Commentaire, article, "Etat, " Encyclopédie, Diderot, Alembert
Friedrich Nietzsche dans son Ainsi Parlait Zarathoustra, reprenant la vision hobbesienne du Léviathan dit de l'Etat qu'il est « le plus froids des monstres froids. » Et il ajoute: « Il ment froidement; et voici le mensonge qui s'échappe de sa bouche: "Moi l'Etat, je suis le peuple." »
Cette description de l'Etat pose immédiatement les questions de l'identité de l'Etat, de sa définition et de son rapport au peuple, qui le compose et qu'il gouverne dans un paradoxe que se propose d'étudier dans cet article de l'Encyclopédie le Chevalier de Jaucourt.
L''Etat multiple ou l'Etat unique, l'Etat pure construction de l'esprit ou réalité tangible, l'Etat solide ou fragile? Voilà quelques unes des interrogations soulevées par ce texte et qui peuvent être rassemblées sous une seule: L'Etat est-il nécessaire?
[...] Voilà la réflexion ramenée à l'épineuse question de la définition de cette personne. Quand on parle du "corps" de l'Etat, on utilise en fait le même procédé stylistique que quand on fait du pain le "corps" du Christ; quand on parle de sa "tête", on utilise le même procédé que quand on fait du vin son sang. On transforme des éléments inanimés en éléments animés. Pourtant, la solution semble être trouvée quand l'auteur aboutit à la conclusion que "l'état est une société animée par une seule âme qui en dirige tous les mouvements". [...]
[...] En prêtant allégeance au souverain par ce serment, il jure devant Dieu de servir le souverain et le Roi bénéficie donc d'un statut intouchable. Le deuxième élément qui permet de maintenir l'Etat est "l'établissement d'un pouvoir supérieur, propre à contenir les méchans par la crainte des peines qu'il peut leur infliger." L'auteur reste très allusif, il parle d'un "pouvoir supérieur" mais quel est-il? Ce pouvoir capable d'infliger des peines ne peut être que le pouvoir judiciaire, du moins dans une conception des pouvoirs séparés. [...]
[...] Il y a donc trois entités constitutives d'un Etat que sont le peuple, le souverain et les lois. Il a déjà été montré que le peuple choisit d'être gouverné au sein d'un Etat avec un souverain à sa tête. Dans la définition de Cicéron à laquelle l'auteur se réfère, l'existence de l'Etat est subordonnée à celle de "lois communes" auxquelles les hommes sont soumis "d'un commun accord". Mais de qui émanent ces lois? Il serait évident qu'elles soient produites par les hommes, car pour que ceux-ci soient d'accord pour les respecter, il faut bien qu'elles leur correspondent et surtout qu'elles répondent à leurs attentes. [...]
[...] Commentaire de l'article "Etat" de l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert Friedrich Nietzsche dans son Ainsi Parlait Zarathoustra, reprenant la vision hobbesienne du Léviathan dit de l'Etat qu'il est le plus froids des monstres froids. Et il ajoute: Il ment froidement; et voici le mensonge qui s'échappe de sa bouche: "Moi l'Etat, je suis le peuple." Cette description de l'Etat pose immédiatement les questions de l'identité de l'Etat, de sa définition et de son rapport au peuple, qui le compose et qu'il gouverne dans un paradoxe que se propose d'étudier dans cet article de l'Encyclopédie le Chevalier de Jaucourt. [...]
[...] Cette citation a le mérite de donner un corps à l'Etat, le Roi. Mais dans la perspective de ce qui vient d'être développé, le Roi ne fait qu'incarner un être sans corps pour un temps donné, tout comme un acteur prête le temps d'une représentation son corps à un personnage. Cette confusion est d'ailleurs soulignée par l'auteur de l'article quand il dit que "la définition de Cicéron [ ] est préférable à celle de Puffendorf, qui confond le souverain avec l'état." Il convient ici de noter qu'à la fin de cet article, l'auteur précise que l'on peut entendre sous le terme de souveraineté plusieurs régimes "conn[us] sous les noms de République, Démocratie, Aristocratie, Despotisme, Tyrannie, etc." Nonobstant il apparaît assez nettement que sous le terme de "souverain" se cache bien moins un démocrate, qu'un un monarque absolu pour les contemporains de l'auteur et pour l'auteur lui-même sans doute, c'est du moins l'interprétation qui sera donné au terme "souverain" tout au long de ce devoir. [...]
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