John Locke (1632-1704) est né près de Bristol d'une famille modeste de tradition puritaine. Sa jeunesse se déroule sur fond de révolution. La première révolution anglaise débute le 4 janvier 1642 avec le soulèvement de Londres et prend fin le 9 février 1649 avec la décapitation de Charles Ier Stuart. Aussi, arrivé à Oxford en 1652, les études de Locke coïncident-elles avec la période de la République. Médecin particulier de lord Ashley qui deviendra comte de Shaftesbury, Locke lui fera office de secrétaire attitré, subissant les contrecoups de sa carrière politique. Lorsqu'après de multiples péripéties Shaftesbury quitte l'Angleterre pour les Pays-Bas, Locke, craignant d'être arrêté, s'y réfugie aussi (7 septembre 1783). Son exil coïncide avec la seconde révolution d'Angleterre. Il ne regagne pas l'Angleterre en novembre1688 avec Guillaume d'Orange (1650-1702), mais en février 1689 avec la princesse Mary (1662-1694), l'un et l'autre étant couronnés sous les noms de Guillaume III et de Marie II Stuart. Il ramènera avec lui deux manuscrits, les Deux essais sur le Pouvoir civil. Le premier traité est une réponse au Patriarcha de Sir Rober Filmer, le défenseur de la monarchie absolue. Locke y réfute ses arguments, qui justifiaient la toute-puissance royale par celle, qu'il croyait naturelle, du père sur ses enfants. Le second traité est un essai concernant l'origine, l'extension et la finalité véritable du pouvoir civil. La soif de Locke, c'est l'antiabsolutisme, le désir de l'autorité contenue, afin d'éliminer le risque de despotisme. Cette soif entraîne la volonté intellectuelle de démolir une fois pour toutes la doctrine du droit divin : détestable invention des Stuarts, d'une certaine théologie à la fois catholique et anglicane, qui couvre du manteau divin les pires excès de l'autorité.
[...] Les hommes seraient tombés dans un état perpétuel de guerre s'ils n'avaient délégué leurs pouvoirs à un gouvernement capable de sauvegarder la liberté et l'égalité primitives. Certains profitent de cette absence d'autorité supérieure pour contourner les lois et conduisent ainsi à créer un climat de violence. La constitution des sociétés Le contrat social qui permet le passage de l'état de nature à l'état politique, n'est cependant pas un pacte d'association ni de soumission : cela serait trop favorable au prince selon Locke. Ici, c'est le renoncement volontaire de chaque individu à son droit naturel qui définit le consentement des citoyens aux lois de l'Etat. [...]
[...] L'état de nature ne connaît que la justice privée. C'est précisément cette absence d'organisation qui va amener la fin de l'état de nature. Les hommes y ont un intérêt évident. Ils pensent tous qu'ils pourraient être mieux s'il y avait des lois positives, des juges pour les interpréter et un pouvoir exécutif pour les appliquer. Cet état de nature où sont absents tout pouvoir de contrainte et toutes lois fixes, est toutefois moins un état de guerre au sens où l'entend Hobbes, qu'un état imparfait, à la faiblesse duquel doit œuvrer l'instauration d'un gouvernement civil. [...]
[...] Locke va donc partir comme Hobbes, de l'état de nature et du contrat originel, mais il en donne une vision nouvelle, l'état de nature est pour lui un état où les hommes sont bien. Mais si l'état de nature n'est pas l'enfer de Hobbes, si tant de gentillesse et de bienveillance y règnent, pourquoi est-ce que les hommes, jouissant de tant d'avantages, s'en sont volontairement dépouillés ? En quoi le passage à l'état civil est-il nécessaire ? Nous verrons dans un premier temps quelles sont les caractéristiques pour Locke de l'état de nature pour ensuite comprendre les raisons du passage à l'état civil (II). [...]
[...] En effet, chacun dans l'état de nature est juge et bourreau de sa propre cause : chacun, égal de l'autre, est en quelque sorte roi ; il peut être tenté d'observer eu exactement l'équité, d'être partial à son profit, de punir avec passion et vengeance : autant de graves menaces pour le maintien de la liberté, de l'égalité naturelle II- Les insuffisances de l'état de nature nécessitent le passage à la société civile L'état de nature n'est donc pour lui ni parfait comme pour Rousseau, ni féroce comme pour Hobbes. Cet état de nature où sont absents tout pouvoir de contrainte et toutes lois fixes, est toutefois, selon Locke, moins un état de guerre au sens où l'entend Hobbes, qu'un état imparfait, à la faiblesse duquel doit œuvrer l'instauration d'un gouvernement civil. L'état de nature est donc une situation perfectible. [...]
[...] Ainsi, si le pouvoir porte atteinte aux droits naturels, notamment à la liberté et à la propriété, Locke reconnaît aux gouvernés le droit de s'insurger. Parce que la loi naturelle est une loi non écrite, qui ne peut se trouver que dans l'esprit des hommes, s'il n'y a pas de juge constitué, il n'est pas aussi facile de convaincre de leur tort ceux qui, par passion ou par intérêt, l'invoquent à faux ou l'appliquent à mal Les droits naturels subsistent dans l'état de société. [...]
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