Dans son ouvrage l'Afrique sans dette, publié en 2005, Damien millet dénonce de manière virulente le néocolonialisme qui s'implante, depuis des décennies, en Afrique. Le chapitre 8 commenté ici, L'Afrique muselée, Un camp de redressement néolibéral, traite des différents mécanismes mis en place par les grandes puissances pour conserver leurs mains mises sur les pays africains. L'hypocrisie qui les entoure doit, elle aussi, être dénoncée.
En effet, la lutte contre la pauvreté, que les acteurs internationaux agitent tel un drapeau blanc à chaque contact médiatisé avec l'Afrique, n'est qu'un leurre destiné à taire l'unilatéralité de ces accords et masquer les tentatives de son raccordement au marché mondial.
Il convient alors de se demander en quoi ces échanges, commerciaux ou sociaux, peuvent alimenter la théorie d'un néocolonialisme grandissant ?
[...] Millet, sa critique de ce néolibéralisme conquérant étant pour moi une merveille à la fois rhétorique mais aussi sur ses fondements, force est de constater que les solutions manquent à l'appel. Les constats chiffrés des différentes interventions occidentales en Afrique sont solides, certes, l'analyse qu'il construit aussi, mais où est le dénouement tant attendu que l'on est en droit d'espérer après pareil virulence à l'égard des acteurs économiques internationaux les plus puissants ? Où sont les propositions, auxquelles on ne demande aucune perfection d'ailleurs, que l'auteur est en mesure d'avancer ? [...]
[...] Il transpire donc de son curriculum vitae, ou du moins de ses « hobbies », une forte implication dans la lutte contre les injustices subies par les pays les moins développés, notamment les pays africains. Cependant, il serait erroné de croire que cet auteur, spécialiste dans le domaine qu'il traite dans de nombreux travaux, à savoir les contraintes économiques dans lesquels les états les moins puissants sont enlisés vis-à-vis de la communauté internationale, fasse une fixette sur le continent africain en particulier : en témoigne, par exemple, le livre qu'il a écrit, en 2004, avec François Mauger au sujet de la situation de la Jamaïque8 Damien Millet et François Mauger, La Jamaïque dans l'étau du FMI : la dette expliquées aux amateurs de reggae, aux fumeurs de joints et aux autres, L'esprit Frappeur Ce dernier point mérite, selon moi, d'être souligné car une accusation de subjectivité pourrait être trop rapidement avancée. [...]
[...] C'est pourquoi, cet unique reproche sur le manque d'audace de l'auteur enlève, selon moi, une certaine crédibilité à un expert qui ne se mouille pas. Et cette tendance est révélatrice des turbulences traversée par le monde dans son ensemble aujourd'hui, à savoir cette fâcheuse manie de délégitimer le travail des autres, sans être capable d'en fournir un équivalent. N'allait pourtant pas croire que je juge les initiatives occidentales de redressement de l'Afrique honorables, au contraire, elles contribuent, de part mon occidentalisme, à un sentiment de gêne personnelle inévitable vis-à-vis de mes compatriotes du monde entier. [...]
[...] Cependant, la faiblesse de ce plan réside dans l'absence de volonté des différents acteurs de considérer la spécificité africaine, ceci afin d'ouvrir la voie aux capitaux étrangers par le biais de politiques libérales pures. Et l'auteur de citer la bévue rhétorique de Tony Blair, alors Premier Ministre de la Belle Albion, pour qui « le gouvernement travailliste de Grande-Bretagne a [ ] conçu le NEPAD »5 Le Monde février Ces nobles précurseurs africains ont, semble-t-il, été plus que guidés dans leurs initiatives Cette communauté internationale qui, selon D. [...]
[...] Comme le rappelle l'auteur, il ne s'agit pas ici d'un accord mais d'une loi absurdement inégale. Est-ce bien utile de préciser en faveur de quelle partie la balance penche ? Les Etats-Unis élargissent leurs réseaux de fournisseurs-importateurs en Afrique, en alimentant, dans une moindre mesure, l'économie de ces pays dont les options restent néanmoins limitées. La communauté internationale laisserai-t-elle les puissants asservir les faibles ? En accordant qu'une telle loi soit appliquée, loi interdisant, par exemple, aux pays membres de l'Agoa de voter « contre les intérêts américains au sein des instances internationales »3 Damien Millet, p elle semble avoir choisit son camp D'autres pays, envieux, ont également usé de stratagèmes pour s'implanter en Afrique, stratagèmes qui ne sont jamais altruistes et inintéressés. [...]
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