Alexis de Tocqueville est issu d'une famille noble qui a évité l'extermination lors de la Révolution française. Mais il n'est pas rancunier à l'égard de cet évènement historique, qu'il considère au contraire comme un évènement fondateur, et bénéfique. En 1831, il choisit de se faire envoyer en Amérique pour étudier l'épineuse question du système carcéral américain. Il publiera en 1832 avec son compagnon de voyage, de Beaumont, un rapport sur cette question, intitulé Du système pénitentiaire aux États-Unis et de son application en France. Ce rapport avait alors été commandé par le gouvernement français, alors que Tocqueville siégeait au tribunal de Versailles. C'est notamment parce qu'il ne voulait pas servir le gouvernement et la monarchie de Juillet d'alors qu'il décide de partir. Très vite, l'objet principal de son voyage, qui durera neuf mois, devient une analyse de la société américaine. De par sa qualité de publiciste, historien et penseur, le descendant de la famille de Malesherbes va apporter un éclairage plus qu'intéressant sur les différentes dimensions de la société américaine. L'ouvrage qu'il va écrire au cours de ce voyage s'intitule De la Démocratie en Amérique. Le premier tome paraîtra en 1835, et le deuxième en 1840.
[...] C'est la loi des lois soutenue par l'évolution des lois de succession. L'importance de la modification du cens et sa tendance d'alors à l'universalisation sont considérées ici comme un prolongement de cette prééminence. Commentaire : Il me semble, que ne serait-ce que dans ces quatre chapitres, on retrouve les idées principales pour lesquelles Alexis de Tocqueville est connu. L'importance des lois de succession est une idée déterminante pour expliquer la mort lente de l'aristocratie, c'est pourquoi cette idée est récurrente tout du long du livre. [...]
[...] Cette dimension d'analyse des causes de la mise en place du système politique américain est à mon sens d'autant plus intéressante qu'elle est portée par un style accessible. Dans le premier chapitre du premier tome de de la Démocratie en Amérique, Alexis de Tocqueville s'attache à planter le décor de l'étude qu'il va mener. Il divise l'Amérique en deux parties, ce qui se révèle utile par la suite pour expliquer les différences politiques et juridiques entre les différents comtés américains. [...]
[...] Mais pour lui, la terre appartient à ceux qui pratiquent l'agriculture. C'est selon lui pour cette raison que les colons britanniques avaient gagné cette terre contre les Indiens. Il souligne également les différences entre l'Indien qui apprenait toute grâce à la nature, indien qu'il oppose à l'américain qui a vécu dans une société policée en notant l'absence évidente d'aristocratie indienne, ce qu'il prend comme explication de la pureté des Indiens. Ces Indiens auraient été précédés par un peuple plus civilisé, dont Tocqueville défend l'existence du fait de la présence sur ce territoire de sépultures. [...]
[...] Quand bien même au Sud une aristocratie essaierait de s'établir, c'est impossible du fait de l'inexistence de privilèges. De plus, le changement de loi sur les successions empêche l'établissement d'une domination par la terre, du fait de la fragmentation successive des terres. Il est souligné que l'Amérique est un pays où l'égalité est arrivée à un état jamais connu, notamment dans son Ouest, ce qui se résume dans la phrase : aussi peu d'ignorants et moins de savants qu'en Amérique Tocqueville souligne également le caractère inévitable de l'égalisation des conditions par la politique, et le fait que les circonstances ont permis aux Américains d'échapper au pouvoir absolutiste. [...]
[...] Et en effet, on observe dans l'exemple de la Révolution française la volonté des autorités de créer une religion républicaine, notamment pour assurer la pérennité des acquis révolutionnaires. La religion est considérée par l'auteur comme un moyen nécessaire à l'établissement d'une démocratie. Enfin, un autre aspect qui me paraît fondamental est celui de l'égalisation des conditions, thème majeur de cet ouvrage, dont les bases sont posées dans ces quatre chapitres : l'auteur explique pour quelles raisons cette égalisation est possible aux Etats-Unis, mais aussi, et pourquoi elle est inévitable partout. [...]
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