Commentaire de l’article "Prolifération nucléaire : les Etats-Unis face à la filière pakistano/nord coréenne" de Christophe Jaffrelot

Résumé du document

L'extrait journalistique se concentre sur l'hypothèse de la filière pakistano coréenne de prolifération nucléaire. Celle-ci a fait l'objet de nombreux débats aux Etats-Unis puisque les méfaits pakistanais ont été dénoncés par Washington en automne 2002. De même, James Kelly, assistant secrétaire d'Etat de Colin Powell, a mis en exergue en octobre 2002, les preuves dont disposaient les américains, sur le programme nucléaire nord coréen dont la mise en œuvre ne pouvait être corrélée qu'à l'aide pakistanaise. L'auteur parle de troc version « Hight Tech ». Ainsi, notre article cible d'une part les relations coopératives entre le Pakistan et la Corée du Nord mais également la dénégation par les Etats-Unis, de la prolifération nucléaire pakistanaise.

Extraits

[...] Ceci correspond exactement à la stratégie technologique de coopération entre les pakistanais, qui fournissaient des modèles de centrifugeuses sophistiquées nécessaires à l'enrichissement de l'uranium et les coréens, avec Pyongyang, qui livraient des composantes de missiles balistiques Nodong à moyenne portée. Nous pouvons, je pense aller plus loin en reliant cette interdépendance complexe entre des Etats dépendants mutuellement l'un de l'autre, à l'option libérale de la thèse de la paix par le commerce : cette théorie met en avant une certaine globalisation c'est-à-dire une interdépendance au niveau continental (d'après Nye, Keohane). [...]

[...] L'auteur aborde donc objectivement la relation unissant le Pakistan et les Etats-Unis, une relation que nous avons choisie de qualifier de dénégation intéressée Les Etats-Unis ferment les yeux sur la stratégie proliférante pakistanaise mais leur coalition antiterroriste a pris appui sur ce pays. Cette relation est le résultat d'une perception positive du Pakistan par les Etats-Unis, conformément aux présupposés de la théorie constructiviste mais ajoutons une perception positive intéressée, non gratuite. II) Approfondissement et critique négative des idées de M. [...]

[...] Cette dernière se trouve exactement dans la situation inverse au Pakistan, puisque son programme balistique arrivait à maturité (succès du Nodong) mais celle-ci avait besoin d'une aide afin de développer sa filière nucléaire. La seconde raison se veut temporelle et concerne la parfaite concordance des timings du Pakistan et de la Corée du Nord, dans les années fin 90. Ce scénario a fait l'objet, comme l'évoque judicieusement M. Jaffrelot d'un consensus dans toutes les chancelleries du monde Si l'on reprend à présent, les premiers éléments abordés par M. [...]

[...] Ceci nous amène à nous pencher différemment sur la relation ambiguë du Pakistan avec les Etats-Unis. La relativité de la lutte antiterroriste pakistanaise : la garantie d'autorité de Moucharraf Si Mr Jaffrelot s'efforce de mettre en exergue l'intérêt américain dans sa relation avec le Pakistan, il semble tout aussi intéressant de se pencher sur les intérêts du Pakistan. La coopération contre-terroriste entre le Pakistan et les Etats-Unis a été détériorée par deux éléments : L'échec de Moucharraf à éradiquer la présence des Talibans et des terroristes Al Qaida dans les provinces tribales patchounes cumulée à la suspicion d'une aide fournie par les services de renseignement pakistanais aux anciens membres du régime taliban pro pakistanais (qui conduisent l'insurrection taliban contre le Gouvernement afghan du Président Karzai). [...]

[...] Le trafic clandestin de cet Etat a été pourtant détecté par les Etats-Unis, mais ces derniers ont préféré fermer les yeux à de multiples reprises. Plusieurs raisons sont évoquées : dans la décennie 80, Islamabad constituait un allié trop précieux contre les soviétiques en Afghanistan. Ensuite, après les évènements du 11 septembre, le Pakistan devint le partenaire essentiel des Etats-Unis dans la lutte contre Al Qaida et les Talibans. Enfin, il est clair que Abdul Qadeer Khan a disposé pendant de nombreuses années d'un statut exorbitant de droit commun ainsi qu'un budget colossal dont il ne rendait compte. [...]