Article de Pierre Mazet : « Participation des habitants et politiques publiques délibératives : pour une approche critique de la démocratie locale »

Résumé du document

Cet article part du constat que la démocratie locale connaît des insuffisances indéniables. Depuis les années 90, on note néanmoins un certain développement de la participation, même si souvent les élus s'en servent à des fins de légitimation. Ainsi le désintérêt pour la chose publique et la faible participation sont à nuancer. La territorialisation de la gestion des problèmes sociaux implique une attention croissante de la part des élus aux revendications des habitants. Cette attention renouvelée s'explique notamment par l'augmentation de la violence et de l'insécurité des quartiers déshérités dans les années 90. Les élus locaux sont amenés à travailler avec l'Etat pour mettre en place des politiques publiques transversales (cf. la Politique de la ville ). L'idée est d'associer les habitants à l'élaboration de l'action publique par le biais de la participation, c'est-à-dire d'appeler à un renouveau de la citoyenneté.

La question qui intéresse plus particulièrement notre auteur est de savoir comment les élus locaux ont géré cet impératif de concertation.

Extraits

[...] Sur ce point, on constate une dissonance entre : l'image que les habitants d'un quartier ont d'eux-mêmes et l'image que ce quartier a de l'extérieur. Nombreux sont les habitants d'un quartier qui se disent contents d'y vivre. Et lorsqu'on leur parle de l'insécurité de leur quartier, ils s'énervent. On a là ce que Becker appelle le rejet du stigmate par le stigmatisé (Outsiders) : lorsqu'on met en évidence une différence chez une personne, cette différence la conforte dans son appartenance et la pousse à la revendiquer tout en refusant l'étiquette qui lui est accolée. [...]

[...] Pour éviter les mouvements de contestation politique et sociale, les élus doivent répondre aux facteurs qui font que les habitants des banlieues se sentent exclus de la société. La domination simple passant par un accroissement de la présence policière ne traite pas le problème. Le consentement des exclus réside dans une démarche visant à produire du respect et à reconnaître leur place dans la société. Pour Arendt, la citoyenneté émerge dans cette revendication par les individus de leur reconnaissance et de leur acceptation. Ainsi, la revendication matérielle peut être une voie possible, voire nécessaire pour que les habitants des quartiers s'impliquent en politique. [...]

[...] Elle intervient dans les quartiers sensibles en favorisant l'insertion sociale et économique des jeunes : offre de formation, d'emplois, d'animations. Le public jeune en difficulté a souvent peu de contact avec les élus. Cette association permet ainsi de les atteindre. Elle gère ce que dans La métamorphose du champ social Castel appelle les personnes désaffiliées : la municipalité touche des groupes sociaux d'ordinaire exclus de la sphère politique. Les associations apparaissent ainsi comme des relais pour anticiper les mouvements de contestation de ceux qui sont exclus. [...]

[...] Cet échec a conduit à poser les questions de la participation des habitants et de la citoyenneté sociale. Une série de mesures a donc été mise en place dans les années 90 : insertion, formation, amélioration des logements, du cadre de vie, des commerces de quartier, création d'équipements sportifs et culturels de proximité. L'efficacité de ces actions dépend directement des habitants et de leurs attentes Les limites de la démocratie de proximité Il existe plusieurs formes possibles de démocratie locale : la démocratie représentative et la démocratie directe. [...]

[...] Mobiliser autour d'équipements de quartier Une participation limitée au maintien de la paix sociale La participation des habitants reste réduite à la portion congrue. Elle ne se fait pas sur le mode d'une participation politique reposant sur la discussion du contenu même de la politique publique. Mais elle constitue une forme de traitement social de l'exclusion. L'action publique dans les banlieues s'appuie à la fois sur le savoir administratif des institutions publiques et sur le savoir pratique produit par les travailleurs sociaux. [...]