Il existe dans l'esprit de chacun des « membres de la famille humaine » (préambule de la DUDH du préambule de 1948) une certaine idée selon laquelle il est, comme tous ses semblables, titulaire de droits qui transcendent toutes les frontières terrestres, politiques, culturelles et religieuses. Pour autant, l'idée même du caractère universel de ce bloc de droits, qui seraient inhérents à la personne humaine elle-même, lorsqu'on se place dans une vision occidentale et onusienne, ne fait plus totalement l'unanimité au sein de la communauté internationale. Certes, pendant longtemps, et notamment depuis la proclamation de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen du 26 août 1789, les droits de l'homme ont eu une acception universelle, voire universaliste, que personne n'osait contester. Cette conception a d'ailleurs été réaffirmée par la suite avec l'adoption de la déclaration universelle des droits de l'homme du 10 décembre 1948. Mais il n'en reste pas moins que depuis les années 1970, cette conception universaliste a connu une certaine remise en cause, comme en attestent les adoptions d'un certain nombre de textes internationaux, mais à vocation plus régionale qu'internationale, et qui ont fait intervenir dans le débat la question de la pluralité des droits de l‘homme. En effet, depuis lors, il existe deux conceptions des droits de l'homme : il existe d'une part la conception classique et occidentale de l'universalité des droits de l'homme, selon laquelle le droit de l'homme forme un seul bloc, indivisible et applicable à tous les peuples ; mais il existe aussi la vision pluraliste, selon laquelle les droits de l'homme forment une pluralité, qui varient selon l'histoire, la mentalité et parfois même la religion d'une civilisation donnée.
[...] Puisque les droits de l'homme sont universels et que ce sont les Nations- Unies qui les ont proclamés (DUDH de 1948), il est donc naturel à leurs yeux que ce soient elles qui en assurent le respect et la protection La promotion et la protection de tous les droits de l'homme et de toutes les libertés fondamentales doivent être considérées comme un objectif prioritaire de l'organisation des Nations Unies En tant que créatrices de normes universelles, leur légitimité pour remplir cette tâche est acquise. Cependant, la déclaration ajoute que les Nations Unies doivent aussi agir en étroite collaboration avec toutes les instances internationales compétentes en matière de protection des droits de l'homme. En effet, elles s'engagent à satisfaire à l'objectif de coopération internationale dans un seul but: assurer la mission universelle qui lui incombe et qui consiste en une application uniforme des moyens de protection des droits de l'homme. [...]
[...] Ainsi, par exemple, pour ce qui est de la question de la démocratisation des pays en développement, si les Nations Unies considèrent que c'est le but à atteindre car il existerait une sorte de droit fondamental universel de vivre en démocratie elles reconnaissent en parallèle le droit pour tout peuple de choisir le régime politique sous lequel il va vivre Outre l'incohérence manifeste de la position des Nations Unies, on note qu'elles reconnaissent, involontairement sans doute, l'existence d'une certaine forme de pluralisme dans les droits de l'homme. D‘autre part, en posant la démocratie (occidentale et libérale) comme un préalable au respect des droits de l'homme elle considère que tous les pays doivent se démocratiser. [...]
[...] Par exemple, la déclaration universelle islamique des droits de l'homme a été adoptée en 1980. Ce texte, émergeant des pays islamiques, affirme clairement sa volonté de se démarquer de la déclaration universelle des droits de l'homme de 1948 car il fait référence à Dieu et qu'il affirme que les devoirs et les obligations des individus sont plus importants que les droits ; il existerait alors une hiérarchie entre les droits de l'homme est ses devoirs, ce qui est totalement réfuté par la déclaration de 1993. [...]
[...] C'est parce que nous sommes tous des êtres humains que les droits essentiels dont nous jouissons sont universels tous les droits de l'homme découlent de la dignité et de la valeur inhérentes à la personne humaine Cette universalité des droits attachée à la qualité d'appartenance à l'espèce humaine avait déjà été affirmée en 1948 dans la Déclaration universelle des droits de l'homme la dignité inhérente à tous les membres de la famille humaine Les Nations-Unies attachent donc une importance particulière à marteler le caractère incontestable de l'universalité des droits de l'homme le caractère universel de ses droits et libertés est incontestable L'universalité de ces droits résiderait aussi, selon la déclaration, dans le fait qu'il n'existe pas de hiérarchie entre les différents droits de l'homme, qui ne forment qu'un bloc indivisible la communauté internationale doit traiter des droits de l'homme globalement [ ] sur un pied d'égalité et en leur accordant la même importance En refusant d'admettre une hiérarchisation des droits de l'homme, les Nations-Unies accroissent encore leur caractère universel, et puisqu'elles refusent toute interprétation en fonction de la civilisation considérée, ou du moins puisqu'elle n'admet que son interprétation, c'est-à-dire que les droits de l'homme ne doivent être entendus et conçus que dans une optique occidentale La promotion et la protection des droits de l'homme devraient se faire conformément aux buts et principes de la charte des Nations Unies et au droit international elles affirment que les droits de l'homme s'appliquent à tous les êtres humains, indépendamment de leur pays de résidence et de la culture à laquelle ils appartiennent. Aussi, après avoir proclamé l'universalité, les Nations Unies se posent en garant de cette dernière. [...]
[...] Ceci pose encore la nécessité de reconnaître le pluralisme des droits de l'homme. La volonté d‘imposer une vision unique révélant un certain pluralisme des droits de l‘homme: Mais le fait que la déclaration occulte le côté pluraliste des droits de l'homme s'explique en partie par le fait que les Nations Unies sont confrontées depuis les années 1970, à une certaine remise en cause de l'universalité onusienne des droits de l'homme et à l‘émergence de conception démocratique déviantes de la pensée classique, qu'elles tiennent à tout prix à éviter. [...]
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