Le 4 Septembre 1958, place de la République à Paris, le général de Gaulle s'adresse à la France. Les troubles en Algérie, déclenchés notamment par l'insurrection du 1er Novembre 1954, ainsi qu'une instabilité ministérielle chronique ont amené la Quatrième République dans une crise grave. Le Président René Coty dut alors faire appel à Charles de Gaulle, le « plus illustre des Français », père de la résistance à l'Occupation allemande pendant la seconde guerre mondiale, pour présider le Conseil le 29 Mai 1958. Le gouvernement De Gaulle est alors investi entre autres des pouvoirs constituants pour réformer les institutions du pays. Une nouvelle Constitution est rédigée pendant l'été 1958, qui doit être soumise au référendum le 28 septembre, et c'est pour défendre celle-ci que le Général s'exprime devant la nation ce 4 Septembre. Il tente de persuader le peuple français que cette constitution est non seulement indispensable pour résoudre la crise qui se déroule, mais aussi pour la démocratie française et la République
C'est donc convaincu qu'il est nécessaire de changer profondément le régime en vigueur – d'une part car l'Histoire nous a montré que les régimes non adaptés à leur contexte ont périclité, d'autre par car il semble manifeste qu'un changement institutionnel est nécessaire pour préserver la République avant qu'elle ne s'effondre – que le général de Gaulle propose cette Constitution, dont les institutions doivent être le plus efficaces possibles et qui doit être en mesure de relever les défis de l'avenir.
[...] Il rappelle d'ailleurs habilement que c'est lui, presque seul à Londres, qui a entamé la Résistance contre le régime de Vichy, qui attentait aux libertés fondamentales, et l'occupation allemande. Il veut donc encore une fois assurer aux Français qu'il serait naïf de l'accuser, à 67 ans, de vouloir commencer une carrière de dictateur. Le nouveau régime devra avoir des institutions efficaces en rupture avec la Quatrième République : en effet, De Gaulle propose un projet de Constitution d'une 5e République, mais dire qu'il est nécessaire de changer les institutions et de voter OUI à la Constitution n'est pas suffisant. [...]
[...] La Cinquième République aura donc des institutions efficaces, qui lui permettront de relever les défis contemporains et de l'avenir. Elles pourront notamment contribuer à résoudre l'épineux dossier de la décolonisation. La crise en Algérie est l'une des principales raisons du nouvel accès de de Gaulle au pouvoir, et montre l'exigence pour les peuples colonisés d'une adaptation au monde contemporain des rapports entre la France et son Empire. De Gaulle, avec la V République, propose l'instauration d'une Communauté française entre la métropole et les territoires d'outre-mer, en insistant sur l'importance de l'autodétermination des peuples. [...]
[...] Les institutions de la 4e République ne satisfont pas aux impératifs contemporains. Il est indéniable qu'elles ne suffisent plus. En parlant de leur mise en place, Charles de Gaulle dit : tout fut livré et confondu à la discrétion des partis Il s'agit là d'une critique assez explicite du système des partis, et même d'une dénonciation appuyée de l'omnipotence de ceux-ci sous la Quatrième République : le gouvernement ne peut plus gouverner, il peut se faire renverser à tout moment suite à un changement d'alliances dans les partis. [...]
[...] Il en fut de même pour la 2de République. Ce que De Gaulle veut exprimer, dans ce rappel de l'histoire de la République, c'est qu'il existe des moments où le régime doit changer de lui- même, presque spontanément, avant qu'une vague révolutionnaire où une crise ne le submerge : il ramène les Français devant leur passé (les Révolutions de la défaite de Sedan et celle 1940). Il veut montrer que la France est arrivée à un de ces moments, à un point crucial de son Histoire au même titre que ces bouleversements passés. [...]
[...] Il lui faut dès lors présenter son projet pour les institutions françaises. Il explique le rôle prépondérant qu'aura le Président de la République : il dirigera la Nation, sera élu par un collège de grands électeurs disposant d'un mandat du peuple. Son rôle sera d'assurer la continuité des institutions, il devra servir d'arbitre suprême et, pour cela, aura de nombreuses prérogatives, dont celle d'user du référendum, ce qui entre en rupture totale avec la tradition républicaine française depuis le coup d'Etat de Louis-Napoléon Bonaparte. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture