'il est parfois difficile de resituer et de contextualiser la pensée de l'auteur. [...]
[...] L'analyse de Gianfranco Poggi s'inscrit dans la lignée relativement classique de la conception libérale de l'Etat, puisqu'il fonde une grande partie de son raisonnement sur des fondateurs comme Hobbes ou encore Kelsen. Il reprend également les principales critiques faites à l'Etat Providence depuis les années 90, qui s'appuient notamment sur la chute du communisme soviétique analysé comme l'échec du tout-étatique Il y fait notamment allusion à la fin de son texte lorsqu'il préconise un équilibre entre pouvoir économique et pouvoir politique, en évoquant les conséquences de l'Etat totalitaire soviétique. [...]
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