Au XIXème siècle, le célèbre révolutionnaire anarchiste russe Mikhail Aleksandrovitch Bakounine prophétisait la fin de l'Etat, s'écriant que « L'État, c'est le mal, mais un mal historiquement nécessaire, aussi nécessaire dans le passé que le sera tôt ou tard son extinction complète ». Pourtant, un siècle plus tard, l'Etat est bel et bien toujours présent et reste une institution grandement étudiée.
En effet, en 1979, Pierre Birnbaum, historien et sociologue, professeur de sociologie politique à Paris I ainsi qu'à l'Institut d'Etudes Politiques de Paris et Bertrand Badie, politologue spécialisé en relations internationales, enseignant-chercheur au CERI (Centre d'Etude des Relations Internationales) et professeur à Sciences Po Paris, publient une Sociologie de l'Etat.
A l'heure où la forme étatique du pouvoir semble ancrée de manière définitive dans les institutions, les deux auteurs se penchent sur les raisons de cette domination et cherchent à penser l'Etat actuel à travers une analyse de la naissance de ce qu'on appelle « l'Etat Moderne » en Europe occidentale. Cependant, que désigne-t-on par la notion d'« Etat moderne » ? Comment est-il né ?
[...] Il est possible en effet d'entreprendre une critique de l'Etat moderne. En partant d'abord de la théorie même des classiques, pour arriver vers une critique de la portée universaliste du modèle de l'Etat moderne en passant par une critique de la différenciation, l'Etat moderne comme forme implacable du pouvoir demeure une idée contestable. Une Critique émanant d'abord des classiques peut en effet être décelée chez Marx ou Durkheim par exemple. En effet, si Marx a montré comment l'Etat naquit jadis d'une différenciation de la société civile, il s'opposa pourtant totalement à un Etat de cette nature, c'est-à-dire, fondé sur la division du travail. [...]
[...] En effet, pour Parsons, cette forme de conception de l'Etat est la plus achevée et rassemble les conditions les plus favorables à une action politique efficace. Ainsi, une conception de l'Etat indépendant de la société n'est ici plus source d'explication à sa genèse comme ce fut le cas pour les classiques, mais devient une condition nécessaire à son bon fonctionnement, l'Etat étant, pour les fonctionnalistes, avant tout fonctionnels. Un changement s'opère donc dans la conception de l'Etat pour les contemporains. Certes, la différenciation des structures sociales explique sa naissance, mais elle devient nécessaire à son évolution. [...]
[...] En effet, rappelons la date de publication du livre : 1979, c'est-à-dire une période où l'analyse marxiste de l'Etat, défini comme l'instrument de la classe dominante est encore très dominant. Mais 1979, c'est aussi la présidence Giscard d'Estaing, ce dernier conférant à l'Etat le rôle non pas de protéger la nation mais de la conduire Ainsi, dans un contexte très fortement marqué, l'interrogation porte sur la genèse de l'Etat moderne, mais aussi sur la forme que celui-ci a adopté, notamment par rapport à la société civile, d'où finalement, la question qui transparaît dans l'étude de ce texte : Comment est né l'Etat moderne en Europe occidentale et sous quelle forme s'est-il généralisé ? [...]
[...] En fait, l'Etat repose sur un appareil bureaucratique, fondé notamment sur l'armée ou la police qui constituent des instruments permettant la séparation d'avec la société civile, et donc, l'indépendance de l'Etat. C'est pourquoi les auteurs utilisent cette explication de la naissance et de la séparation de l'Etat pour exprimer l'idée d'un Etat qui prend conscience de lui-même une fois qu'il s'est construit bureaucratiquement. Concrètement, il naît lorsqu'il se sépare de la société civile ; Le bonapartisme, par exemple, constitue une belle illustration de ces propos : en effet, en renforçant sa bureaucratie, Bonaparte s'est littéralement affranchie de la société. [...]
[...] En effet, Badie et Birnbaum parviennent à dégager une sociologie de l'Etat de la Division du travail social de Durkheim. En effet, on sait que, selon ce dernier, le développement des sociétés se fait à partir de la division du travail. Celle-ci, en engendrant l'apparition de nouvelles structures provoque l'apparition de nouvelles formes de pouvoir, d'où l'apparition de l'Etat moderne. L'idée principale à retenir en fait est que, plus les sociétés se développent, plus l'Etat va se développer. L'Etat naît donc dans la société ici, elle-même issue de la division du travail. [...]
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