Marcel David, professeur émérite à Paris I et fondateur de l'institut des sciences sociales du travail publie l'œuvre : Le Printemps de la fraternité : genèse et vicissitudes, 1830 – 1851en 1992. C'est un auteur habitué à traiter des questions d'histoire des idées et tout particulièrement de la fraternité : Maurice Agulhon en va jusqu'à le qualifier d' « historien de la fraternité » dans la préface de l'œuvre, en saluant son érudition dans ce domaine.
A travers le chapitre I de la deuxième partie, intitulé : La fraternité officialisée, l'auteur tente de montrer en quoi le printemps des peuples de 1848 remet en place les principes essentiels de 1789 et 1793 (unité de la République, suffrage universel, abolition de l'esclavage et droits sociaux) mais rejette les événements de la Terreur ; les transformations de la société peuvent à présent se faire de manière pacifique et l'espoir que les classes n'auront plus à s'affronter persiste pour la majorité des citoyens. Celui-ci se justifie par la fascination du gouvernement provisoire pour le principe de fraternité, grâce à lui, tout semble devenir possible. Il devient alors l'argument politique principal tout au long de la campagne des élections, dans le but d'inciter les citoyens à voter républicain pour défendre la victoire que représente 1848 pour la nouvelle République française.
[...] Il est convaincu de l'esprit d'union et de fraternité présent chez tous et au-delà des distinctions sociales pendant cette journée du 20 avril. On parle alors d' euphorie unanimiste qui perdure dans les semaines suivantes avec la plantation des arbres de la liberté. Mais ces manifestations célébrant la République sur un ton folklorique, sont appuyées par le soutien des prêtres catholiques. La dimension religieuse de ces fêtes est mise en avant, à la manière de Buchez (théoricien de la fraternité incluant l'importance du religieux en son cadre) : la triade républicaine est présentée comme l'émanation de l'Evangile de Dieu La fête nationale du 20 avril 1848 s'apparente à celles de 1789 et 1799 dans une certaine mesure. [...]
[...] Cependant, les témoignages rapportent à une fréquence très importante, la dimension fraternelle de cet événement. Il semble donc lier les deux visions qui s'opposent. Même si le caractère militaire de cette fête garde une place primordiale, la soumission de la violence des guerres passées et des insurrections au symbole de la fraternité se distingue par l'atmosphère républicaine (hymnes patriotiques, représentants du gouvernement Le 22 avril, le gouvernement provisoire résume l'ambiance de cette journée : Le peuple n'avait qu'une âme et cette âme, c'était la fraternité. [...]
[...] En réponse à cela, des mesures sont prises afin d'assurer la sécurité dans l'indépendance des opinions. Ainsi, les débuts du gouvernement provisoire à la suite de la période révolutionnaire montrent clairement la volonté des dirigeants d'unir les citoyens, et ceci, à travers de nombreuses mesures, des interventions à l'intention du peuple par des figures du gouvernement (commissaires, ministres des articles dans la presse, ou tout autre moyen d'exalter ce sentiment d'union qui doit concerner tous les citoyens. Dans ce cadre là, le 23 mars, le gouvernement prend la décision que toutes les communications officielles doivent s'adresser d'emblée au Citoyen et tenir pour formule de politesse Salut et fraternité Le principe de fraternité est martelé sans cesse, à la veille des élections du 23 avril 1848 qui seront décisives pour le maintien de cette nouvelle République. [...]
[...] Conclusion : En somme, cette période décrite dans le chapitre étudié de l'œuvre de Marcel David, débute à la fin du mois de février, avec la révolution contre le roi Louis-Philippe, pour s'achever à la veille des élections à la constituante. C'est tous les événements politiques (ou aux enjeux politiques) des prémices de la seconde République qui sont exposés de manière originale, appuyés d'un nombre abondant de citations de personnes très différentes (autant les grandes figures du gouvernement que de témoins moins importants sur un plan politique). L'auteur ne manque pas de s'arrêter sur les fêtes célébrant le rétablissement futur d'une République stable. [...]
[...] III) La campagne électorale pour la stabilisation du régime La fraternité au centre de la campagne L'ouverture de la campagne est marquée par une abondance inédite de candidatures, résultat direct de l'adoption du suffrage universel, mais aussi par l'importance nouvelle accordée à l'affiche dans le cadre d'une campagne politique. Celle-ci reprend dans la quasi-totalité des cas la devise républicaine ainsi que l'union des citoyens au nom de la fraternité. Il apparaît tout de même des divergences dans l'usage même qui est fait de cet argument politique. Parfois, c'est dans un cadre moral qu'il est employé, rapidement complété par des arguments d'ordre religieux. [...]
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