« Vous trouvez peut-être absurde la plupart de leurs arguments, fou et visionnaire leur projet pour remédier aux problèmes, soit ; mais ne vous décidez pas contre eux sans les avoir entendus ». C'est ainsi que Duncombe présenta la Charte du peuple aux députés, le lundi 2 mai 1842.
La charte du peuple, texte élaboré en 1837-1838 et lu en 1842 devant le Parlement britannique, est l'acte fondateur du mouvement chartiste, qui en tire son nom. Celui-ci réunit des démocrates séduits par les idées du radicalisme anglais et des membres du syndicalisme naissant, et s'assoit sur un large soutien populaire, principalement ouvrier.
Le Royaume-Uni du XIXe siècle est souvent présenté comme un modèle de libéralisme politique et de réussite économique, système si efficace qu'il n'a pas connu des tensions révolutionnaires telles que celles advenues sur le continent européen. Mais sous l'apparente réussite que consacre l'expression « siècle britannique », se cache au sein de la société une profonde détresse sociale et des aspirations libérales plus poussées. Les changements brutaux qu'a provoqués l'ère industrielle n'ont pas profité à tous, et nombreux sont les ouvriers qui, remplacés par des machines ou simplement exploités par des patrons profitant de l'absence totale de réglementation du travail, se sentent désabusés. C'est dans ce contexte que naît, dans les années 1830, le mouvement chartiste.
[...] La charte se veut aussi une critique des dépenses onéreuses et/ou inutiles de l'État alors que les prolétaires se battent pour survivre. La référence au revenu quotidien de Sa Majesté comparé au revenu des familles ouvrières, ou encore la dénonciation du coût d'entretien de l'armée et de la dette abyssale générée par les guerres qui ne cesse de se creuser sont autant de critiques à l'égard d'un système dépensier en ce qui concerne les guerres ou les privilèges, mais qui reste très économe en ce qui concerne la situation sociale des prolétaires du pays. [...]
[...] Pourtant, les prolétaires vivent dans des conditions déplorables, presque inhumaines : des salaires qui ne sont rien d'autre que des salaires de subsistance, des logements insalubres, des journées de travail épuisantes, où les ouvriers, hommes, femmes ou enfants peuvent travailler aisément quatorze heures. Des lois sociales sont bien votées, comme la baisse du temps de travail pour les enfants de neuf à treize ans, qui passe alors à 48 heures par semaine en 1833, mais elles ne sont pas appliquées. La création des Working Houses en 1834 durcit encore les conditions de vie et restreint l'aide aux indigents. [...]
[...] La présentation de la Charte n'eut pas, cependant, un écho extraordinaire dans le pays et ne déclencha pas de changements majeurs immédiats. Minés par leurs divisions, présentés par l'establishment et par une presse hostile comme un mouvement insurrectionnel le chartisme ne parvient pas à pousser les décideurs politiques à une refondation du système. Malgré la vague de grèves et de mouvements sociaux que les chartistes épaulent tout au long de l'année 1842, conséquence de la dépression économique ponctuelle, le chartisme, touché par une vague d'arrestations et miné par des divisions internes, ne parvient pas à ébranler le système. [...]
[...] Cette inégalité territoriale était entretenue en partie pour éviter que des nouvelles villes, nouvellement peuplées, ne votent mal c'est-à-dire pour des partis progressistes. La fin de cette injustice territoriale permettrait donc, couplé à un suffrage universel, de mieux prendre en compte les aspirations du peuple, dans sa totalité et dans la justice, et non plus selon son origine géographique ou ses capacités financières De l'inégalité financière Que l'état actuel de la représentation des citoyens donne une influence prépondérante aux intérêts terriens et capitalistes qui a pour effet la ruine complète des classes laborieuses et des petits commerçants. [...]
[...] C'est en tous cas ce que semblent montrer les propos de John Wilson en 1910. Celui-ci, député lib-lab (liberal labour, de l'union des deux partis) déclara en effet : La vision chartiste (d'une société plus équitable et démocratique) est toujours présente pour les esprits progressistes Bibliographie : Le chartisme : aux origines du mouvement ouvrier britannique (1838-1858), Malcom Chase, publications de la Sorbonne Histoire du XIXe siècle, Bernstein et Milza, Initial, Hatier Chartism, R. Brown, Cambridge, Cambridge University Press Lexique d'histoire et de civilisation britanniques, P. [...]
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