Paul Krugman, économiste d'inspiration libérale et néo-keynésienne, prix Nobel 2008, et éditorialiste au New York Times, s'est fait connaître en tant que spécialiste d'économie internationale. C'est aussi un critique intransigeant de l'administration Bush et un ardent défenseur d'une économie de la justice sociale. C'est en janvier 1999, en pleine crise asiatique, qu'il entreprend la rédaction de « The return of depression economics », paru en français sous le titre de « Pourquoi les crises reviennent toujours ». C'est donc un ouvrage profondément lié à la conjoncture économique de la fin du 20ème siècle. Mais également à celle de la première décennie du 21ème siècle, puisqu'il a publié une nouvelle édition de son ouvrage mis à jour en 2009. Il prolonge ainsi son analyse en intégrant les données de la dernière crise financière mondiale, et, semblant d'abord se poser en visionnaire, il annonce dès les premières pages : « j'avais raison d'être inquiet ». Il conçoit d'abord son livre comme un « traité analytique » centré surtout sur la crise asiatique, « sorte de répétition générale de la crise mondiale en cours », mais évoque au passage l'ensemble des crises économiques des pays émergents. Krugman entend nous expliquer comment ces crises successives, ayant souvent les mêmes causes et les mêmes effets, se sont produites et pourquoi les gouvernements et les hautes autorités mondiales ne sont pas parvenus à les anticiper et à y remédier, alors qu'ils étaient en mesure de les stopper.
[...] Ou reformer les instances déjà en place ? S'il évoque une nécessaire reforme du système financier international, il ne précise pas quelles institutions méritent d'être reformées (de quelles reformes s'agit-il et comment les mettre en œuvre?) ou même crées (qui doit avoir l'initiative ? Quel nouveau rôle lui assigner Ainsi, on s'étonnera par exemple qu'il n'évoque pas la possible mise en place d'un Taxe Tobin pour réguler les flux monétaires mondiaux. De plus, soulignant le rôle de la libéralisation monétaire et financière dans ces crises économiques mondiales, il préconise une limitation des flux internationaux de capitaux à long terme, sans se soucier des problèmes de mise en œuvre d'une telle orientation, qui reviendrait à tenter de limiter le phénomène de globalisation financière déjà en place. [...]
[...] Pour expliquer le cercle vicieux qui conduit à de telles crises financières, Krugman utilise un schéma simple, dans lequel la notion de confiance joue un rôle essentiel. C'est en intégrant ce concept psychologique qu'il tente d'apporter une solution à la question des répercussions disproportionnées. Le risque moral (toute situation dans laquelle une personne prend une décision au niveau du risque à courir tandis que quelqu'un d'autre en supporte le cout) est un principe qui se trouve au cœur des épisodes de crises financières. [...]
[...] Après avoir fait le constat de l'inefficacité des politiques économiques menées, que propose-t-il alors pour en sortir ? Les bonnes leçons à tirer : comment sortir de la dépression de l'économie actuelle et remédier à la récurrence des crises ? Il fait tout d'abord le constat d'un glissement, au cours des dernières décennies, du centre d'intérêt de la pensée économique de la demande vers l'offre. Or, selon lui, il faut d'abord revenir à cette bonne vieille macroéconomie de la demande Ainsi, Krugman juge que l'objectif principal doit consister à desserrer le crédit par tous les moyens possible, sans se laisser ligoter par des liens idéologiques Il préconise des mesures d'inspiration keynésienne comme l'emploi d'une stimulation fiscale keynésienne suffisante (celle de 2008 est jugée trop faible), qui devrait soutenir et étendre les dépenses de l'Etat, et affirme que Keynes est aujourd'hui, plus que jamais, à l'ordre du jour Ensuite, il propose de réformer en profondeur le système financier mondial afin de remédier à la récurrence des crises. [...]
[...] Le principal modèle explicatif simplifié qu'il utilise dans cet ouvrage est le fonctionnement d'une coopérative de baby-sitting, représentant une économie en miniature Développement du modèle explicatif d'une récession par une raréfaction de la monnaie d'échange : La coopérative du Capital Hill était une association, qui dans les années 70, était constituée de jeunes couples qui souhaitaient prendre en charge mutuellement la garde de leurs enfants. Cette coopérative de baby-sitting émettait ses propres titres ou coupons, qui donnaient le droit aux couples qui en possédaient de faire garder leurs enfants par un autre couple (il le payait alors en coupon, en fonction des heures de garde et du nombre d'enfants). Ce système voulait que chaque couple fournisse au final autant de coupons qu'il en aurait lui-même utilisé. [...]
[...] Les couples veulent tellement accumuler des coupons pendant l'hiver, en prévision de leurs besoins d'été, et même un taux d'intérêt nul ne change rien à leur stratégie de consommation. Ainsi, même avec l'intervention monétaire de la coopérative, l'association entrera en récession. C'est ainsi que l'auteur nous explique le phénomène de trappe à liquidité Ainsi, avec un seul modèle ultra-simplifié, Krugman nous explique très rapidement ce qu'est une récession et une trappe à liquidité sans employer aucun terme technique. Cependant, si la parabole utilisée est éclairante, elle montre vite ses limites du fait de la simplicité des échanges envisagés et de la taille très réduite de la sphère économique étudiée. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture