Johan Gottlieb Fichte, philosophe allemand acquis aux idées de la révolution française, tint en 1807 dans Berlin occupée par les troupes de Napoléon des conférences qui furent transcrites dans Discours à la nation allemande.
Cet ouvrage est devenu le texte matriciel de la conception allemande de la nation, que l'on oppose traditionnellement à la conception française de la nation présentée par Renan. On attribue à Fichte la paternité de la pensée pangermaniste (mouvement cherchant à unifier tous les territoires de langue allemande), et une influence sur le nationalisme allemand en général. Il est nécessaire d'inscrire la pensée de Fichte dans le contexte du romantisme allemand au XIXème siècle : le contexte politique de morcèlement du territoire germanophone en différents états, occupés par un envahisseur étranger et les idées révolutionnaires (dont Fichte fut le défenseur) favorisent le développement du sentiment national.
Fichte dans ce livre, et en particulier dans cet extrait du Premier discours qui en constitue un "avant-propos et aperçu général" livre un apport particulier à la réflexion sur l'Etat, puisqu'il propose une conception d'un état puissant ayant comme support la nation. Il présente une Nation-Etat, au service de la puissance de l'Allemagne.
En quoi Fichte propose-t-il une nouvelle conception de l'Etat, fondée sur l'appartenance objective à une nation ?
On verra donc comment Fichte présente l'idée de nation comme la solution au déclin multiforme des territoires germanophones autrefois puissants (I) avant de dégager du texte la conception de la Nation-Etat qu'il propose pour l'Allemagne, en rupture claire avec les conceptions précédentes de l'Etat (II).
[...]
Préexistence de critères culturels le différenciant des autres peuples.
- L'Allemagne comme Peuple-Nation à part. La définition fichtéenne de la nation par des critères culturels objectifs. Idée de race dans certaines traductions.
L'exemple de la langue : la primitivité de la langue comme marque distinctive de la supériorité de la nation allemande par rapport aux autres peuples (influencés par le latin).
- Lien entre ces critères et la longévité de la nation allemande : la nation comme solution
La métaphore de la résistance à l'envahisseur (...)
[...] L'état est une nécessité pour cette nation Faire s'épanouir la nation et le Volksgeist allemand Idée de fédération autour de l'idée de nation allemande, d'invitation au peuple allemand à se reconnaitre en raison de traits objectifs communs. Idée d'éducation. Eduquer à l'amour de la patrie est une des fonctions du nouvel état, et Fichte définira cette éducation dans le reste de ces discours . pour protéger la nation des envahisseurs Le patriotisme permet de défendre la nation et l'état De la paix civile à la guerre extérieure : Fichte est-il belliciste ? [...]
[...] Sous-entendu, n'importe quel état allemand qui veut prendre à sa charge l'unification peut le faire. L'état n'est nullement quelque chose de principiel L'Etat n'est pas une fin en soi, mais un moyen de protéger les membres de la nation. - L'Etat a besoin de la nation pour être stable Etat qui s'appuie sur la nation crée plus qu'un esprit, une flamme dévorante à même de permettre la défense du pays et sa puissance. (cf. bas du paragraphe 3 page 166). [...]
[...] Pour Fichte, la nation allemande existe par des critères objectifs dans tous les membres du peuple allemand, de la race allemande. Elle préexiste à tout état mais elle a besoin d'un état pour se protéger. Les états morcelés aux gouvernants égoïstes ont failli à cette tâche. Le peuple allemand, par son caractère originel dont atteste sa langue primitive serait animé d'un Volksgeist commun, qui permet d'y instiller le patriotisme pour instaurer un nouvel état qui le préservera du déclin. La postérité de la conception fichtéenne de la nation est composite : on en a détaillé les principales lignes, des ultranationalistes bellicistes voire nazis, à des lectures plus philosophiques ou originales, comme celles soulignant l'influence des lumières et de la révolution y compris dans ses Discours. [...]
[...] Il lie les conséquences de cet égoïsme avec le morcellement, et la défaite des états allemands au 19e : Mais quand tous les phénomènes mentionnés se conjuguent, la république s'écroule dès le premier assaut sérieux lancé contre elle - L'utilisation de l'histoire : Il n'en a pas toujours été ainsi. Fichte développe la nostalgie d'un passé glorieux (en creux, du saint empire romain germanique, bien que non cité ici) pour montrer les conditions de la puissance allemande. Utilisation de l'exemple romain : résistance culturelle et gloire militaire. [...]
[...] Balibar, Fichte et la Frontière intérieure Bibliographie et sources : FICHTE, Johan Gottlieb, Discours à la Nation allemande, extrait du recueil de Jean Picq FICHTE, Johan Gottlieb, Discours à la Nation allemande, première traduction de Léon Philippe (7e édition, Delagrave, 1942). [exemplaire de la bibliothèque de Sciences Po] ENTHOVEN, Raphael, émission de France Culture Les nouveaux chemins de la connaissance du 01/07/2011 avec Jean-Christophe Goddard : Le XIXème siècle à travers les âges 5/5 : Fichte et la nation allemande PICQ, Jean, Une histoire de l'état en Europe, Presses de Sciences Po RAYNAUD et RIALS (dir.), Dictionnaire de Philosophie Politique Le Figaro Magazine du 29 septembre 2012 (conclusion et exemple d'A. [...]
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