Commentaire, discours, Mitterrand, Baule, François Mitterand, président, France, Afrique
A l'occasion de la seizième Conférence des Chefs d'État de France et d'Afrique à La Baule le 20 juin 1990, le Président François Mitterrand prononce un discours qui va renouveler le cadre des relations franco-africaines. Jeune ministre de la France d'Outre-mer, Mitterrand avait déjà montré son intérêt pour l'Afrique. On note que sous la IVème République, il noue beaucoup de contacts humains avec les futurs dirigeants africains, dont Félix Houphouet-Boigny, si bien que le président gabonais de l'époque Omar Bongo l'avait surnommé en 1994 « Mitterrand l'Africain ». Rappelons que le chef de l'État a prononcé ce discours dans un contexte historique qu'on ne peut oublier : l'année précédente, le mur de Berlin était tombé et la fin du régime soviétique avait amené la fin de la guerre froide, ce qui va amener Jacques Pelletier à affirmer en janvier 1990 que l'Afrique ne saurait rester à l'écart du grand souffle de liberté que l'on a vu triompher à l'Est. Cette prise de position d'un membre du gouvernement français était une prémisse du discours de la Baule et annonçait déjà une évolution dans la politique de coopération de la France avec les pays africains francophones. Avec ce discours, François Mitterrand a fait franchir à l'Afrique noire une étape significative de son évolution politique.
On pourra alors se demander en quoi le discours de la Baule constitue une rupture en faveur de la démocratisation et de la légitimation des droits de l'homme et des peuples dans les Etats d'Afrique.
[...] Cette dénonciation que fait Mitterrand du traitement des droits de l'homme en Afrique va être régulièrement faite à certains pays tels que le Gabon, la Côte d'Ivoire, le Tchad, lorsqu'une ethnie va confisquer le pouvoir comme se fut le cas au Burundi et au Rwanda, ou dans l'utilisation de la peine de mort. On peut noter que cette dénonciation vient appuyer l'action que n'ont cessé de mener certaines ONG, dont le rôle actif et influent est affirmé par Mitterrand dans le discours. [...]
[...] Un discours cependant contradictoire encourageant implicitement à suivre la voie démocratique dans la construction des nouveaux Etats africains A. Une incitation à suivre l'exemple de la France, dans la construction de régimes démocratiques sur le modèle occidental Après avoir rappelé dans son discours qu'il considérait le développement comme " un élément indissociable des progrès de la démocratie Lorsque je dis démocratie, lorsque je trace un chemin, lorsque je dis que c'est la seule façon de parvenir à un état d'équilibre au moment où apparaît la nécessité d'une plus grande liberté . [...]
[...] 100-101 Les conceptions de Mitterrand sont imprégnées par l'Histoire de la fin du XIXème et du débat du XXème siècle. Très favorable au droit des peuples à disposer d'eux mêmes en Afrique, il se montre très réservé à l'égard de la mise en œuvre de ce principe dans l'Europe de l'après-guerre froide, parce qu'il risquerait de remettre en question l'ordre européen auquel il est profondément attaché. Partage de la politique étrangère en "trois zones d'influence": l'Afrique et le Proche orient, les relations économiques et financières extérieures renvoient à la sphère à prédominance gouvernementale Le grand nombre d'interventions extérieures décidées par F. [...]
[...] Mitterrand insiste sur l'auto-gérance des affaires intérieures des nouveaux Etats africains La France n'entend pas intervenir dans les affaires intérieures des Etats africains amis (l.1à B. La présence du devoir d'ingérence mais pas d'inférence dans la politique intérieure des Etats africains Mitterrand insiste sur la volonté de créer des relations d'amitié fortes, se voulant d'égal à égal. C. Le maintien d'un colonialisme dénoncé par Mitterrand Le colonialisme n'est pas mort dénonce Mitterrand. Il aurait simplement évolué d'un colonialisme des Etats à un colonialisme des affaires et des circuits parallèles (l.82-84) ex du flux de capitaux du Sud pauvre vers le Nord riche (l. [...]
[...] On parlera même de "course à la démocratie". Ce d'autant plus que parmi les responsables africains, beaucoup avaient rejeté le pluralisme quelques mois avant le sommet le XVIème sommet de la Baule. C'est notamment le cas du Gabon, du Mouvement Populaire de Centrafrique ou du président du Zaire qui avait déclaré en janvier 1990 "le multipartisme n'est pas à l'ordre du jour". Ces discours anti-démocratiques vont s'arrêter aux portes de la Baule et vont faire place après l'énonciation du discours du Président Mitterrand à une course à la rente démocratique en ce sens que le choix de la démocratie allait être récompensée par des bailleurs de fonds en général et par la France en particulier. [...]
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