"Vous savez, le Parlement, c'est un club. Il faut veiller à parler à tout le monde (ou presque)" François Mitterrand
Le débat du 24 avril 1964 s'inscrit dans une certaine continuité de débats lancés par l'opposition sur la nature de la Ve République et notamment par le député de la Nièvre, François Mitterrand. Il s'agit d'une allocution dans le cadre des questions orales au gouvernement. Les protagonistes sont Georges Pompidou, premier ministre du Président de Gaulle depuis 1962 (il remplace Miche Debré) et François Mitterrand, député de l'opposition et membre du groupe parlementaire « Rassemblement démocratique ou La Gauche démocratique». Mitterrand est un farouche opposant au Général de Gaulle (qu'il compare à Napoléon dans son essai Le coup d'état permanent qui paraîtra la même année) ; les questions qu'il pose au premier ministre ont avant tout un but de critiquer le régime en mettant en avant ses faiblesses et ses « particularités » par rapport aux autres régimes parlementaires (prérogatives « trop importantes du président de la République »).
[...] Mitterrand dénonce alors avec beaucoup d'adresse (discours visiblement bien préparé et bien construit) les violations (distorsions par l'interprétation) de la Constitution et notamment l'élargissement du secteur réservé au président de la République (défense et politique étrangère) au détriment du premier ministre et du gouvernement. (Ici notamment en matière de Défense). Son objectif est de présenter le Président comme un despote qui s'est créé un régime sur mesure Ainsi afin d'étudier le débat proposé nous allons tenter de répondre aux questions suivantes : Que cherche à dénoncer François Mitterrand ? Existe-t-il des distorsions de la Constitution (dont parle le député Mitterrand) et quelle est leur portée ? [...]
[...] Pierre Viansson Ponté, directeur du journal Le Monde dira plus tard que François Mitterrand a atteint le sommet de sa carrière politique ce 24 avril 1964. Dans ce discours parfaitement structuré révélant sa formation littéraire classique et enrichi de quelques envolées typiquement parlementaires François Mitterrand soulève un sujet très important pour toute l'histoire de la Vème République celle des prérogatives du Président de la République et de la répartition des pouvoirs au sein de l'exécutif. Il met en avant le fait que si le premier ministre refuse pour quelle raison que ce soit à prendre entièrement ses responsabilités et à se servir de ses prérogatives, c'est le président qui en profiterait pour gouverner à sa guise Cela remettrait en cause non seulement l'équilibre du régime parlementaire français, mais aussi, et surtout le caractère démocratique et républicain du régime. [...]
[...] En avril 1964 François Mitterrand est en plein dans la rédaction de son essai Coup d'état permanent qui paraîtra quelques mois plus tard. Son discours, sans pourtant être exagérément polémique vise à démontrer le fait que le Président de Gaulle en usant de sa popularité et de son image d'homme fort ayant sauvé à plusieurs reprises la France c'est moi ou le chaos s'applique à tordre l'interprétation de la Constitution afin d'assurer son régime de pouvoir personnel L'argumentation de Mitterrand repose sur des exemples concrets et sur la comparaison entre les Constitutions de la IVe et de la Vème Républiques. [...]
[...] Discours François Mitterrand du 24 avril 1964 "Vous savez, le Parlement, c'est un club. Il faut veiller à parler à tout le monde (ou presque)" François Mitterrand Le débat du 24 avril 1964 s'inscrit dans une certaine continuité de débats lancés par l'opposition sur la nature de la Ve République et notamment par le député de la Nièvre, François Mitterrand. Il s'agit d'une allocution dans le cadre des questions orales au gouvernement. Les protagonistes sont Georges Pompidou, premier ministre du Président de Gaulle depuis 1962 (il remplace Miche Debré) et François Mitterrand, député de l'opposition et membre du groupe parlementaire Rassemblement démocratique ou La Gauche démocratique Mitterrand est un farouche opposant au Général de Gaulle (qu'il compare à Napoléon dans son essai Le coup d'état permanent qui paraîtra la même année) ; les questions qu'il pose au premier ministre ont avant tout un but de critiquer le régime en mettant en avant ses faiblesses et ses particularités par rapport aux autres régimes parlementaires (prérogatives trop importantes du président de la République Le contexte historique joue un rôle important dans la compréhension du discours : la Ve République existe depuis six ans et la plupart des contemporains qui croyaient en 1958 que de Gaulle proposait après sa sortie du désert une nouvelle république purement Parlementaire se rendent compte de leur naïveté. [...]
[...] Il souhaite une définition uniforme et immuable faite par le gouvernement afin d'éviter que le président profitant du flou dans la définition du régime parvienne à instaurer une sorte de monarchie républicaine Par conséquent la solution que Mitterrand propose semble simple, si de Gaulle souhaite être président dans un régime présidentiel il peut recourir à l'article 89 de la Constitution pour fonder ce régime présidentiel honnête et authentique Si en revanche il ne souhaite pas faire ainsi alors, il doit rendre au premier ministre ce qui est au premier ministre c'est-à-dire qui'il doit renoncer à tout domaine suprême réservé et respecter la Constitution à la lettre c'est-à-dire comme le dit si bien Mitterrand être le garant de l'indépendance nationale avec seulement des pouvoirs nominaux (d'après article 5 de la Constitution) Pour conclure, nous pouvons rappeler que Pompidou après ce débat qualifiera M. Mitterrand de "type d'homme de la Quatrième République que les Français ne veulent pas revoir". [...]
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