Cet article part du constat suivant : un militant politique, ici communiste, utilise un vocabulaire qui lui est propre : « extorsion de la plus-value », «exploitation », « lutte des classes », etc. Or ce vocabulaire ne s'apprend tout seul, il est l'objet d'un enseignement dans les organismes de formation du parti où celui-ci milite. Il y a donc, si l'on peut dire, une langue « communiste », une langue qui va servir de grille d'interprétation de la réalité. Au moyen de cette langue, l'institution du parti communiste a pu former des générations de militants et leur donner ainsi des cadres de pensée qui allait dans le sens de l'idéologie qu'elle défendait. Mais il ne faudrait pas déduire de cet embrigadement idéologique, une passivité des militants. Ils ont volontairement suivi ces formations et cela parce qu'ils présentaient certaines dispositions pour adhérer au parti communiste. Ce sont ces correspondances entre l'offre idéologique d'un parti et les conditions de sa réception que cet article se propose d'analyser. Ainsi il espère saisir les logiques d'idéologisation de l'engagement.
L'hypothèse de départ est qu'il n'existe pas une orthodoxie idéologique du militant qui préexisterait à son engagement, mais que celle-ci se construit tout au long de l'apprentissage institutionnel.
[...] De la dialectique entre remise de soi et estime de soi : les paradoxes de l'éducation partisane En fait, les contradictions qui ont été jusqu'ici soulevées renvoient à un problème pédagogique majeur mis en lumière par Kant : comment éduquer quelqu'un à l'autonomie, si l'éducation suppose dans un premier temps une soumission de l'élève au professeur. Durkheim s'en souviendra et dans L'éducation morale souligne que sans cette subordination que nous impose l'éducation, il n'y a aucun moyen de s'élever. L'auteur propose d'aller voir de plus prêt des carrières militantes afin de comprendre comment l'idéologie peut être incorporée par des militants. Cela se fait selon des logiques plurielles. Il faut suivre comme fil conducteur : les conditions de félicité de la scolarité communiste et ses effets sur le militant. [...]
[...] Les efforts de formation sont consentis pour s'assurer la victoire sur le capitalisme. L'emprise de l'enseignement sur les militants est d'autant plus grande qu'il se drape d'un tissu de vérité et d'un sceau scientifique. Ce statut place le militant dans une position de force et le rassure dans le fait qu'il possède la vérité. Le modèle théorique atténue les élans de doute qui assaillent les militants. Pour les mêmes raisons, il confère un sentiment de supériorité et de distinction vis-à-vis des non-communistes. [...]
[...] Son but est de donner à comprendre contre quoi la lutte doit être dirigée et de donner un sens à l'engagement politique et au militantisme. Alors qu'une école devrait selon l'article, homogénéiser les discours théoriques et les désactiver politiquement [Ndr : ce que l'école républicaine actuelle arrive très bien à faire], l'école communiste donne elle, les bonnes raisons d'agir, elle justifie l'engagement militant et se légitime en se donnant le statut de science. Tout cela sert à rassurer et à redonner confiance en soi et dans le parti. [...]
[...] Ainsi, il espère saisir les logiques d'idéologisation de l'engagement. L'hypothèse de départ est qu'il n'existe pas une orthodoxie idéologique du militant qui préexisterait à son engagement, mais que celle- ci se construit tout au long de l'apprentissage institutionnel. La méthode employée consiste à dégager à l'échelle individuelle une analyse de la socialisation scolaire communiste. Pour cela, il faut aller étudier les conditions sociales et culturelles de la réception des savoirs transmis dans les écoles. Le point de vue est le même que celui de B. [...]
[...] Commentaire de l´article de Nathalie Ethuin "De l'idéologisation de l'engagement communiste : fragment d'une enquête sur les écoles du Parti Communiste Français (PCF) (1970-1990)" De l'idéologisation de l'engagement communiste Fragments d'une enquête sur les écoles du PCF (1970-1990) Politix, volume 16, troisième trimestre 2003, p. 145-168. Article consultable en ligne : http:// /formasynd/IMG/doc/article_Politix.doc. Introduction Cet article part du constat suivant : un militant politique, ici communiste, utilise un vocabulaire qui lui est propre : extorsion de la plus-value exploitation lutte des classes etc. [...]
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