L'idée de liberté est devenue le signe de ralliement de l'homme moderne. La liberté des antiques est la liberté publique de participation au gouvernement, la liberté moderne négative est -principalement- la liberté de poursuivre ses propres objectifs sans contrainte. Au XVIIIe siècle, Benjamin Constant a soutenu l'idée d'une différence fondamentale de la liberté des Anciens comparée à celle des Modernes. Mais la liberté moderne ne se limite peut-être pas à la construction de la liberté privée.
Il y a donc deux choses à considérer en politique : l'ancien état des choses et le nouvel ordre des choses, ainsi que le fait Skinner dans sa démonstration. Pour reprendre Machiavel, auquel il fait fréquemment référence, le problème politique réside dans la discontinuité entre l'ancien et le nouveau. Or, l'action politique, qui désigne très largement l'action de fonder un « ordre nouveau », doit être comprise différemment – mais de façon complémentaire– selon qu'on l'envisage du point de vue du prince ou du point de vue du peuple. Chacun en effet a une fonction précise dans l'acte historique de fonder un « ordre nouveau ».
C'est pourquoi les sociétés démocratiques sont considérées à juste titre comme des « sociétés critiques ». En reconnaissant à l'ensemble de leurs citoyens à la fois un devoir et un droit de parole, elles soumettent les objectifs collectifs à une sorte de débat permanent, introduisant en leur sein ce que Tocqueville appelait une « surabondance d'activité ».
C'est à juste titre que Dominique Rousseau a pu parler d'une « démocratie continue » pour désigner ce travail incessant que la société démocratique exerce sur elle-même afin de rendre aussi proches que possibles les idéaux dont elle se réclame et les pratiques qu'elle s'inspire.
[...] Évidemment, le rapport de force égoïsme-vertue régissant l'attitude citoyenne n'est pas aussi simple que ça, c'est pourquoi à ce schéma il est nécessaire d'introduire le concept de loi. Même dans le cas de l'Empire Romain il est dit qu'un serment était préférable pour s'assurer de la vaillance des citoyens défenseurs. Or, la loi telle que la décrit Machiavel est aussi contraignante pour nous que pour les autres ; alors, comment expliquer qu'on ne se rebelle pas contre elle ? Si l'on sort de ce cadre un peu réducteur pour l'élargir à celui de nos démocraties modernes, il semble toujours subsister que les services assurés par l'État soient rarement sujet à défection comme protestation de la part des citoyens. [...]
[...] La réponse donnée est la République, c'est-à-dire un système où le gouvernement reflète volonté peuple. On voit ici tout le lien avec le texte de Hirschman, où tout le fonctionnement des entreprises ou des organisations était conditionné non par l'offre, mais par la demande, le fonctionnement est complètement régulé par les citoyens. Cela est bien souligné dans le texte de Skinner rôle actif et efficace dans la vie publique Ainsi, deux qualités sont nécessaires : la vertu civique et l'esprit public, sans ces deux qualités on peut penser que l'individu préférera la défection à la prise de parole. [...]
[...] La transformation de l'État au cours des dernières décennies n'est pas étrangère à cette évolution ; on a constaté en effet l'influence de l'économie de marché sur la structure étatique chez des auteurs comme Polyani ou Weber, et c'est pourquoi l'analyse de Hirschman prend toute son importance dans l'interprétation de ce changement, puisque l'évolution adaptative de la société selon les rapports de force entre diverses propositions est le sujet de sa réflexion. Nous ne sommes pas loin, finalement, d'une conception constructiviste de la liberté avec l'association des textes de ces deux auteurs. [...]
[...] Chacun en effet a une fonction précise dans l'acte historique de fonder un ordre nouveau C'est pourquoi les sociétés démocratiques sont considérées à juste titre comme des sociétés critiques En reconnaissant à l'ensemble de leurs citoyens à la fois un devoir et un droit de parole, elles soumettent les objectifs collectifs à une sorte de débat permanent, introduisant en leur sein ce que Tocqueville appelait une surabondance d'activité C'est à juste titre que Dominique Rousseau a pu parler d'une démocratie continue pour désigner ce travail incessant que la société démocratique exerce sur elle-même afin de rendre aussi proches que possibles les idéaux dont elle se réclame et les pratiques qu'elle s'inspire. Q. Skinner, dans un article de la revue Rue Descartes intitulé les idéaux républicains de liberté et de citoyenneté, s'attache à montrer la nécessité d'une participation politique pour garantir les libertés individuelles, participation politique ayant sans cesse une fonction correctrice, l'aiguillon de la critique pouvant se matérialiser sous différentes formes, notamment prise de parole et défection, comme le montre A. [...]
[...] Ils sont articulés autour d'un point central qui est la liberté politique, le cœur de ce débat, et le sens qu'on lui donne selon les moments de l'histoire. Ce raisonnement nous permet ainsi de caractériser vis-à-vis des théories écartées la conception de liberté qui triomphe actuellement. * * * * * * Si la liberté est généralement définie négativement comme absence de contraintes, il est possible d'imaginer une liberté qui soit définie de manière positive Il nous faut pour cela étudier la pensée morale grecque qui se fonde sur deux prémisses. [...]
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