Dans l'actualité récente, on peut se demander ce qui peut bien rapprocher des évènements comme l'opposition entre Hugo CHAVEZ et Georges W. BUSH, la grève des conducteurs de la RTM à Marseille, la rébellion armée en Côte d'Ivoire contre le pouvoir en place, les émeutes dans les banlieues françaises ou encore le divorce d'un couple. Un point commun se dessine pour chacun des cas cités : il s'agit de conflits.
Un des penseurs essentiel qui ait étudié cette notion de manière sociologique s'appelle Georg SIMMEL (1858-1918). L'oeuvre de ce philosophe et sociologue allemand, influencée en particulier par KANT et RODIN , est multiforme et difficilement rangeable. Il est considéré comme un sociologue de la marge. Cela s'explique par trois faits. Tout d'abord, c'est un vagabond académique, il n'occupera pas de chaire avant 1914, à Strasbourg, c'est-à-dire à la fin de sa vie. Ensuite ses études portent essentiellement sur des objets secondaires pour les sociologues tels que la mode, les sociétés secrètes, les pauvres, la femme, les arts ou encore le conflit. Ces thèmes, centrés sur la modernité avant tout, sont, pour la plupart d'entre eux, abordés dans l'ouvrage Sociologie, étude sur les formes de socialisation, paru en 1909. Enfin, ses études ne seront reconnues par la communauté savante que tardivement , notamment ce qui touche les apports positifs du conflit puisque tabou.
Ce sociologue allemand pense de manière positive les conflits car ceux-ci seraient un « facteur qui concourt à la formation d'associations ... au sein d'une collectivité » alors que ces deux notions ont une valeur antonyme. En effet, l'association peut être définie comme le lien unissant deux ou plusieurs individus voire groupes, dans un but non lucratif, et qui ainsi assure une certaine cohésion sociale et de la socialisation. À son opposé, le conflit peut être vu comme « le signe d'une opposition et d'une dissension qui peuvent prendre les formes atténuées d'une simple dissidence ou les formes violentes du combat et de la lutte » , ce qui confèrerait une valeur négative au conflit, qui aurait alors tendance à détruire la cohésion sociale. Or, rappelons-le, SIMMEL pense le contraire.
Toute la problématique va donc reposer sur la détermination de l'influence qu'exerce le conflit sur l'association, et par extension sur la cohésion sociale et la socialisation, ainsi que la réciprocité de cette attraction, notamment à travers l'approche particulière qu'en donne Georg SIMMEL.
Dans cette optique, nous nous appliquerons dans un premier temps à souligner la singularité de Simmel sur la définition du conflit (I) avant de voir comment la notion de conflit a une valeur positive pour ledit sociologue (II). Par la suite, il s'agira d'établir la manière dont les acteurs, les groupes sociaux, joue le conflit (III) avant enfin dans une dernière partie, d'étendre nos investigations sur le champ des relations internationales (IV).
[...] Simmel conçoit la vie sociale, les interactions entre individus, sous forme de cercles Il apparente ces anciennes sociétés à des cercles fermés puisque repliées sur elles-mêmes. L'hostilité interne à ces cercles signifie la rupture des relations, le repliement sur soi et le refus de tout contact. Pour l'auteur, les groupes constituant le cercle interne cohabitent avec indifférence en temps de paix, et deviennent actifs et importants les uns pour les autres en temps de guerre[22]. L'état de paix permet aux éléments antagonistes de vivre entre eux au sein de la société, en évitant toute confrontation ou discorde car chacun est libre de suivre ses convictions[23]. [...]
[...] Elle est parfois forcée et demeure risquée puisque dépendante des bonnes intentions de l'Etat en position de force (ex : La coalition de la guerre en Irak autour des Etats- Unis). Une autre forme d'alliance peut être identifiée sous la forme du balancing qui est un alignement d'Etats contre l'Etat menaçant, et non pas le plus fort. L'opposition des forces alliées aux forces de l'Axe pendant la Deuxième Guerre Mondiale est un bon exemple de ce comportement : une fois l'entrée en guerre de l'URSS et des Etats-Unis aux côtés du Royaume-Uni, l'alliance avait un potentiel total plus important que les forces de l'Axe. [...]
[...] Le conflit va permettre à la société de s'actualiser et d'éviter ainsi de s'idéaliser (comme une thérapie de couple). Toutefois, si le conflit permet l'unité a posteriori, l'unité au sein même du conflit est aussi possible. En se structurant, les différentes parties pourront arriver à dialoguer plus facilement, en évitant les comportements individualistes. Ainsi, même dans un conflit prolongé où chaque camp va camper le plus possible sur ses positions, le fait que chaque camp soit structuré va favoriser la compréhension. [...]
[...] Selon la définition de la sociologie selon SIMMEL le marxisme n'est pas une sociologie[6]. Pourtant cette théorie estime que le conflit est le moteur de l'Histoire. MARX reconnaît néanmoins au conflit une vertu socialisante. En effet, le conflit permet d'obtenir une conscience de classe qui permet la remise en cause de l'ordre social établit. Mais de l'aveu même de MARX son manifeste est une théorie qui apporte les armes de la critique [mais] ne remplaceront pas la critique par les armes[7]» Une vision dépassée par Simmel SIMMEL dans son ouvrage Sociologie montre sa posture épistémologique qui peut lui donner son statut de sociologue. [...]
[...] À travers le conflit va se manifester un phénomène d'intégration sociale. Les acteurs qui y prennent part vont ainsi s'associer et voir leurs liens se renforcer dans la recherche d'un même but. Des individus que rien n'unis sont amenés à se rassembler. Par exemple, une grève pourra être vue par les instances dirigeantes comme une menace pour l'ordre établi, ou au contraire comme une forte demande d'assimilation, confortant donc le système. Mais si le conflit crée une unité au sein des parties, il va aussi créer une unité entre les différentes parties. [...]
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