Le 1er septembre 2009, le ministre de l'Immigration et secrétaire adjoint de l'UMP, Eric Bresson, a déclaré dans une interview qu'il souhaitait « un débat sur le vote des étrangers en France ». Cela est assez cocasse dans la mesure où le débat est déjà lancé depuis plus de vingt ans. En effet, le vote des étrangers en France est un sujet polémique qui met en perspective le rôle de l'appartenance sociale et ethnique, l'idée d'une identité nationale et l'intégration des immigrés dans la société française. L'enjeu de ce droit de vote pour les étrangers met finalement en avant le rapport entre politique et ethnicité.
A travers les textes étudiés, on découvre le rapport qu'entretiennent la France et ses institutions avec les ethnies mais aussi l'influence que celles-ci ont sur la vie politique. En effet, cinq textes nous ont été proposés : Tabous et enjeux autour de l'ethnicité maghrébine dans le système politique français, de Geisser V., Hily M.-A., Kelfaoui S. et Martiniello M. qui traite du rapport qu'on les Maghrébins avec la politique en France et des actions des pouvoirs publics à ce propos. Ensuite, Le « vote juif » en France de Schnapper D., Strudel S. met en avant la spécificité du rôle politique de la communauté juive. Le troisième texte est de Brouard, Tiberj et s'intitule Français comme les autres ? Enquête sur les citoyens d'origine maghrébine, africaine et turque. On y apprend que le vote des immigrés n'est pas si différent de celui de la population globale française. Tous ces textes sont extraits d'ouvrages de sciences politiques excepté le premier qui est tiré de la revue européenne de migrations internationales. Enfin, le dernier texte est composé de différents articles du Monde qui montrent l'évolution de l'opinion publique et des partis politiques français vis-à-vis de la question du vote des étrangers : - « Etrangers hors les urnes », Le Monde, 24/05/1990. - « Le droit de vote aux immigrés, un débat récurrent », Le Monde, 25/10/2005. - « M. Sarkozy : les communautés, c'est moi », Le Monde, 8/03/2006 - « La diversité en politique progresse au niveau local », Le Monde, 21/01/2009.
Ces textes nous permettent donc d'analyser le comportement politique des groupes ethniques en France et d'en mesurer la réelle influence. En quoi l'ethnicité et le comportement électoral qui en découle sont un enjeu politique clef en France ? Quelles en sont les conséquences sur le vote des étrangers ? Dans une première partie nous verrons le comportement électoral des minorités ethniques en France. Puis, nous nous intéresserons à l'enjeu que représente ce rapport entre ethnicité et politique dans la société française. Enfin, nous illustrerons cet enjeu par la polémique que suscite le droit de vote des étrangers en France.
[...] Mais leur avis dépend du contexte politique et économique, de clivages sociologiques et politiques : 77% de ceux qui se déclarent une préférence partisane pour la gauche sont favorables au vote des étrangers aux élections municipales, contre seulement 57% des partisans de droite. L'avis des Français est lié à leur identification partisane et donc aux arguments exprimés des hommes politiques. Les deux arguments pour qui reviennent le plus souvent sont le fait que les étrangers payent des impôts et devraient pouvoir donner leur avis sur l'utilisation qui en est faite. Le deuxième argument principal concerne les droits sociaux et économiques qu'ont acquis les étrangers, leur offrant une citoyenneté sociale qui se doit d'être prolongée par le vote. [...]
[...] Cette méfiance vis-à-vis de l'ethnicité s'explique de deux manières. D'une part, le processus de décolonisation et le génocide nazi ont largement marqué les mémoires, ce qui freine les analyses sur l'ethnicité, de peur de revenir à une idéologie raciale D'autre part, la société française est en permanence comparée aux sociétés anglo-saxonnes et craint l'influence du modèle américain avec ses discriminations raciales multiples et sa fragmentation sociale. L'ethnicité est donc jugée extérieure à notre propre univers socioculturel. Ainsi, le principe d'ethnicité ne semble pas être en cohésion avec les valeurs de la République française. [...]
[...] L'hypocrisie des acteurs politiques qui instrumentalisent la voie communautaire pour faire bonne figure montre bien le malaise que suscite cette situation. Ainsi, en novembre 2008, alors que Barack Obama est élu Président des Etats-Unis, Le Journal du dimanche a publié un sondage IFOP selon lequel 80% des Français se disent prêts à "voter un jour pour un candidat noir" à une élection présidentielle. Paradoxalement, seulement 47% des sondés pensent qu'un candidat noir "aurait des chances" d'être élu à la présidence française. [...]
[...] L'ethnicité est un enjeu politique majeur qui fait débat en France. Tout d'abord, si l'on s'attarde sur la réticence quant à une révision de la Constitution et à une participation des étrangers dans l'élection du Sénat, on en vient à constater une conception indivisible de la souveraineté nationale En d'autres termes, la souveraineté nationale est l'un des principes fondateurs de la République française donc il est très difficile de céder du terrain aux étrangers. Pour la même raison, l'idée qu'avec le droit d'éligibilité les étrangers puissent devenir maire et exercer une influence politique nationale pose problème. [...]
[...] Même l'auto positionnement politique des juifs est proche de celui de la population globale : un tiers à gauche, un tiers à droite et un tiers dans le Marais. Enfin, le poids électoral des juifs est quasiment nul. Pour que leur vote ait un réel impact, il faudrait que les juifs soient nombreux, aient une préférence affirmée pour un camp, et que lors d'un scrutin serré, la majorité d'entre eux vote pour le candidat contraire aux résultats obtenus sans leurs votes. [...]
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