"Le coup d'Etat permanent", de François Mitterrand

Résumé du document

Ce document est un extrait du pamphlet de François Mitterand, il est publié par l'éditeur Plon en 1964 pendant la présidence de Charles de Gaulle.
François Mitterrand né en 1916 était un homme d'État français, 4e président de la Ve République et 21e président de la République française du 21 mai 1981 au 17 mai 1995.
Elu député en 1946, François Mitterrand est plusieurs fois ministre sous la IVe République, notamment dans le Cabinet de Pierre Mendès France (1954-1955). Il se montre très favorable à l'autonomie des colonies et opposé à la politique de répression. En 1958, avec la Ve République, il perd son mandat de député mais se fait élire sénateur, et commence vraiment à s'opposer au général de Gaulle.

Entre l'attaque du polémiste et la réponse indirecte de De Gaulle dans ses Mémoires d'espoir s'écoulent 5 ans, durant lesquels le débat se cristallise autour de la présidentialisation du régime. Là où de Gaulle va, « pour servir la puissance renaissante de la France, personnifier cette grande ambition nationale », Mitterrand dénonce un absolutisme rampant qui s'insinue dans le pouvoir français sous l'impulsion d'un dictateur.
Il convient ainsi de s'interroger sur la manière dont Mitterrand décrit la prise du pouvoir gaullien.

Extraits

[...] L'arrivée au pouvoir de De Gaulle grâce à un coup d'État constitue la base de l'œuvre de Mitterrand. En argumentant sur la thèse du coup d'État, il lance de nombreuses critiques, bien souvent en rapport avec la prise de pouvoir ou concernant certaines expériences passées; ligne l'homme du 18 juin 1940 L'Appel du 18 juin 1940 est le premier discours prononcé par le général de Gaulle à la radio de Londres, sur les ondes de la BBC. Ce discours, très peu entendu sur le moment, mais publié dans la presse française le lendemain est considéré comme le texte fondateur de la Résistance française, dont il demeure le symbole. [...]

[...] Le coup d'Etat du 13 mai 1958 Ce coup d'État fait rejaillir une certaine haine envers De Gaulle et les gaullistes de la part de Mitterrand. D'ailleurs, ce dernier n'hésitera pas à le critiquer de manière péjorative, il le voit ainsi comme la preuve faite de l'impuissance de la IVe République, l.14 Selon Mitterrand, c'est un véritable coup d'État dont de Gaulle a profité qui s'est d'ailleurs établi entre lui et les républicains Entre De Gaulle et les républicains, il y a d'abord, il y aura toujours le coup d'Etat l. [...]

[...] Ainsi, le coup d'État permanent par De Gaulle suppose d'étudier la manière dont il exerce le pouvoir. B. L'exercice du pouvoir par De Gaulle Selon Mitterrand, de Gaulle use d'une technique habituelle bien précise pour s'approprier le pouvoir fidèle à sa méthode qui consiste à tâter, à sonder le terrain avant de l'occuper l 26) et les raisons de sa prise de pouvoir sont justifiées De Gaulle occupe le pouvoir, car il l'a ardemment désiré, patiemment approché, habilement investi, audacieusement saisi l et 6). [...]

[...] Il estime qu'il a détourné la gloire au lendemain de 1945, pour en faire de mauvais usages sous la Ve république ( ligne 9 : il tire un bénéfice illicite de sa gloire À savoir, la Constitution que de Gaulle élaborera lui permettra de se voir doter un instrument de plus au service d'un pouvoir absolu. En biaisant la Constitution, en la bafouant, en l'interprétant à son avantage, de Gaulle opère un coup d'Etat constitutionnel qui constitue un second rouage à son coup d'Etat permanent d'où le fait que Mitterand précise que l'épisode du 13 mai au 3 juin est un premier coup d'état permanent. Certains historiens tels que Michel Winock mettent en avant la nécessité d'un changement de régime. [...]

[...] L'État c'est lui Trop souvent excessif, mais bien souvent juste, cet essai nous ouvre les yeux quant à la vraie nature du gaullisme. Il stigmatise donc la nature originale du pouvoir de De Gaulle : il s'agit avant tout d'un césarisme. Le gaullisme a façonné la Ve République qui n'a pas réellement changé avec le départ de De Gaulle. Même Mitterrand lui-même arrivé au pouvoir en 1981 sera pris dans ce système et reprendra des pratiques qu'il avait tant critiquées. [...]